Marie-Christine d’Welles est écrivain, croyante et fer de lance du combat contre la drogue chez les jeunes. De l’enfermement au don de soi, témoignage d’une femme inspirée.
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À l’aube de ses soixante-dix ans, Marie-Christine d’Welles a eu le temps de vivre plusieurs vies. Mais que ce soit durant son enfance douloureuse ou lors des nombreuses tournées de conférences qu’elle réalise aujourd’hui auprès des jeunes, elle confie avoir toujours été guidée par l’Esprit saint. Fondatrice de l’association Enfance sans drogue et membre du Mouvement Mondial des Mères, elle parcourt les routes de France depuis maintenant vingt ans pour parler des dangers de la drogue et aider ceux qu’elle peut à s’en sortir.
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Marie-Christine a dix ans quand le cauchemar commence. Dans son premier livre intitulé Folle. Moi ? Le regard des autres et publié en 1989, elle raconte son enfance. “À cause d’un engrenage effrayant de situations, à cause de psychiatres prêts à interner dans leur clinique privée des enfants parfaitement sains, pourvu que la famille paie, Marie-Christine passe une bonne partie de ses jeunes années chez les fous. Internements abusifs, scandaleux, qui auraient pu la faire sombrer dans la folie : tout ce qu’elle peut dire ou faire ne se retourne-t-il pas contre elle ?”, peut-on lire dans le résumé de l’ouvrage. “Une tentative de viol, dans le château familial, lui vaut un nouveau séjour chez les fous : elle est mythomane, attaque l’honneur d’un homme marié, dit-on. Que peut une enfant, ou une adolescente, contre le regard des autres, ceux qui décrètent qu’elle est folle ?”.
Mais Marie-Christine se débat avec l’énergie du désespoir. Elle finit par rencontrer un médecin, révolté, qui l’arrache aux psychiatres — ainsi qu’à sa famille — et permet à l’adolescente qu’elle est de vivre enfin. Un témoignage bouleversant qui doit empêcher d’autres tragédies similaires, et redonner courage à ceux qui, à quelque niveau que ce soit, souffrent du regard des autres.
Une enfance protégée par la Sainte Vierge
“C’était un témoignage de mon enfance assez douloureuse, puisque j’ai passé la période de mes douze à seize ans dans une clinique privée en cellule. J’étais la seule enfant parmi les adultes. C’était une malveillance de la part du psychiatre, directeur de la clinique et seul maître à bord. Mon grand-père étant riche, il en a profité.” Petite, elle habite Nevers, près de sainte Bernadette Soubirous. Une première communion devant sa châsse et une éducation auprès des sœurs de Saint-Gildard les rapprochent davantage. Ses parents veillent aussi à la confier à la Vierge dès sa naissance. “C’est ta mère”, lui dit sa propre mère. Entre la Vierge Marie et sainte Bernadette, la voilà avec deux alliées précieuses qui l’aideront dans son enfance.
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Quand Marie-Christine d’Welles peut sortir de la clinique, elle se rend régulièrement dans la chapelle principale du sanctuaire où est exposé le corps de Bernadette Soubirous afin de lui confier ses peines. “Je passais par elle pour m’adresser à la Sainte Vierge. Elle me montrait toujours Marie, je lui demandais conseil et avec mon cœur d’enfant trouvais cela normal qu’elle me réponde.”
Ce qu’elle a subi lors de son internement est loin d’être facile. “On me regardait à travers un judas, on m’endormait pendant des mois pour des cures de sommeil et le psychiatre me criait dessus. Il ne m’a jamais parlé en quatre ans, sauf pour me menacer.” Et d’ajouter, en paix : “Je lui ai tout pardonné depuis.” Quand elle souffre trop, la Sainte Vierge la console. Elle la voit “avec les yeux de son âme” la prendre dans son manteau, “comme on emmaillote un enfant”. “J’étais alors en paix et dans l’amour”, se souvient-elle. “Comme je voyais que les autres ne croyaient pas, je n’en parlais pas… Et la Sainte Vierge ne me l’aurait pas permis”.
