« L’Avent invite à dire : “Là où est le Christ, là il y a de l’avenir” ». C’est d’une voix calme et d’un ton posé que le père Raymond Winling, spécialiste de l’histoire de la théologie et des dogmes et auteur de l’ouvrage L’Avent : mémoire, attente et accomplissement, revient pour Aleteia sur la signification du temps de l’Avent et permet d’en comprendre les différentes dimensions.
Aleteia : À quoi sert le temps de l’Avent ?
Raymond Winling : L’Avent liturgique représente en quelque sorte le porche d’entrée, le propylée donnant accès à l’année liturgique. Mais il ne livre pas son sens profond aussi facilement ! Pour le saisir, il faut inscrire le temps liturgique de l’Avent dans l’horizon plus large de l’histoire du salut. La liturgie de l’Avent évoque ainsi les temps bibliques durant lesquels se manifeste l’attente du Messie. L’Avent fait donc mémoire. Mais les textes proposés durant cette période visent à préparer son cœur à la venue du Christ. C’est donc un temps d’attente, de préparation. Enfin, durant cette période, les chrétiens sont appelés à prendre conscience des fins ultimes de leur foi. Dans cette perspective, l’Avent vise un accomplissement.
Avent signifie « avènement ». Spontanément, l’avènement auquel on pense est la naissance du Christ. Pourtant, vous en distinguez trois…
L’Église en distingue trois : celui de l’Incarnation du Verbe de Dieu, celui de la venue du Christ en nous et l’avènement du Christ à la fin des temps. Il est bon d’avoir les trois à l’esprit en ce temps de l’Avent. La naissance du Sauveur, prophétisé dans l’Ancien testament, est l’avènement dont on parle le plus à l’approche de Noël ; je vais donc plutôt détailler les deux autres. Le deuxième avènement est celui de la deuxième venue du Christ, sa venue en nous. Il nous a sauvé et nous voudrions profiter du Salut apporté par le Christ, de ses bienfaits.
Cette appropriation peut se faire si nous acceptons de recevoir le Christ, de l’accueillir, de croire en lui. D’après les textes de l’Écriture, il veut venir habiter en nous. Tout au long de notre vie, par le baptême et par l’eucharistie, nous nous efforçons de faire nôtre l’enseignement du Christ. Cela demande une participation de notre part. Le troisième avènement n’est autre que le retour du Christ à la fin des temps. Ce temps d’attente, l’Avent de cet avènement, consiste à faire en sorte que nous soyons dignes de Lui. C’est un temps d’incertitude qui demande de la foi et qui est nourri par le désir que nous avons de toujours mieux connaître Dieu. Qu’attendons-nous ? Nous ne le comprenons pas forcément mais le bonheur qui nous attend au Ciel sera l’accomplissement définitif.
Comment mettre à profit ce temps de l’Avent ?
Pour l’Avent, l’Église propose aux chrétiens de faire un effort de conversion. Ce n’est pas uniquement la conversion à partir d’un état d’incroyance à un état de croyance. C’est aussi de chercher à faire toujours mieux. Le Christ nous dit de nous préparer, d’ouvrir nos cœurs. Ce passage de l’Apocalypse résume bien ce que le Seigneur attend de nous : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi ». C’est une attitude de réceptivité, il faut se mettre dans une disposition d’écoute et d’accueil. Les Pères de l’Église ajoutent que plus on ouvre son cœur plus grande sera notre joie alors… Ouvrons grand nos cœurs !