Condamné par le tribunal correctionnel de Lyon, le cardinal Barbarin a fait une courte allocution jeudi à la mi-journée pour annoncer qu’il allait présenter sa démission au Pape. Un coup de tonnerre chez les catholiques lyonnais qui ont appris la nouvelle sur leurs téléphones portables.Alors qu’un grand soleil est revenu à Lyon après un début de matinée gris et pluvieux, les téléphones des Lyonnais se sont mis à vibrer vers 13h au son des nombreuses alertes infos et autres appels, laissant place, chez les catholiques lyonnais, à de la sidération. « Je ne m’y attendais pas du tout », s’exclame Camille, 39 ans, en pleine pause déjeuner. « Je savais que le verdict tombait ces jours-ci, mais comme aucune condamnation n’avait été requise à l’issue du procès, je ne pensais pas qu’il serait condamné ». Même son de cloche chez Jean-Marie, 70 ans : « Le cardinal est condamné pour n’avoir pas dénoncé des faits de pédophilie antérieurs à son arrivée à Lyon, et prescrits, je ne comprends pas bien ? ».
“Distinguer le juridique de l’émotionnel”
Un prêtre du diocèse avance une explication : « Le verdict est sévère, mais il faut distinguer le droit de l’émotion. La décision est d’autant plus dure à comprendre que le parquet de Lyon avait prononcé un classement sans suite et qu’à l’issue du procès en citation directe le parquet n’avait requis là encore aucune condamnation. Mais je crois qu’émotionnellement, dans le contexte actuel, il fallait un coupable, un « bouc émissaire » comme le dit l’Ancien Testament ». C’est ce que pense aussi Nadia, jeune maman de 36 ans, « pour moi ce n’est pas le cardinal le problème, mais il faut un coupable ! On doit rester très vigilant pour trouver et punir les vrais auteurs de ces actes innommables ».
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Pour Micheline, mauricienne de 70 ans, qui avait rencontré le cardinal lors d’une visite paroissiale en décembre dernier, « c’est vraiment dommage qu’il démissionne, cela donne raison à ses accusateurs alors qu’il n’a rien fait de mal ! C’était un homme très gentil et qui parlait avec tout le monde ». Après la sidération, place au recul et à l’analyse « à partir du moment où il est condamné, il n’était pas possible qu’il reste en poste », juge pour sa part Claude, 58 ans, en balade devant le parvis de la cathédrale Saint Jean. « Le grand public n’aurait pas compris, et c’est sans doute bon qu’une page se tourne à Lyon ».
Une sœur attachée au diocèse reprend : « On voyait bien que depuis trois ans la situation était difficile et le cardinal ne pouvait tenir alors qu’il lui reste encore quelques années avant la retraite. Il a pris une décision nécessaire. Je pense que le Pape acceptera sa démission ». En ces jours difficiles pour l’Église de Lyon, Marie-Charlotte reste la plus optimiste : « Je suis sûre qu’il gagnera en appel et qu’on n’en entendra plus jamais parler ! ».