L’Observatoire de la laïcité a commandé pour la première fois un sondage afin de dresser un état des lieux de la religion en France. D’après cette institution, 37% des Français se disent croyants et 31% non-croyants ou athées. Ils sont par ailleurs 48% à se déclarer liés à la religion catholique, soit près de 20 millions de Français.Le président de l’Observatoire de la laïcité, Jean-Louis Bianco et son rapporteur général Nicolas Cadène, ont remis le 10 juillet 2019 au Premier ministre Édouard Philippe, le sixième rapport annuel de l’Observatoire de la laïcité. Ce rapport contient notamment un sondage commandé à Viavoice intitulé « Rapport personnel des Français à la religion », l’occasion de se pencher sur le sentiment religieux en France aujourd’hui, ou plutôt de faire “un état des lieux de la laïcité”, selon les termes de l’Observatoire. Dans ce sondage, on apprend qu’aujourd’hui en France, 37% des Français se déclarent croyants et 31% non croyants ou athées. Et 47% disent avoir une pratique religieuse inexistante ou nulle. Des chiffres tout à fait stables car en 2012, un autre sondage donnait 37% de croyants et 29% de non croyants (WIN/Gallup International, 2012).
Deux millions de catholiques pratiquent chaque semaine
La surprise ne réside pas là mais plutôt dans le détail des religions et du lien des Français avec elles. “Vous sentez vous liés à une religion suivante ?”, demandent les sondeurs de Viavoice aux 2.000 personnes du panel. 48% répondent être liés à la religion catholique, soit 19,9 millions de Français. Un chiffre nettement supérieur aux autres religions : 3% se sentent liés à l’islam, 3% au protestantisme, 1% au judaïsme et 2% au bouddhisme. Le catholicisme rassemble donc encore le plus grand nombre de fidèles, de pratiquants et de lieux de culte en France (39.000 églises encore en activité et 12.054 paroisses).
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Parmi les personnes “liées” au catholicisme, plus de 5,4 millions entretiennent une pratique religieuse “au moins une fois par mois” (soit 8% des Français), dont plus de 2 millions “au moins une fois par semaine” (soit 3% de la population totale). L’enseignement catholique privé sous contrat avec l’État rassemble, quant à lui, près de 17% de la population scolaire française, un chiffre en constante augmentation depuis le début des années 2000.
L’islam devant le protestantisme ?
Après le catholicisme, c’est l’islam qui, d’après cette étude, compte le plus grand nombre de fidèles et de pratiquants, soit la deuxième religion en France. Les musulmans pratiquants sont estimés à 1,8 million de personnes (soit 2,6% des Français) et on comptabilise 2.600 lieux de culte. L’estimation la plus précise (comprenant les pratiquants et les non pratiquants) du nombre de Français de confession musulmane se situe entre 3,3 et 5 millions de personnes (soit entre 4,8% et 7,3% des Français), ce qui correspond à environ 4,1 millions de Français (6% de la population totale), indique à Aleteia, Nicolas Cadène, le rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité. Il ressort par ailleurs des différentes études et enquêtes que la proportion des Français de confession musulmane se déclarant “pratiquants” est bien supérieure aux Français de confession catholique, orthodoxe, juive, protestante luthérienne et réformée, mais inférieure à celle observée chez les protestants évangéliques (40,1% d’entre eux estiment comme importante l’intensité de leur pratique.)
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Le protestantisme est, en France, la troisième religion en termes de fidèles et de pratiquants (3% des Français, soit 2,1 millions de personnes), et la seconde en termes de lieux de culte . Avec ses nombreux courants évangéliques, elle est en expansion constante depuis une quarantaine d’années, avec une accélération ces dix dernières années (passant d’environ 2,5% de la population totale en 2010 à environ 3,1% en 2019). Le culte protestant, dans sa diversité compte aujourd’hui plus de 4.000 temples, et les demandes sont croissantes. Le Conseil national des évangéliques de France assure qu’un nouveau lieu de culte ouvre tous les dix jours en France.
Un échec de la sécularisation ?
Parmi les autres enseignements du rapport, l’Observatoire de la laïcité a constaté que “les atteintes directes à la laïcité apparaissent pour la troisième année consécutive mieux contenues grâce à la multiplication de formations à la laïcité et à la gestion des faits religieux”. Mais il ajoute que “la sensibilité reste toujours très forte sur toute situation qui touche à la laïcité et aux faits religieux”. Ce que confirme une nette majorité des Français qui considèrent que trop souvent, dans les médias ou le débat public, “on ne parle de la laïcité qu’à travers la polémique” (60%).
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Autre constatation, “l’augmentation ces trente dernières années, de la visibilité et de l’expression religieuses dans l’espace public en France”. Parmi les explications de ce phénomène, l’Observatoire constate qu’il y aurait un affaiblissement des idéologies séculières qui n’ont su apporter “les fondations normatives et psychologiques de l’identité et de l’action collective”. Autrement dit, l’augmentation de l’expression religieuse pourrait être due à une inquiétude face à la sécularisation de la société, qui n’apporte plus les bonnes réponses.