Au lendemain de la tourmente de 1940, une poignée de parachutistes va, pendant cinq années, écrire certaines des plus belles pages de la France libre. Placés sous les ordres du capitaine Georges Bergé, ils constituent une unité rattachée au Special Air Service (SAS) britannique. « S’ils furent parmi les plus glorieux, si leur béret rouge est aujourd’hui connu de tous, c’est parce qu’ils furent aussi, comme l’écrira plus tard le général De Gaulle, “les plus exposés, les plus audacieux, les plus solitaires” », rappelle le général Patrick Champenois, auteur du Ciel sans pâlir. « C’est à l’aune de leurs actes, de leurs qualités d’homme et de leur esprit que peuvent être mesurés la force de leur engagement et le poids de leurs sacrifices ».
Nous sommes au printemps 1944. Les armes et les hommes sont prêts ; le temps est venu de soumettre les parachutistes SAS de la France libre à l’épreuve du feu. Le 5 juin vers 23 heures, ils sautent en Bretagne pour établir deux bases d’opérations, Samwest, au sud de Guingamp, et Dingson au nord de Vannes où le reste du bataillon sera parachuté pour mener des opérations de guérilla puis éclairer les éléments alliés venant de Normandie. Ils rejoignent ainsi les 3.000 résistants du maquis de Saint-Marcel, un petit village du Morbihan.
Plusieurs récits avancent qu’un aumônier aurait remis des médailles bénies de Saint-Michel aux parachutistes qui s’apprêtaient à sauter pour aider à organiser la Résistance. Ces médailles de forme ronde, outre l’archange Saint-Michel, représentaient au revers Sainte-Jeanne d’Arc. « Dans la dureté des combats pour la Libération, le médaillon de Saint-Michel devient leur signe de ralliement », précise le ministère des Armées. Le destin voulut également que ce soit de part et d’autre du Mont Saint-Michel que furent largués en Normandie et en Bretagne les milliers de parachutistes qui jouèrent un rôle crucial dans ce « jour le plus long ».
La première Saint-Michel est célébrée en la cathédrale d’Hanoï le 29 septembre 1949
En février 1945, l’aumônier du corps français de l’Air propose que Saint-Michel devienne le saint-patron de tous les parachutistes. L’idée est reprise en 1948 en Indochine par le père Jego, aumônier des troupes aéroportées. Avec le père Muslon et le père Casta, également aumôniers des troupes aéroportées présents en Indochine, ils constituent un dossier pour doter les parachutistes d’un saint patron. L’histoire retiendra par la suite que lors de la célébration d’une messe devant un bataillon parachutiste en partance pour l’Indochine, le père Jego termina son homélie par ces mots : « Et par Saint-Michel, vive les parachutistes ».
Le 29 septembre 1949, en pleine guerre d’Indochine, la première Saint-Michel est célébrée en la cathédrale d’Hanoï (Vietnam) devant les hommes du 3e bataillon colonial de commandos parachutistes, du 1er régiment de chasseurs parachutistes et du 1er bataillon étranger de parachutistes. La même année, le père Casta publie un petit livre sur Saint Michel, patron des parachutistes, préfacé par l’évêque d’Ajaccio, qui donne ainsi un caractère officiel à ce saint patronage.