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Et si le mystère du sacré se cachait dans les plis ?

La Grâce

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Louise Alméras - publié le 15/05/19
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Artiste peintre et philosophe, l’art hyperréaliste de Caroline Chariot-Dayez surprend, interroge et éblouit. Dans un travail sur la lumière, le mouvement et la grâce, ses œuvres parviennent à évoquer des concepts invisibles à l’œil nu dans leur simplicité et leur éclat.Les plis. Mais qu’y a-t-il à y trouver ? Pourquoi se pencher sur ces choses éclatées, ces tissus froissés et vivants ? Pourquoi peindre des plis ? “La main peint sous la dictée de ce qui est vu, le déjà-là, auquel elle ne veut rien ajouter ni retrancher, merveilleux tel qu’il est”, explique l’artiste Caroline Chariot-Dayez.

L’hyperréalisme de ses peintures, que l’on pourrait prendre pour des photographies tant l’effet est saisissant, est voulu comme “acquiescement et célébration de ce qui est”, “fascination”, “adoration” et “joie”. Un cheminement proche de la vie spirituelle, sinon même son incarnation.

Simone Weil : “La pure attention est prière”

Ses tableaux, peints à l’huile sur panneau, ont cela d’incroyable qu’ils représentent des aubes blanches, des draps, que l’on pourrait penser au départ virginaux et qui finissent par prendre forme et couleur grâce au contact du réel. Ils sont aériens ou rangés, vifs ou apaisants, et à travers eux transparaît cette chose imprenable que l’on pourrait traduire par le concept de transcendance. Professeur de philosophie et artiste, ses deux fonctions, ne font plus qu’un au moment où elle peint. Car c’est grâce à l’art qu’elle est venue à se former aux domaines de la pensée. Jusqu’à la mystique, qu’elle a puisée principalement dans l’œuvre de Simone Weil : “La pure attention est prière”.

Brulants au dedans

Caroline Chariot-Dayez
Brûlants au dedans

À 60 ans, Caroline Chariot-Dayez compte désormais des expositions à New-York, Londres, Mikonos, Paris et Bruxelles, sa ville d’origine. Ses tableaux sont surtout visibles dans des lieux chargés de spirituel, où ils ont toute leur place, comme au couvent des Dominicains, l’abbaye de Maredsous, d’Orval, ou encore Saint-Sulpice à Paris, où elle exposait l’an dernier.

Des plis comme puits de lumière

Et depuis quinze ans, elle consacre exclusivement sa peinture aux plis, “comme un langage accordé à l’invisible”. Mais le pli n’est pas ici réductible à la simple représentation d’un mouvement de vêtement, il est plutôt un lieu d’expression de l’indicible et de l’évocation des élans les plus élevés de l’esprit humain. Ce n’est donc pas étonnant qu’en se laissant happer par un de ses tableaux l’on se sent rejoint, dépassé voire élevé. En témoignent les titres, Allégresse du retour aux choses inexistantes, Exultation, Descente de Croix ou le Cri, Ecce Homo, Transfiguration, Renaissance ou encore L’appel de la lumière.


Du sang et des larmes, une oeuvre d'Hélène Mugot (2004) voisine avec une Vierge à l'Enfant du XVIIe siècle.
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“Les gens croient que la peinture et l’écriture consistent à reproduire les formes et la ressemblance. Non, le pinceau sert à faire sortir les choses du chaos”. Sans doute cette phrase de Zao Wou-Ki nous donnera-t-elle l’accès et la raison d’être des œuvres de Caroline Chariot-Dayez. Son travail pictural s’inspire au commencement de la pensée de Maurice Merleau-Ponty, qui distingue dans l’art “l’expression première” et “l’expression seconde” d’où émane le sens. C’est en tout cas une impression de transcendance qui suit après avoir vu les plis sur fond blanc de l’artiste. Et celle aussi d’être revenu à la source.

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