Le pape François a quitté l’Italie en avion le 22 septembre pour se diriger vers les pays baltes. Au cours de ce voyage de quatre jours, le Souverain pontife visitera trois pays, dont la Lituanien, un pays évangélisé tardivement.François est le deuxième pape à se rendre en Lituanie. Jean-Paul II a visité ce pays balte en 1993, trois ans après son indépendance. A l’époque, sa venue avait été considérée comme un événement majeur pour un pays qui sortait de l’occupation soviétique et dont la société avait subi une sécularisation particulièrement agressive. Depuis, la liberté religieuse retrouvée a provoqué une effervescence particulière dans la population : des milliers de croix ont été érigées sur les chemins, dans les habitations des campagnes et dans les lieux de mémoire. En 2001, lors du recensement, 79% de la population s’est déclarée catholique. Même si une légère baisse a été observée depuis (77%).
Néanmoins, d’après l’historienne de l’Eglise et ancienne ambassadrice près du Saint-Siège, Irena Vaišvilaite, le niveau de pratique religieuse reste faible et se résume à la célébration des grandes fêtes religieuses et de grands événements de la vie comme le mariage et l’enterrement. Toujours, d’aprèsIrena Vaišvilaite, depuis quelques années, le catholicisme en Lituanie subit une crise culturelle et démographique qui touche la campagne. La foi s’urbanise et les grandes villes comptent des communautés catholiques dynamiques.
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Le christianisme en Lituanie présente quelques particularités. La première, et non des moindres, c’est que la Lituanie est le dernier pays d’Europe à avoir été christianisé. Cachés derrière les forêts et les marais, les territoires baltes étaient difficilement accessibles aux missionnaires. Le grand-duc lituanien Jaggelon n’a été baptisé qu’en 1387. C’est à partir de là que la christianisation a pris de l’ampleur.
Autre particularité, le culte de la Mère de Dieu a connu une ferveur particulière dès le début du christianisme en Lituanie. D’après Vaišvilaite, son incroyable succès est dû à sa popularité parmi les orthodoxes voisins. En parallèle, le culte marial a connu un essor important en Occident à cette époque. Dans la Lituanie à peine christianisée, les premières églises étaient consacrées à la Mère de Dieu. Les hymnes et les chants qui lui étaient dédiés retentissaient dans les églises et dans les chaumières les plus pauvres. Des milliers de femmes et de filles portaient alors le prénom de Marie.
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Au XVIIe, siècle particulièrement marqué par les controverses de la Réforme, le culte de Marie a connu un regain : les Franciscains, les Dominicains, les Jésuites et les Carmélites particulièrement influents propageaient le culte de la Vierge sous différentes formes : le rosaire, les processions, les fraternités du scapulaire, etc. Le culte de la Mère de Dieu s’est renforcé grâce aux images données et offertes aux lieux de vénérations par les papes et les souverains grecs.
C’est au XVIIe siècle que l’Apparition de Marie a eu lieu à Šilava. Les légendes tardives la situent avant l’Apparition de Lourdes. Une belle femme portant un enfant est apparue aux petits bergers. Le document de la fondation et le trésor de l’église furent découverts ensuite. La chapelle en bois fut érigée plus tard aussi. Un véritable essor du pèlerinage à Šilava, le Lourdes de la Lituanie, commence au début du XXe siècle, entre les deux Guerres, quand Vilnius est « passé » aux mains des polonais. Les Lituaniens ont alors perdu l’accès à La Porte d’Aurore (Aušros Vartai) qui abrite l’une des icônes mariales miraculeuses des plus importantes : François y priera lors de la première journée de sa visite.
Une autre Apparition de la Mère de Dieu (XIXe siècle) est à l’origine d’un autre lieu de pèlerinage très célèbre de la Lituanie – la Colline des croix (Kryžių kalnas). Selon la légende, la Vierge qui est apparue aux enfants et au berger a ordonné d‘ériger les croix, symbole de la force, sur la colline. Après le déclin du christianisme rural, les lieux du pèlerinage marial restent très populaires parmi les jeunes croyants.