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La « question sociale » est civilisationnelle

Des employés de l'usine sidérurgique Ascoval quittent le site de Saint-Saulve, près de Valenciennes, dans le nord de la France.

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Guillaume de Prémare - publié le 28/05/19
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Le retour de l’engagement des catholiques sur les questions sociales ne signifie pas qu’ils désertent les questions de civilisation. C’est dans les grands principes fondateurs de la civilisation que la justice sociale progressera.

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Le catholicisme social fut, au XIXe siècle, l’un des engagements-phare des catholiques dans la vie publique. Ces dernières décennies, l’habitude s’était perdue de les entendre sur la question sociale. Et depuis 2012-2013, ce sont les questions anthropologiques et familiales qui ont occupé le devant de la scène de l’engagement catholique. À tel point que les catholiques semblaient en quelque sorte spécialisés sur les questions dites de civilisation.  L’appel pour un nouveau catholicisme social, publié le 9 janvier dernier, et l’enquête sociale, lancée le 10 mai sur Aleteia, viennent combler un manque, une trop longue absence. Cela ne signifie pas qu’il faille déserter un terrain pour un autre, mais que la France a besoin aussi d’un engagement fort sur la nouvelle question sociale.

Civilisation et ordre juste

Est-ce à dire que les problèmes de « fin de mois » sont aussi importants que les grandes questions de civilisation ? D’une part, la question sociale ne se résume pas aux problèmes de « fin de mois » : il existe une fracture sociogéographique béante qui produit une fragmentation du pays et une rupture latente entre les sociologies ; et il y a une crise du sens du travail qui touche très largement différentes sociologies. D’autre part, nous aurions tort de croire que la nouvelle question sociale ne porte pas elle-même une dimension civilisationnelle.


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La civilisation est souvent définie par opposition à la barbarie, qui est la loi du plus fort. La civilisation exprime ainsi la capacité de l’homme à construire la Cité sur la base d’un ordre juste. Quand l’homme peine à vivre dignement du fruit de son travail, il vit l’expérience intime de l’injustice sociale. Or, vivre dignement du fruit de son travail est un haut principe de civilisation, qui compte parmi les pierres d’angles de la civilisation chrétienne, laquelle porte une anthropologie du travail.

La condition de l’homme au travail

La machinerie techno-marchande produit aujourd’hui des points de douleur devenus insupportables, particulièrement en raison de cette altération profonde du rapport de l’homme à son travail. Or, la condition de l’homme au travail constitue un aspect décisif de son inscription relationnelle et sociale. Nous passons en effet la plus grande partie de notre temps au travail. Il existe à cet égard un processus de déshumanisation qui est un processus de décivilisation. Sur ce terrain, la question civilisationnelle quitte les rivages d’une certaine abstraction pour rejoindre une expérience concrète, quotidienne et partagée. La question sociale contemporaine constitue le terrain commun par excellence, la surface de contact la plus immédiate avec l’ensemble de nos concitoyens. Elle se réfère à un « commun » relationnel et social qui est un « commun civilisationnel » menacé.


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Les catholiques sociaux appellent à se saisir vigoureusement d’une question trop longtemps laissée sous le boisseau, qui constitue pourtant un aspect structurant des problématiques contemporaines. C’est en grande partie sur ce terrain économique et social que se jouent en effet les grands mouvements de l’histoire qui dessineront la civilisation de demain.

Vous pouvez retrouver cette chronique en podcast sur Radio Espérance

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