Patronne des missions, sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus reste probablement l’une des saintes qui a le plus attiré la sympathie du grand public. Son rayonnement hors du commun a également inspiré de nombreux mystiques.
Nommée sainte patronne des missions en 1927, sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus a été source d’inspiration pour de nombreux mystiques. C’est ce que révèle Joachim Bouflet qui dresse le portrait de plusieurs d’entre eux dans son ouvrage Quand Thérèse parlait aux mystiques. On constate que la petite sainte normande a su parler au cœur de tous, aussi bien à une Allemande célibataire de milieu modeste qu’à un jeune Vietnamien rêvant de devenir prêtre. Tous ont trouvé en elle une véritable sœur qui comprenait leurs souffrances et leur montrait la voie du Ciel.
Sainte Anna Schäffer
Cette jeune paysanne allemande grabataire écrit dans ses notes intimes qu’elle a rêvé de la jeune carmélite : “Devant mon lit se tenait une religieuse vêtue de brun avec un manteau blanc. Elle me réconforta dans mon épreuve ; elle me dit notamment que l’on peut exercer la vertu de force même à partir d’un lit de malade”. Ces lignes arrivent quelques années après un drame.
En effet, le 4 février 1900, la jeune femme a été victime d’un grave accident. Âgée de presque 18 ans, elle tombe dans une marmite de lessive bouillante. Brûlée au troisième degré, celle qui rêvait de devenir missionnaire ne peut finalement plus marcher, ce qui l’oblige à renoncer à son projet. Malade incurable, elle offre ce sacrifice à Dieu, en particulier pour la sanctification des prêtres. Elle rayonne beaucoup autour d’elle et les villageois viennent se confier à elle, lui demandant conseil. Dotée d’un grand sens de l’écoute, elle n’est pas dénuée d’humour et accueille même les enfants qui viennent écouter les belles histoires de leur “Nandl” et se préparer aux sacrements avec elle. Elle reçoit des grâces mystiques, notamment les stigmates, et meurt le 5 octobre 1925 à l’âge de 43 ans.
Serviteur de Dieu Pietro Gonella
Né dans une famille de paysans modestes en 1931, Pietro Gonella connaît une enfance heureuse et grandit dans une famille aimante. Très jeune, déjà, il désire devenir prêtre. Il entre au séminaire d’Asti, dans le Piémont italien, où il est aimé aussi bien par ses professeurs et ses supérieurs que par ses condisciples qui apprécient son sens de l’humour, sa gaieté et l’attention qu’il porte aux autres. Bref, il a tout du séminariste idéal… et sympa, avec ça ! À l’automne 1949, alors qu’il s’apprête à recevoir la soutane quelques mois plus tard, il ressent des douleurs dans les bras et les jambes. On finit par lui diagnostiquer la maladie de Bright, une insuffisance rénale chronique qui est alors à un stade très avancé. Il n’a alors que 18 ans mais les médecins ne peuvent pas le soigner. Il doit revenir chez ses parents car le retour au séminaire est inenvisageable, compte-tenu de son état de santé.
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Depuis ses années de séminaire, il nourrit une dévotion très forte pour sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, grâce à l’intervention de laquelle – il y a fait de discrètes allusions – il voit sa maladie comme un don pour les autres. Il reçoit de nombreux prêtres, séminaristes et religieux qui viennent prier avec lui et restent impressionnés par sa grande maturité. Et décidément, les voies de Dieu sont impénétrables. Frappé par son rayonnement, son évêque s’adresse au pape Paul VI qui donne son autorisation pour l’ordination de Pietro Gonella. Celui-ci est ordonné le 23 septembre 1978, à l’âge de 47 ans. Il mourra un an plus tard.
Servante de Dieu Rhoda Wise
Dure vie que celle de Rhoda Wise… Cette Américaine naît dans une famille nombreuse de confession protestante. Elle est la sixième d’une fratrie de huit enfants. Son premier mari meurt brutalement d’une hémorragie cérébrale six mois après leur union tandis que le deuxième sombre dans l’alcoolisme et connaît une vie professionnelle mouvementée, changeant régulièrement d’emploi. Entre accidents, maladies et hospitalisations variées (pour cancer, infection et psychose post-opératoire), Rhoda Wise est durement éprouvée dans cette période post-crise de 1929. En raison d’une jambe blessée, elle séjourne dans un hôpital tenu par des religieuses catholiques.
Elle se lie alors avec des sœurs qui lui apprennent à réciter le chapelet et lui font découvrir sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, la “Petite Fleur”, ainsi que la surnomment les Anglo-saxons. Rhoda entre dans l’Église catholique le 1er janvier 1939 et beaucoup lui tournent alors le dos. Grâce à l’intervention de la carmélite, dont elle témoigne avoir reçu la visite, sa jambe est guérie. Elle a alors régulièrement des visions de sainte Thérèse qui l’encourage à souffrir pour le salut des âmes. Elle meurt le 7 juillet 1948 et près de 15.000 participeront à ses obsèques.
Serviteur de Dieu Marcel Van
Avec Marcel Van, on change de continent et c’est là l’occasion de toucher du doigt de façon concrète le côté très missionnaire de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Ce jeune Vietnamien né dans une famille de tradition chrétienne connaît une enfance heureuse. Il manifeste son désir de devenir prêtre alors qu’il n’a que 6 ans. Sa mère le confie alors à un curé de paroisse pour qu’il s’occupe de sa formation mais celui-ci le néglige et le petit garçon devient le souffre-douleur des catéchistes et de ses camarades. Il reste néanmoins déterminé dans ses choix et il est ensuite admis au petit séminaire de Sainte-Thérèse de Lang Son.
C’est là qu’il découvre Histoire d’une âme, un livre qui l’émeut au plus profond de lui-même. Sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus devient alors sa “grande sœur spirituelle”. En dialoguant avec elle (elle est déjà morte depuis plusieurs années), il décide de suivre sa “petite voie”. Elle lui apprend qu’il ne deviendra jamais prêtre mais qu’il doit devenir un “apôtre caché de l’amour” qui apportera aux prêtres missionnaires le soutien dont ils ont besoin. Véritable éducatrice, celle qui l’appelle affectueusement son “petit frère” lui apprend à prier. À la demande de son supérieur, Marcel Van écrira ensuite le récit de son enfance et décrira ses dialogues avec Jésus et sainte Thérèse. Marcel Van meurt en 1959 dans le camp de rééducation N°2 de Yên Binh, dans le Nord Vietnam, à l’heure des persécutions communistes. Il a alors 31 ans.