Pour commémorer le centenaire de l’armistice, Emmanuel Macron effectue un itinéraire mémoriel du 4 au 9 novembre dans les hauts lieux de la Grande Guerre, traversant le nord-est de la France. Il fait étape mardi aux Éparges (Meuse), lieu d’une terrible bataille à laquelle a participé Ernst Jünger, l’écrivain allemand le plus lu des Français.Mardi 6 novembre, Emmanuel Macron devrait prononcer une allocution sur les lieux de la bataille des Éparges (Meuse), “un choix du coeur” puisque l’un de ses écrivains préférés, Maurice Genevoix, y fut grièvement blessé pendant la Grande Guerre. C’est aussi sur ce terrible champ de bataille que s’illustra l’Allemand Ernst Jünger dont Orages d’acier, est l’un des premiers témoignages littéraires de la Grande Guerre, guerre que l’auteur a vécu du début à la fin.
Matrice littéraire et spirituelle
Son autobiographie composée à partir des quinze carnets qu’il a noircis durant le conflit — et qu’il a d’abord voulu appeler “Le Rouge et le Gris” en hommage a Stendhal — l’a rendu célèbre des deux côtés du Rhin. Retour sur l’itinéraire militaire, littéraire et spirituel de l’écrivain. “Le livre d’Ernst Jünger sur la guerre de 14, Orages d’acier, est incontestablement le plus beau livre de guerre que j’ai lu, d’une bonne foi, d’une honnêteté, d’une véracité parfaites”, affirme André Gide. Ce premier ouvrage est le premier d’une série de romans inspiré par l’expérience de la Première Guerre mondiale : La Guerre comme expérience intérieure (1922), Lieutenant Sturm (1923), Le Boqueteau 125, chronique des combats de tranchée (1925) ou encore Feu et sang – Bref épisode d’une grande bataille (1925), preuve que la Grande Guerre a marqué sa vie autant que son œuvre. Âgé de 19 ans en 1914, Ernst Jünger se porte volontaire dès que la mobilisation est déclarée, est blessé quatorze fois, avant de recevoir la plus haute décoration de l’armée allemande.
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Outre la description des conditions des soldats dans les tranchées et les passages épiques, ses écrits sont le lieu de réflexions philosophique et spirituelle. Bien qu’il se dise alors athée, la guerre lui révèle que sans Dieu, l’homme demeure dépourvu de repères moraux. Pendant la Seconde Guerre mondiale où il est aussi mobilisé, il rédige La Paix, appel à la jeunesse d’Europe et à la jeunesse du monde essai “très imprégné de valeurs chrétiennes” selon Julien Hervé, son traducteur et biographe. Lui même évoquait à propos de son œuvre “un ancien et un nouveau testament”, étant passé d’un écrivain de l’action à un auteur plus contemplatif. Néanmoins, son itinéraire spirituel relève plus de la courbe que de la ligne droite.