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Ernst Jünger, un écrivain à la bataille des Éparges

Ernst Juenge
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Margot Giraud - publié le 05/11/18
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Pour commémorer le centenaire de l’armistice, Emmanuel Macron effectue un itinéraire mémoriel du 4 au 9 novembre dans les hauts lieux de la Grande Guerre, traversant le nord-est de la France. Il fait étape mardi aux Éparges (Meuse), lieu d’une terrible bataille à laquelle a participé Ernst Jünger, l’écrivain allemand le plus lu des Français.Mardi 6 novembre, Emmanuel Macron devrait prononcer une allocution sur les lieux de la bataille des Éparges (Meuse), “un choix du coeur” puisque l’un de ses écrivains préférés, Maurice Genevoix, y fut grièvement blessé pendant la Grande Guerre. C’est aussi sur ce terrible champ de bataille que s’illustra l’Allemand Ernst Jünger dont Orages d’acier, est l’un des premiers témoignages littéraires de la Grande Guerre, guerre que l’auteur a vécu du début à la fin.

Matrice littéraire et spirituelle

Son autobiographie composée à partir des quinze carnets qu’il a noircis durant le conflit — et qu’il a d’abord voulu appeler “Le Rouge et le Gris” en hommage a Stendhal — l’a rendu célèbre des deux côtés du Rhin. Retour sur l’itinéraire militaire, littéraire et spirituel de l’écrivain. “Le livre d’Ernst Jünger sur la guerre de 14, Orages d’acier, est incontestablement le plus beau livre de guerre que j’ai lu, d’une bonne foi, d’une honnêteté, d’une véracité parfaites”, affirme André Gide. Ce premier ouvrage est le premier d’une série de romans inspiré par l’expérience de la Première Guerre mondiale : La Guerre comme expérience intérieure (1922), Lieutenant Sturm (1923), Le Boqueteau 125, chronique des combats de tranchée (1925) ou encore Feu et sang – Bref épisode d’une grande bataille (1925), preuve que la Grande Guerre a marqué sa vie autant que son œuvre. Âgé de 19 ans en 1914, Ernst Jünger se porte volontaire dès que la mobilisation est déclarée, est blessé quatorze fois, avant de recevoir la plus haute décoration de l’armée allemande.



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Outre la description des conditions des soldats dans les tranchées et les passages épiques, ses écrits sont le lieu de réflexions philosophique et spirituelle. Bien qu’il se dise alors athée, la guerre lui révèle que sans Dieu, l’homme demeure dépourvu de repères moraux. Pendant la Seconde Guerre mondiale où il est aussi mobilisé, il rédige La Paix, appel à la jeunesse d’Europe et à la jeunesse du monde essai “très imprégné de valeurs chrétiennes” selon Julien Hervé, son traducteur et biographe. Lui même évoquait à propos de son œuvre “un ancien et un nouveau testament”, étant passé d’un écrivain de l’action à un auteur plus contemplatif. Néanmoins, son itinéraire spirituel relève plus de la courbe que de la ligne droite.

Une conversion controversée

Ces 102 ans de vie sont couronnés par une conversion au catholicisme. Mais tous ne voit pas en Ernst Junger un catholique fervent : il se serait ainsi converti par conformisme, voire par pure commodité, parce qu’il n’y avait aucun pasteur dans son village pour s’occuper de son enterrement. Mais c’est deux ans avant sa mort et en pleine possession de ses facultés que l’écrivain demande la conversion, “aboutissement d’un long processus de maturation spirituelle”, comme l’a expliqué son curé, le Dr Niebel.
Alors qu’il a été élevé dans un protestantisme libéral, Ernst Jünger se demande à la naissance de son fils en 1934 si ce dernier doit recevoir le baptême catholique. Certains de ses romans de la maturité mettent en scène des prêtres et des cérémonies religieuses comme Le Coeur aventureux, Les falaises de marbre (1939) ou encore Heliopolis (1949). Mais en parallèle, il interroge la divinité du Christ avec les protestants rationalistes modernes, et co-fonde une revue revendiquant une spiritualité davantage mythique que christologique, Antaios. Bien que marqué par le syncrétisme et les contradictions, la quête du sacré de l’écrivain est palpable : Ernst Jünger aura choisi son propre centenaire pour sa conversion.
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