Connaissez-vous les martyrs des pontons de Rochefort ? Ce dramatique épisode de l’histoire de France s’est déroulé entre 1793 et 1794. En quelques mois, 829 prêtres ont été rassemblés dans deux anciens navires négriers et torturés. Un spectacle va commémorer cette année cet épisode funeste.Savez-vous où se trouve un des plus « grand(s) cimetière(s) de prêtres du monde » ? À Rochefort, en Charente-Maritime. C’est là que que ceux qu’on appelle les martyrs des pontons ont péri en 1793. 829 prêtres et religieux du nord de la France rassemblés au même endroit à partir de 1793 comme on ramasserait des déchets pour faire le ménage de la ville. Au printemps 1794, ils seront entassés dans deux navires : « Les Deux Associés » et « Le Washington » en partance pour la Guyane. Seulement, la situation complexe à Paris retarde le départ, les navires ne quitteront pas l’estuaire de Rochefort. Ils se transforment alors, en camps de concentration : tortures, maladies, menaces, avanies… Le décès devient lui-même une épidémie.
Louis Chasseriau, jeune diacre de 36 ans, fraîchement ordonné dans le diocèse de La Rochelle et Saintes est l’initiateur d’un spectacle à Rochefort qui retrace cet épisode. Pour lui, cette histoire se déroule à travers le filtre de la fraternité. Car, sont réunis sur le bateau tout style d’homme : des prêtres qui ont quitté le sacerdoce, des réfractaires, des jureurs qui ont prêté serment à la Constitution civile du Clergé : « À tout moment cela aurait pu exploser et pourtant ils s’édifient ensemble. La fraternité et la fidélité dont ils ont fait preuve est saisissante ». À bord, les épidémies deviennent nombreuses : l’équipage risque d’être contaminé. Les prêtres sont déposés sur l’île Madame pour être soignés, mais il y a peu de survivants… Les déportations continueront d’exister jusqu’en 1802. En 1995, Jean-Baptiste de Souzy et 63 de ses compagnons présents sur les bateaux sont béatifiés par Jean Paul II.
Ce que le passé nous apprend sur le présent
À Rochefort comme ailleurs, cette page de l’histoire semble être déchirée. Un vent glacial a effacé des mémoires cet épisode tragique. Le diacre trentenaire espère raviver les mémoires. De fait, il regrette : « Il n’y a pas d’identité chrétienne autour de cet épisode. À Lisieux il y a une spiritualité propre autour de sainte Thérèse, et des chrétiens s’y nourrissent. Pas à Rochefort ». L’enjeu de ce spectacle se situe ici pour ce futur curé : « Je souhaiterais que les spectateurs repartent avec un sentiment de gratitude face aux témoignages des prêtres ». Il rappelle en effet que cet épisode dramatique « est une source à laquelle les chrétiens doivent s’abreuver ».
Pratique :
Le spectacle « Le Chemin du Ciel » sera joué la veille d’un pèlerinage qu’organise le diocèse de La Rochelle et Saintes en mémoire des martyrs des pontons de Rochefort, le 29 août à 20H30 en l’église Saint-Louis de Rochefort.