Les vacances estivales sont l'occasion de découvrir les monuments religieux (églises, abbayes, chapelles) des pays ou des régions que nous visitons. La fréquentation de tels lieux n'est pas seulement un plaisir pour les sens. Elle conforte également notre foi. En plus d'admirer le génie des bâtisseurs, nous nous imprégnons de celle qui a motivé les concepteurs, les ouvriers et les commanditaires de ces édifices.
Communion des saints
En déambulant dans une cathédrale ou une église ordinaire, si nous pensons à ceux auxquels nous sommes redevables d'une telle beauté, nous nous sentons moins seuls dans notre attachement à Jésus-Christ. Soudain, l'article du Credo "Je crois à la communion des saints" nous apparaît sous une lumière nouvelle. Nous prenons alors conscience que nous sommes les maillons d'une immense chaîne mystique de pèlerins qui court sur plusieurs siècles. Les constructeurs des cathédrales avaient pensé à nous en élevant leurs flèches vers le ciel. Eux aussi se savaient les héritiers d'une Tradition à laquelle ils devaient le trésor de leur foi. En faisant surgir de terre le chef-d'œuvre religieux, ils désiraient à la fois poser un geste de gratitude envers Dieu et leurs ascendants, et porter simultanément témoignage à la postérité afin que leurs descendants bénéficient de l'inestimable richesse que Jésus avait léguée à son Église.
Ainsi, le tourisme religieux se transforme-t-il en action de grâce pour cette chaîne ininterrompue de témoins qui nous ont précédés et nous ont légué la foi — cette foi qui est, selon l'auteur de l'épître aux Hébreux, « le moyen de posséder déjà ce que l'on espère et de connaître des réalités qu'on ne voit pas » (He 11, 1).
Continuité historique
Une église n'est pas un musée. Pénétrer dans un édifice religieux ne constitue pas non plus un moyen d'entretenir la nostalgie d'un temps de chrétienté. Certes, il est légitime parfois de regretter les périodes où la religion, et les pratiques qu'elle commandait, étaient évidentes, et faisaient partie du paysage. Sous ce rapport, force est de constater que notre monde a considérablement changé. La visite d'une cathédrale est capable de faire regretter cette évolution. Cependant, comme il convient de ne pas cultiver un esprit chagrin en vacances, le mieux à faire est encore de prier afin que le lien entre générations ne se rompe pas, et que nous autres, croyants du XXIe siècle, nous nous fassions les artisans de cette continuité historique qui devient chaque jour plus problématique.
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Rien de mortifère dans cette tâche. Pas plus que nous, nos aïeux ne désiraient retourner vers un passé fantasmé. En construisant ces monuments de pierre, c'est l'éternité qu'ils avaient d'abord à l'esprit. Bien sûr, les églises étaient moins vides de leur temps. Aussi étaient-ils moins obsédés que nous par la raréfaction des croyants. Le réflexe de comparer leur situation actuelle avec le passé ne les tenaillait pas.
Jeter l'ancre dans l'éternité
Chaque temps historique possède ses spécificités. Le nôtre est marqué par une apostasie massive. Ce n'est pas une raison pour cultiver compulsivement des regrets. À ce sujet, je me souviens d'une visite à l'église de Langeac, en Haute-Loire, qui possède une somptueuse mise au tombeau. C'était l'été. Un couple et leur enfant adolescent étaient entrés. Très respectueux. L'homme avait ôté sa casquette. Ils regardaient le groupe de statues retraçant l'ensevelissement de Jésus. Soudain, l'ado a questionné ses parents : « La personne couchée, qui est-ce ? » Ni la mère ni le père ne surent quoi lui répondre. Cet incident n'est pas isolé, même s'il donne le vertige. Il en dit long sur la perte de transmission de notre patrimoine culturel et religieux. Et je ne parle même pas de la foi !
Nos devanciers nous observent : ce qu'ils attendent de nous, ce n'est pas que nous marinions stérilement dans la nostalgie, mais que nous jetions plutôt l'ancre de la foi dans l'éternité afin d'assurer la perpétuation de l'incarnation de Jésus-Christ dans nos pauvres personnes – cette éternité sans laquelle ils n'auraient jamais eu le courage ni le désir de bâtir l'édifice que nous foulons d'un pas respectueux malgré nos tenues de vacanciers.
Prière à l'Esprit saint
De ces merveilles architecturales, remercions en premier lieu l'Esprit saint, qui est l'âme de l'Église. C'est lui qui a inspiré aux ouvriers tant de beauté : étant la troisième personne de la Trinité, celle qui scelle l'unité divine, l'Esprit est chargé de parachever la création, c'est-à-dire de la porter à la perfection dans les dimensions morale, spirituelle et esthétique. Enfin, n'oublions pas que la voie de la Beauté, la via pulchrum, constitue un moyen idéal pour aller à Dieu. Les vacances : le moment propice pour joindre le spirituel à l'agréable.