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Le bestiaire de la Bible : le coq, une voix qui perce l’obscurité

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Philippe-Emmanuel Krautter - publié le 02/07/19
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Si le coq est bien connu pour être l’emblème gaulois par excellence, il présente surtout une force symbolique à plus d’un titre dans le christianisme, ce qui explique qu’il trône souvent fièrement au sommet des flèches de nos églises. Animal apportant la lumière, il est aussi celui qui souligne le reniement de saint Pierre lors de la condamnation de Jésus à la crucifixion. Le fier volatile partage avec d’autres le mérite de représenter le Christ en faisant retentir dans la nuit sa voix perçante annonçant la clarté, le fameux Gallicinium invitant les fidèles à la prière matinale… Si l’on aperçoit au détour d’une visite dans un musée d’archéologie un coq perché sur un autel, attention à ne pas en conclure trop vite à son caractère chrétien ! En effet, dans l’Antiquité, les Grecs avaient déjà adopté le fameux volatile ; il était l’emblème du célèbre médecin Esculape à Épidaure, et avait pour vertu de guérir. Et que dire de la Gaule dont nous avons hérité du coq pour sa réputation de fierté et de courage sans oublier son esprit querelleur… Il n’a cessé depuis d’orner monnaies, bijoux et bas-reliefs.



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Annonçant la lever du jour par son fameux cri, le coq a de ce fait également été associé à l’idée de lumière par de nombreuses civilisations, ce qui explique que l’on retrouve aussi son effigie sur des lampes romaines, mais aussi égyptiennes, sans oublier l’Extrême-Orient avec notamment la Chine qui le considère comme un porte-bonheur…

Le reniement de saint Pierre

Mais, le chant du coq, pour les chrétiens, demeure indissociable de l’épisode du reniement de saint Pierre et des larmes de l’apôtre. Jésus avait en effet annoncé : « Avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois. » Le disciple avait, bien sûr, nié vivement que cela puisse se réaliser. Mais, après que Jésus eut été arrêté et conduit devant ses juges, Pierre qui l’avait suivi discrètement fut reconnu par plusieurs personnes comme son ami, ce qu’il nia – ainsi qu’il était annoncé, à trois reprises. Le coq chanta et alors « Il sortit et, dehors, pleura amèrement ». Par cet épisode douloureux des Évangiles, le coq révèle nos faiblesses avant que la lumière ne se fasse, une image qui allait avoir, dans la tradition chrétienne, une grande destinée…

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© Domaine public
Les larmes de saint Pierre par Juan Bautista Mayno.

Le coq, emblème du Christ

Son courage à défendre sa famille et sa combativité font du coq le défenseur de la foi face à l’adversité. Sa voix est, ainsi, réputée depuis les temps les plus anciens pour éloigner les rôdeurs, bêtes sauvages et même les esprits mauvais, ce qui explique que certains blasons en héraldique l’ont largement adopté. Mais, précédant et annonçant par son chant l’aurore, le coq comptera, surtout, parmi les animaux symbolisant le Christ avec cette idée de lumière et de voix perçant l’obscurité.


Arrivée du Christ à Jérusalem, par Pietro Lorenzetti.
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C’est pourquoi de nombreuses représentations le feront figurer sur une barque dans les premiers temps chrétiens en une symbolique forte et puissante, la barque étant traditionnellement associée à l’Église. Le poète et dramaturge Jean Racine perpétuera cette tradition du chant du coq associé à la vie avec ces vers :

L’oiseau vigilant nous réveille ;
Et ses chants redoublés semblent chasser la nuit ;
Jésus se fait entendre à l’âme qui sommeille
Et l’appelle à la vie où son jour nous conduit.

Au sommet de nos clochers

Cette force symbolique accordée au coq fait que, de nos jours, nombreux sont encore les clochers ornés du majestueux volatile brillant de tous ses feux cuivrés aux quatre directions des vents. Ce n’est ainsi pas seulement la direction du vent que l’on observe lorsque nos regards de chrétiens se lèvent vers la pointe de nos clochers ! Ce fut très tôt, en effet, une manière de rappeler à la vue du plus grand nombre et de loin, par ce symbole de la foi, à la fois vigilant et protecteur, la présence du Christ. Rappelons que saint Pierre, après son reniement et le chant du coq, ne redouta plus jamais celui-ci, et donna par la suite sa vie pour la foi.



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Une pratique naguère faisait enfermer dans le corps de la girouette des reliques de saints,  et n’est-il pas émouvant de préciser que lors du terrible incendie qui a frappé ce 15 avril 2019 Notre-Dame de Paris, le coq de la cathédrale fut retrouvé intact bien qu’un peu cabossé parmi les décombres, signe de sa résistance et surtout de toute sa force symbolique ; N’annonce-t-il pas, ainsi, même dans les décombres, par son chant, la renaissance annoncée de la cathédrale, de Notre-Dame ?

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