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L’itinéraire spirituel du roi de Belgique Baudouin (1930-1993) et de son épouse, Fabiola (1925-2014) est un vrai roman d’amour, tout inspiré par l’Évangile et la foi. Comme chacun de nous, Baudouin et Fabiola ont connu des épreuves à traverser, des rencontres, des joies, qui peu à peu ont construit leurs personnalités puis les valeurs de leur amour. Leur foi commune, leur attention aux autres, ont été, semble-t-il, leur soleil et le plus bel atout de leur union.
Deux enfances difficiles
Tous deux ont eu une enfance difficile. Celle de Baudouin marquée par les deuils accidentels de son grand-père Albert Ier de Belgique et de sa maman, la reine Astrid tant aimée de Belges. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la famille royale n’a pas été épargnée par les bombardements, les routes de l’exode, la déportation sous l’occupation nazie, puis la prison pour connivence avec l’ennemi, l’exil. En même temps le remariage du père de Baudouin et l’arrivée d’une belle-mère inconnue dans sa vie d’adolescent ont ajouté des épreuves personnelles à celles de sa famille durant la guerre.
Après la démission forcée de son père, Baudouin est devenu le roi des Belges, mais un jeune roi triste, seul, marqué par son passé et toujours sous les projecteurs des journalistes avides de publier en exclusivité des projets de mariages royaux inventés, ou pire, d’aventures sordides que la presse « people » lui attribuait sans vergogne.
Fabiola n’a pas eu elle non plus une enfance facile. Sixième enfant d’une famille nombreuse, elle vivait à Madrid dans un palais somptueux où le roi d’Espagne aimait venir jouer au bridge avec ses parents et admirer leurs nouvelles acquisitions de tableaux de maîtres tels que Watteau, Fragonard et bien d’autres. Des concerts de qualité réunissaient régulièrement dans leur grand salon la haute société madrilène. Éducation artistique, littéraire, musicale mais aussi essentiellement chrétienne, tournée vers la prière et l’aide aux autres. Tous les soirs parents, enfants et domestiques se réunissaient pour prier, jusqu’au jour où l’avènement du Front populaire en Espagne et de la guerre civile a obligé toute la famille à s’exiler en Suisse. Fabiola adolescente a pu suivre des études chez des religieuses et surtout communiquer à son entourage sa joie de vivre malgré l’adversité.
Des joies et des épreuves
Comment un roi demeurant à Bruxelles et une jeune femme attachée à sa ville de Madrid ont-ils pu un jour se rencontrer dans des conditions inimaginables et se marier ? C’est une histoire follement romanesque qu’on aurait peine à croire si elle n’avait pas été racontée par le cardinal Suenens, archevêque de Malines-Bruxelles, textes à l’appui. Une magnifique histoire d’amour vécue sous le regard de Dieu.
Après leur mariage, en tant que roi et reine des Belges, leur vie à la tête d’un royaume souvent divisé par des ennemis de la royauté, s’est voulue totalement au service des autres, des plus malheureux, spécialement de ceux qui avaient été touchés par des désastres nationaux (inondations, accident d’avion, etc.). Ils rêvaient d’avoir une famille nombreuse. Cinq fois Fabiola a été enceinte. Cinq fois elle a perdu son enfant après plusieurs mois de grossesse et d’espoir. Avec leur foi, ils ont accepté puis transcendé cette épreuve, en avançant « au large », à leur façon, malgré l’hostilité de groupes d’extrême-gauche qui organisaient sous leurs fenêtres des manifestations exigeant la démission de ce couple royal sans « prince héritier ». Leur amour et un grand souci de communication entre eux leur ont permis de résister à ces pressions cruellement ressenties.
L’adoption de la loi sur la légalisation de l’IVG a été, pour eux peut-être plus que pour d’autres, une grande souffrance. Ils avaient expérimenté si tristement tous deux, le prix de la vie et de la mort d’un embryon. Ensemble ils ont su adopter une attitude courageuse et inédite dans l’histoire de la Belgique… et du monde entier.
