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Ces expressions qui ont une origine biblique : « S’en laver les mains »

PONCE PILATE

Domaine Public

Axelle Partaix - publié le 23/11/18

Découvrez ces expressions que nous utilisons depuis notre plus jeune âge. Certaines ont tellement imprégné notre culture qu’on ne soupçonne pas qu’elles puissent avoir une origine biblique.

Coponius, Marcus Ambivius, Annius Rufus, Valerius Gratus… Il est fort probable que ces noms ne vous évoquent rien à moins que vous ne soyez férus d’histoire antique ! Pour les non-spécialistes, l’Histoire n’a retenu que le nom de Ponce Pilate, cinquième de cette liste chronologique des préfets romains de la province de Judée au Ier siècle. Son rôle dans la condamnation à mort de Jésus lui a valu une notoriété que n’ont connue ni ces prédécesseurs ni ses successeurs et son nom est l’un des trois noms propres (avec Marie et Jésus) inscrits dans la profession de Foi des Chrétiens, le symbole des apôtres comme celui de Nicée-Constantinople. C’est aussi lui qui est à l’origine de l’expression s’en laver les mains.


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Cette expression très imagée, qui signifie se désintéresser, s’exonérer de toute responsabilité sur ce qui peut arriver par la suite, a pour point de départ une situation bien concrète.

Après son arrestation et sa comparution devant le sanhédrin (l’assemblée des grands prêtres), Jésus est amené devant Ponce Pilate. En effet, les autorités juives n’avaient pas le droit de mettre quelqu’un à mort (Jn 18, 31), nul doute que sinon, elles se seraient passées d’un procès romain, étape indispensable pour se débarrasser de Jésus. Pilate est étonné par le comportement du Christ qui ne cherche pas à se défendre. Bien conscient que c’est la jalousie qui a conduit les grands prêtres à lui livrer Jésus (“moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation”), le gouverneur cherche à trouver des compromis pour le faire libérer. Saint Matthieu rapporte également l’intervention de sa femme qui le presse de ne rien entreprendre contre Jésus, ce juste dont l’innocence lui a été révélée en songe (Mt 27, 19). Mais la vindicte populaire est la plus forte, Pilate se montre incapable de tenir tête aux représentants des juifs et à la foule et finit par céder. Pour se désengager de la responsabilité de la condamnation à mort de Jésus, il se lave les mains en public, donnant lui-même l’explication de ce geste :

“Pilate, voyant que ses efforts ne servaient à rien, sinon à augmenter le tumulte, prit de l’eau et se lava les mains devant la foule, en disant : “Je suis innocent du sang de cet homme : cela vous regarde !“”(Mt 27, 24)

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Le peuple assume la condamnation avec une réponse glaçante : “Son sang, qu’il soit sur nous et sur nos enfants !” (Mt 27,24)

Un personnage ambigu

Si le procès de Jésus est relaté dans les quatre Évangiles, seul saint Matthieu rapporte l’épisode où Pilate se lave les mains. Dans son analyse psychologique sur le comportement du gouverneur romain lors du procès de Jésus (Revue des sciences philosophiques et théologiques 2010/4), le professeur Roger Gil développe : “Il se prépare à faire un acte grave à l’égard d’un autre être humain par une décision qui fait de lui l’agent direct de la mort. La transgression morale qu’il s’apprête à faire déclenche chez lui une aversion émotionnelle, un mal confort qui le conduisent à un lavement de mains, geste certes symbolique mais qui a aussi sa réalité “physique”. Cette aversion émotionnelle est de l’ordre du dégoût qui permet de protéger le corps de ce qui peut attenter à sa pureté…”.

Dans son ouvrage Ponce Pilate (Fayard 2016), l’historien et juriste italien Aldo Schiavone affirme par contre qu’il est “impossible de croire un seul mot du récit du lavement des mains” car ce rite, typiquement juif, était parfaitement étranger à la culture religieuse et juridique du préfet romain.


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Toujours est-il que depuis la Passion du Christ, l’ambiguïté du personnage n’a cessé d’intriguer. A-t-il condamné Jésus par lâcheté en ayant peur des conséquences s’il s’opposait aux grands prêtres ? Ou celui que Tertullien qualifiait de “chrétien de cœur” cherchait-il à sauver le Christ sans humilier ceux qui lui faisaient face ? Pilate a été en tout cas un instrument essentiel de la Passion et de la Résurrection du Christ. Des écrits apocryphes des premiers siècles de notre ère (Actes de Pilate) aux ouvrages plus récents (dont L’Évangile selon Pilate, éd. Albin Michel, 2000), la figure de l’ancien préfet de Judée continue d’être une source d’inspiration pour auteurs et romanciers.

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