Les voyages d’un chef de l’Église catholique hors d’Italie attirent toujours l’attention des médias et des fidèles du monde entier. Et ce, dès la première minute, lorsque le souverain pontife monte à bord de l’avion qui le conduira à sa destination.Si les présidents, les rois et même les rock-stars ont souvent leur propre avion, ce n’est pas le cas du chef de l’Église catholique, pourtant à la conduite pastorale de plus d’un milliard de croyants dans le monde. Ainsi, lorsqu’il quitte Rome, il le fait à bord d’un avion mis à disposition par la compagnie nationale Alitalia. L’avion papal n’est donc pas toujours le même et est adapté à la distance à parcourir. En revanche, il dispose toujours du même numéro AZ4000 et l’appareil subit quelques modifications. Une icône de la Vierge est installée au premier rang, en face du siège du passager pontifical. Quant aux appuis-tête, ils sont ornés du blason du Pape régnant tout comme l’avion lui-même. Le personnel est quant à lui trié sur le volet.
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L’évêque de Rome n’est bien sûr pas le seul à bord. Les premiers rangs sont ainsi occupés par la trentaine de personnes qui composent sa suite, notamment le cardinal secrétaire d’État et le substitut de la Secrétairerie d’État, deux des plus importants responsables du Vatican. Le Pape est également escorté de gardes suisses, de gendarmes du Vatican ou encore de journalistes de L’Osservatore Romano. Depuis son élection, le pape François a pris l’habitude d’inviter au sein de sa suite un employé modeste du Vatican, parfois originaire du pays où il se rend.
Outre cette représentation officielle, le successeur de Pierre est accompagné d’environ 70 journalistes, dont les organes règlent la place à bord. Radio, presse écrite et télévision : tous les types de médias sont représentés par ces journalistes du monde entier. Peu de temps après le décollage, la cabine où est installée la presse est le théâtre d’un curieux spectacle : des responsables du Vatican installent un système de sonorisation, les cameramen montent leurs appareils sur des trépieds et les journalistes radio raccordent leurs enregistreurs aux sorties audio.
Les rideaux séparant les différentes classes de l’avion s’ouvrent et enfin le pape François apparaît ! Jusque là, seule sa manche blanche avait pu être aperçue, tout au bout du couloir. Le pontife prend la parole et, en quelques mots, explique le sens de son déplacement hors d’Italie. Puis, il prend le temps de saluer un par un chacun des journalistes présents. Si la rencontre se déroule dans la cabine étroite d’un avion, elle n’en est pas moins émouvante. Embrassades, prières, cadeaux et mots glissés à l’oreille : les journalistes sont comme n’importe quel fidèle lorsqu’ils peuvent échanger quelques phrases avec le chef de l’Église catholique.
Une autre tradition est liée aux vols papaux : à chaque fois que l’avion entre dans l’espace aérien d’un pays, un télégramme de salutations et de bénédictions est envoyé au chef d’État. Ainsi, si l’appareil est dévié au dernier moment pour des raisons météorologiques, des officiels du Vatican doivent préparer en toute hâte un nouveau message ! Cette habitude remonte au premier voyage dans les airs du pape Paul VI en Terre Sainte en 1964.
Maintenant que le Pape est retourné à son siège à l’avant de la cabine, le vol ressemble à n’importe quel autre. À une exception près : le plateau repas est à peine meilleur. D’ailleurs quelle que soit la durée de vol — même une trentaine de minutes pour un vol interne — les compagnies aériennes s’attachent à toujours offrir un repas aux passagers. Un client satisfait est la meilleure des publicités, doivent-elles se dire, d’autant plus lorsqu’ils sont journalistes…
Une conférence de presse en altitude
À son arrivée au sol, l’avion est pavoisé de chaque côté du cockpit d’un drapeau du Vatican et du pays hôte. L’appareil s’arrête, l’escalier s’avance. Avec émotion, le nonce apostolique dans le pays hôte monte les marches et vient accueillir le chef de l’Église catholique. La visite apostolique peut commencer et le Pape fouler le sol du pays.
Pour le retour, c’est généralement un appareil de la compagnie nationale du pays visité qui est utilisé. Le vol ressemble à n’importe quel autre, là aussi à un détail près : la conférence de presse donnée par le Pape. Comme à l’aller, des enceintes sont disposées dans la cabine, les caméras sont posées sur leur trépied et les enregistreurs sont mis en route. Pendant près d’une heure, le souverain pontife répond aux questions des journalistes. “J’ai l’impression de descendre dans la fosse aux lions”, a déjà avoué l’actuel évêque de Rome à propos de ce moment.
En général, chaque groupe linguistique peut poser une ou deux questions. Les journalistes issus du pays visité sont les premiers à interroger le successeur de Pierre. Ce dernier ne connaît pas les questions à l’avance et y répond sans préparation, à 10.000 mètres d’altitude et à l’issue d’un voyage souvent fatigant. “J’essaye d’être très précis, il y a beaucoup de pression, mais il y a eu quelques dérapages”, a encore expliqué le pape François.
Si le décollage se fait depuis l’aéroport de Fiumicino, le retour à Rome se fait à travers l’aéroport de Ciampino. Cette particularité est un héritage de Jean Paul II qui, après ses voyages à l’étranger, aimait se reposer à la Villa pontificale de Castel Gandolfo, non loin de ce second aéroport. Pour sa part, le pape François rentre immédiatement au Vatican en voiture, en faisant un petit détour par la basilique Sainte-Marie-Majeure pour se recueillir devant l’icône Salus populi romani. Les journalistes quant à eux se dépêchent de finir leurs articles sur la conférence de presse et qui viendront clore pour eux ce voyage en compagnie du Pape.