En séparant la célébration de la paix de la victoire militaire qui l’a obtenue, l’écrivain se demande si le centenaire du 11 novembre 1918 n’honore pas une nation déconstruite et une paix artificielle.
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“Réclamer la victoire et ne pas avoir envie de se battre, je trouve cela mal élevé”, écrivait Péguy au seuil de la Grande Guerre. Cent ans plus tard, se croire supérieur au reste de monde et refuser d’assumer la victoire, on peut trouver cela, de la part d’un jeune Président de la République, franchement regrettable.
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Au vrai, en refoulant le côté militaire et victorieux du 11 novembre, Emmanuel Macron ne fait pas autre chose que ses immédiats prédécesseurs : on se souvient d’un récent Premier ministre français impliqué dans la commémoration de Trafalgar et oubliant celle d’Austerlitz, ou d’un Président plus récent encore organisant des galipettes inconvenantes sur les tombes de Verdun sans avoir un mot pour les poilus qui défendirent, parfaitement conscients de ce qu’ils faisaient, la liberté de la France. Emmanuel Macron se coule dans le triste moule. Pour ce coup, il ne fait rien de neuf.
Nos aînés combattants
D’où vient cette curieuse discrétion et cette étrange amnésie ? D’une capitulation à l’air du temps. La mode voudrait que la France fût de tout temps petite et compromise. Le soft power américain a gagné la partie : pour le commun des hommes, c’est l’Amérique qui a gagné la Grande Guerre. Il n’y a plus que les experts pour savoir que la France a, de loin, consenti le plus grand effort et apporté la plus grande contribution à la victoire.
La France s’est construite à coups d’épée : refouler cette évidence revient à la déconstruire, et au passage à humilier nos aînés combattants, qui savaient très bien pour quelle cause ils se battaient.
L’ultime ordre du jour
S’agissant du centenaire que nous allons fêter, mieux vaut nous remettre à celui qui reste le plus légitime à parler de cette guerre, le commandant en chef des forces alliées. Voici l’ordre du jour que le maréchal Foch adressa aux Armées le 12 novembre 1918 :
“Officiers, sous-officiers et soldats des armées alliées, après avoir résolument arrêté l’ennemi, vous l’avez pendant des mois, avec une foi et une énergie inlassables, attaqué sans répit. Vous avez gagné la plus grande bataille de l’Histoire, sauvé la cause la plus sacrée : la liberté du monde. Soyez fiers, d’une gloire immortelle vous avez paré vos drapeaux, la postérité vous garde sa reconnaissance.”
De grâce, n’ajoutons rien !
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