L’eucharistie quotidienne
Le témoignage de l’aumônier de la Cour de Belgique m’a permis de reconstituer une partie de leur vie spirituelle. Tous les jours de leurs vies, ils ont prié ensemble, ont partagé ensemble l’eucharistie, même dans des pays où les organisateurs de leurs voyages officiels, en URSS par exemple, ont eu beaucoup de peine à leur trouver une messe… sous les portraits de Staline et Lénine… Cette eucharistie quotidienne durant toute leur vie de couple a été pour eux « le pain de la route ».
J’ai étudié de près les voyages officiels du roi et de la reine. Ils ont toujours voulu créer des liens avec les chefs d’État des pays qui les recevaient. J’ai spécialement travaillé en détails leurs déplacements à Paris où le Président de Gaulle tout autant que François Mitterrand les ont reçus avec tout l’apparat réservé aux chefs d’État. Dans son dernier discours, le Roi a démontré l’importance de la construction de l’Europe pour l’avenir et son attachement personnel à cette institution implantée et accueillie sur son territoire belge.
La mort du roi
En 1993, Baudouin, affaibli physiquement par une grave opération à cœur ouvert quelques années plus tôt, a pressenti sa mort prochaine. Fabiola l’a soutenu par son sourire, sa tendresse, ses projets et sa confiance dans la vie. Plus que jamais, en cette période, tous deux ont été proches et unis dans la prière. C’est dans leur maison de vacances à Motril, en Andalousie au bord de la mer, que Baudouin est mort subitement un jour de grande chaleur, terrassé par une crise cardiaque, le 31 juillet 1993.
La plupart des chefs d’État venus aux obsèques à Bruxelles ont été émus par le témoignage de foi de Fabiola, en robe blanche de fête, chantant avec sa famille la louange du Seigneur en ce jour où son époux avait rencontré Dieu pour l’éternité.
Pour le premier anniversaire de la mort de Baudouin, roi de « tous les Belges » quelles que soient leurs croyances ou leur morale, elle a organisé une messe au terme de laquelle elle a lu, en guise de dernier cadeau à son peuple, le texte qu’ils avaient répété ensemble à Dieu chaque jour depuis leur mariage, révélant ainsi au grand public les fondements de la vie spirituelle de leur couple et de leurs rapports humains aux autres.
Un témoignage contagieux
C’est avec beaucoup de joie, d’émotion, et de découvertes humaines, intellectuelles et spirituelles que j’ai pu pendant plusieurs mois m’attacher à ce couple qui a su assumer chrétiennement et d’un commun accord, les charges d’un royaume en une période où les valeurs traditionnelles connues dans leurs vies respectives commençaient à laisser place à des changements existentiels.
J’ai voulu faire suivre à mes lecteurs l’itinéraire spirituel de cet homme et de cette femme qui avaient choisi, dès leurs premières rencontres, de mettre Dieu et les paroles évangéliques au centre de leurs vies, malgré bien souvent une pluie de critiques dures à entendre. J’ai pu consulter de nombreux témoignages et vivre ainsi avec Baudouin et Fabiola le renouveau d’une Église post-conciliaire rajeunie et fervente, qui découvrait la spiritualité conjugale, la joie de la prière commune d’un homme et d’une femme unis par le sacrement de mariage et le bonheur de chanter chaque jour ensemble la louange du Seigneur.
Écrire ce livre a ravivé ma foi et a ravivé celle de mon entourage familial à qui j’ai pu l’offrir en primeur. Certains ont été passionnés par l’incroyable roman des premières rencontres de Baudouin et Fabiola, d’autres ont mieux compris le sacrement de mariage et enfin tous ont été touchés par la superbe photo de couverture de ce rayonnant couple royal qui nous laisse un témoignage d’amour fort.
Tout au long de l’écriture de ce livre, j’ai été soutenue et animée par cette phrase de l’évangéliste Matthieu (Mt 5, 13-10) : « On n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau : on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. » Puisse cette lumière briller longtemps et fortement pour les lecteurs de cette double biographie à partager en couple et en famille.