Un scientifique chinois a récemment déclaré être à l’origine de « bébés OGM », des jumelles génétiquement modifiées capables de résister au virus du sida. Si ces propos n’ont pas été confirmés, ils relancent la délicate question de la modification de l’ADN, permise notamment par la technique d’édition génétique CRISPR-Cas9.
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Deux bébés génétiquement modifiés, des jumelles, seraient nés il y a quelques semaines en Chine a annoncé He Jankui, un chercheur américain travaillant à l’université des sciences et technologies de Shenzhen (Chine). Une annonce qui intervient alors que s’ouvre à Hong Kong, ce 27 novembre, le Sommet international de l’édition du génome humain. Alors que la communauté internationale reste sceptique et prudente quant à ces déclarations, l’université de Shenzhen a indiqué dans une communauté être « profondément choquée » par ce travail qu’elle considère comme « une sérieuse violation des normes et de l’éthique académique ». Une commission a été formée pour enquêter sur la véracité de cette déclaration.
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Avéré ou non, cet événement relance le débat sur la modification génétique et la fameuse technique CRISPR-Cas9, également surnommée scalpel génétique. Découvert en 2012, ce mécanisme permet de modifier l’ADN de n’importe quelle cellule, en le coupant de manière ciblée pour éliminer, éteindre ou remplacer un gène. Facile et rapide, cette technique a un coût très faible. Applicable à n’importe quelle cellule (végétale, animale et humaine), elle utilise deux éléments combinés qui agissent comme des « ciseaux moléculaires » pour découper l’ADN.
« Les applications de cette technique de génie génétique sont nombreuses et, pour certaines d’entre elles, pourraient être extraordinaires », reconnaît Blanche Streb, docteur en pharmacie et directrice de la formation et de la recherche pour Alliance VITA dans son ouvrage Bébés sur mesure : le monde des meilleurs. « Ce n’est bien sûr pas la technique qui soulève des questions éthiques, ce sont les usages, et le choix du type d’êtres vivants ou de cellules concernés par des modifications ». Selon elle, « la ligne rouge est l’utilisation des techniques de modifications génétiques sur l’embryon ou les gamètes ». En effet, « puisqu’il est possible d’agir sur un ou plusieurs gènes, il sera possible de sélectionner certains critères à ajouter ou à retirer d’un embryon ».
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Dans le détail, aux premiers stades du développement de l’embryon, il est impossible de faire la distinction entre ce qui deviendra les cellules somatiques et ce qui deviendra les cellules germinales (les spermatozoïdes et ovocytes, ndlr). Si la modification du génome appliquée sur des cellules somatiques ciblées (cellules d’un adulte, consentant) ne soulève pas ou peu de problèmes éthiques, ce n’est pas le cas pour celle des cellules germinales : toucher au matériel génétique des cellules germinales d’un individu, cela revient à introduire une modification non seulement dans son génome mais également dans celui de toute sa descendance.
Que dit la loi ? En France, l’article 16-4 du code civil (« Nul ne peut porter atteinte à l’intégrité de l’espèce humaine. ») et L 2451-2 du code de la santé publique interdit toute modification du patrimoine héréditaire de l’espèce humaine. La convention d’Oviedo, ratifiée par près de 30 pays dont la France mais non par la Chine, les États-Unis et le Royaume-Uni, interdit toute modification volontaire du génome humain. « Les interventions sur le génome humain ne peuvent être entreprises que pour des raisons préventives, diagnostiques ou thérapeutiques et seulement si elles n’ont pas pour but d’introduire une modification dans le génome de la descendance », précise la convention.
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