Auteur et réalisateur de films pour la télévision, Armand Isnard se confie à Aleteia sur son nouveau livre : la première biographie du père Jacques Hamel.
Assassiné le 26 juillet 2016 alors qu’il célébrait la messe en l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray, le père Jacques Hamel est progressivement devenu un symbole, un modèle. Alors qu’un procès en vue de sa béatification a été ouvert (la première audience s’est tenue le 20 mai 2017 et a été organisée par le postulateur de la cause, le père Paul Vigouroux), Armand Isnard publie la première biographie de ce prêtre. Entretien.
Aleteia : Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre ?
Armand Isnard : Après l’assassinat du père Hamel en juillet 2016, dans son église de Saint-Étienne-du-Rouvray, beaucoup de choses ont été dites et écrites dans les médias sur cet attentat, les conséquences d’un tel acte etc. Mais j’ai réalisé que personne n’avait évoqué l’homme, personne ne connaissait le père Jacques Hamel. Avec ce livre j’ai — modestement — voulu donner à découvrir qui était ce prêtre, ce curé de campagne. Son enfance, sa vocation précoce, sa générosité, son humilité, son service militaire en Algérie mais aussi son sacré caractère sont autant d’éléments qui permettent de comprendre le sens de son martyr (que seul son procès en béatification peut établir ndlr). Roselyne Hamel, la sœur de Jacques Hamel, m’a récemment confié : « Tous les jours, en lisant votre livre, j’avais l’impression d’être avec lui ». C’est la plus belle chose qu’on puisse me dire.
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Alors… qui était le père Hamel ?
Finalement ça a été l’une des difficultés de mon livre. Le père Hamel a eu une vie toute simple, claire, comme celle de nombreux curés de campagne il y a quelques années. Si sa sœur m’a expliqué qu’il s’était particulièrement ouvert ces dix dernières années, Jacques Hamel n’était pas un homme timide ; il témoignait surtout d’une grande humilité. En mettant de côté le drame de son assassinat, le père Hamel est un exemple pour nous tous de simplicité, de profondeur. Plus il avançait dans la vie, plus son dialogue avec Dieu était intense. Mais il n’en était pas moins un homme de ce monde à l’écoute des autres. En écrivant ce livre j’ai aussi découvert le caractère du père Hamel : il prenait facilement la mouche mais tout le monde lui pardonnait car il était capable de revenir sur ses positions.
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Que laisse-t-il derrière lui ?
Jacques Hamel est un exemple d’autant plus fort à l’époque dans laquelle nous vivons. Curé de paroisse, il a été au contact de nombreux paroissiens, croyants, non-croyants… Mais il est resté tel qu’il était. Jusqu’à ses 86 ans, il est resté authentique. Nous jouons tous la comédie à un moment donné de notre vie mais pas lui, il a été d’une sincérité totale. Il me fait penser à saint François d’Assise : la sainteté c’est notre vocation, il se s’agit pas d’accomplir des prodigues mais d’aimer, dans le concret de nos vies. Jacques Hamel a aimé, jusqu’à son dernier souffle. A titre personnel je pense souvent au père Hamel car mon quotidien m’en donne l’opportunité. En écrivant sur le père Hamel, j’ai découvert un ami.
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Assassiné il y a bientôt deux ans, le père Hamel est actuellement en cours de béatification. Le pape François a même confié qu’il priait pour qu’il devienne saint. Qu’en pensez-vous ?
Il a suivi une voie spirituelle faite d’humilité et de simplicité. Le père Hamel était riche de pauvreté. Dans son homélie de la fête de la Toussaint, le 1er novembre 2015, le père Hamel a déclaré : « Ils sont nombreux les saints que nous fêtons en ce 1er novembre. Nous en connaissons quelques-uns par leur nom. Ils sont fêtés dans le calendrier liturgique. Dans cette foule innombrable, beaucoup sont anonymes. On les croyait perdus, mais ils sont vivants, près de Dieu, participant à la plénitude de son amour. Ils ont cru et aimé au cœur de leur vie. C’est pourquoi ils sont proches de Dieu. La sainteté, c’est aussi notre vocation. » Le père Hamel a été vivant d’amour et est mort en martyr. Sa béatification est pour moi une évidence.
Père Jacques Hamel, Armand Isnard, Artège, juin 2018, 172 pages, 15,90 euros.