Construite au XIIe siècle, l’ancienne abbaye bénédictine de Longues-sur-Mer (Normandie), a été sélectionnée parmi les 18 monuments prioritaires du Loto du Patrimoine. Un formidable espoir pour Jérôme d’Anglejan dont la famille, dépositaire de l’abbaye depuis une cinquantaine d’années, se bat pour sa sauvegarde. Dégradée avec le temps, celle-ci nécessite de gros travaux de réfection, notamment le chœur qui est au centre de toutes les attentions.“Lorsque nous avons appris que nous étions sélectionnés parmi les dix-huit monuments prioritaires, nous avons été très heureux et extrêmement reconnaissants”, raconte Jérôme d’Anglejan, propriétaire de l’abbaye de Longues-sur-Mer, joyau monastique caché le long d’une petite route menant à Bayeux. Avec son épouse, ses cinq enfants et son père, il s’engage depuis plus de dix ans dans la restauration de ce grand domaine, propriété de sa famille depuis 1964. Et les restaurations sont nombreuses. “Actuellement, la partie de l’abbaye la mieux restaurée est celle où nous avons installé un gîte, dans l’ancienne maison des communs. Cela nous permet de payer les factures mais l’objectif, à long terme, est d’engager de grandes restaurations.” Spacieux, celui-ci peut accueillir jusqu’à dix personnes. Un endroit idéal pour ceux qui souhaitent expérimenter le calme monastique tout en profitant, à quelques minutes de là, de longues promenades sur les plages du débarquement.
Le chœur de l’église au centre de toutes les attentions
“Dans le cadre du Loto du Patrimoine, les restaurations vont de concentrer plus particulièrement sur le chœur de l’église qui menace de s’effondrer”, précise Jérôme d’Anglejan. Unique vestige de l’ancienne abbatiale, le chœur possède une élégante structure gothique, beau témoignage de l’architecture normande du Moyen Âge. Fondée au XIIe siècle, l’abbaye bénédictine Sainte-Marie de Longues a connu de longues années de prospérité avant de s’éteindre, petit à petit, jusqu’à sa fermeture définitive au XVIIIe siècle. Dès lors, le domaine fut transformé en exploitation agricole. Avec ces changements d’affectation et les vicissitudes du temps, les bâtiments ont évidemment lourdement souffert.
Si les propriétaires ont déjà rénové les toitures et consolidé les murs des autres bâtiments de l’abbaye, l’église devenait un cas urgent. Avec le Loto du Patrimoine, la famille espère récolter 700.000 euros. Une somme qui permettrait de consolider les murs — construits avec de la pierre de Caen friable et régulièrement attaqués par le sel marin —, de remettre un toit identique à celui visible sur des gravures du XIXe siècle et de ré-ouvrir les baies bouchées en installant des vitraux. “L’idée, à terme, est de pouvoir ouvrir l’église au grand public. Dans un second temps, nous aimerions restaurer le réfectoire des moines”, précise Jérôme d’Anglejan.
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Une démarche patrimoniale et spirituelle
Très engagée dans la vie paroissiale de leur commune, la famille d’Anglejan voit dans cette aventure une démarche aussi bien spirituelle que patrimoniale. “Ce projet va dans la continuité de valeurs personnelles”, explique le propriétaire. “Dans le cadre du 850e anniversaire de l’abbaye, l’évêque est venu le 15 août célébrer la messe de l’Assomption et nous avons également organisé une procession aux flambeaux à la nuit tombée. L’idée n’est pas que l’église devienne une église paroissiale, car il y en a déjà une dans le village, mais nous espérons organiser quelques cérémonies de temps en temps”. Une manière de maintenir la dimension sacrée du lieu afin d’éviter que celui-ci se transforme uniquement en lieu touristique.
Proches des plages du débarquement, l’abbaye a naturellement projeté de commémorer, cette année, le 75e anniversaire du débarquement allié en Normandie et de nombreuses animations seront prévues au cours du mois de juin. “Avec la notoriété que nous offre le Loto du Patrimoine, nous espérons que de nombreux visiteurs viendront découvrir notre belle abbaye”, confie le propriétaire passionné. L’appel est lancé.
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