Après la pluie… le cheminement
La jeune fille est enfin libérée de la clinique à 16 ans. “Le début du reste de ma vie”, se plaît-elle à dire. “À partir de ce moment je devais reprendre vie.” Contrairement aux autres jeunes, elle a l’impression de sortir d’un “no man’s land”. Mais cette “libération” est extrêmement dure pour la jeune femme. Livrée à elle-même, elle fait une tentative de suicide… et fait une Expérience de Mort Imminente (NDE). “J’ai été aspirée dans un tunnel, j’entendais ce que les médecins disaient, j’ai survolé l’hôpital. Il y avait du bleu clair, de plus en plus clair, puis une lumière blanche. Là j’étais entourée et baignée d’amour, comme ce que l’on éprouve pour son enfant mais multiplié par un milliard. Ils m’ont dit avec beaucoup d’amour : “Ce n’est pas l’heure” pour que je reparte.”
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À son réveil, elle en parle au psychiatre qui l’a sauvée et s’entend répondre avec bienveillance : “Je te crois mais je ne comprends pas”. Elle lui répond alors : “Je n’ai plus besoin de toi car maintenant je suis guérie”. Un profond changement vient de s’opérer en elle. “Quand on a des expériences spirituelles aussi fortes, on a peur de rester sur la terre mais pas d’aller au ciel”, détaille-t-elle. Elle ne se reconnaît pas et en tire un bel enseignement. “J’avais laissé la jeune fille là-haut, celle qui était entourée d’ennemis sans personne pour l’aider, hormis le Ciel. J’avais été nettoyée, j’avais changé. À partir du moment où je suis allée dans l’Amour, s’il fallait que je ne pardonne pas, il faudrait qu’on me l’apprenne. Je ne sais pas faire. Quand quelqu’un me fait du mal, je commence d’abord à prier”.
Avec un bagage spirituel déjà fort pour son âge, elle se tourne vers la lecture des philosophes grecs pour reprendre confiance en la vie. Puis elle se marie vite, a trois enfants. Et d’oublier tout ce qui s’était passé, comme si cela n’avait jamais existé… “J’ai vécu pendant vingt ans sans aller tellement à la messe, sauf pour les communions et le baptême de mes enfants, à la maison on ne parlait pas de religion. Nous sommes entrés à l’église pour nous marier et nous n’y sommes plus jamais retournés. Mais depuis j’ai retrouvé la foi et quand je rencontre une personne qui ne l’a pas je prie pour elle, car je me dis : “Quelle chance, j’ai du caviar et eux n’ont rien à manger !”.
Un retour à la foi romanesque
Quand on a eu des expériences spirituelles si singulières, comment fait-on pour vivre dans le déni durant tant d’années ? Marie-Christine d’Welles se lance dans l’écriture de son premier livre, tous les détails lui reviennent en même temps qu’un besoin urgent de relier sa vie. “Mon livre a eu du succès et j’ai retrouvé le chemin vers Dieu. Cela nous a encore plus séparés avec mon mari, alors que nous nous entendions bien mais sans Dieu.” Puis des épreuves arrivent. L’occasion de se tourner vers le Christ. “Seigneur, est-ce que Tu es là ?”, lui demande-t-elle. “Il m’a répondu tout de suite : “Je suis là”. C’était à l’intérieur de moi, mais tellement puissamment que je ne pouvais en douter. Parce-que lui ne nous abandonne jamais, c’est nous qui l’abandonnons. À partir du moment où le Seigneur m’a répondu, je me suis sentie très vide.” Elle se sépare et rencontre un photographe avec qui elle se marie. “Autrement je serais rentrée dans les ordres”, s’amuse-t-elle avec sérieux. “Quand j’étais petite, tout le monde priait pour que je sois carmélite. Mais comme le Seigneur est facétieux, j’ai été une carmélite laïque, enfermée à ma façon. Ensemble, nous avons cheminé”.
Une vie d’écrivain commence pour Marie-Christine d’Welles, un nouvel élan, dans lequel sa foi va apparaître en filigrane, sinon l’investir totalement. Elle sait que quand le Christ répond, il ne vous lâche plus. “J’ai vu de nombreux jeunes se droguer autour de moi. Parce que j’ai passé une partie de mon enfance shootée, je savais que ces jeunes se trompaient. Je sais ce que c’est de vivre sous psychotropes : c’est se priver de sa liberté de penser et d’agir”.
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