Le Te Deum, une hymne des premiers siècles, est encore très présente dans nos célébrations liturgiques.Dans les premiers siècles de l’Église, les chrétiens aimaient rédiger des poèmes ou des hymnes dans le seul but de rendre gloire à Dieu. Très souvent, ces poèmes et ces hymnes étaient psalmodiés au cours des différents offices, à la manière des psaumes.
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Certains ont traversé les siècles et sont encore usités à l’heure actuelle. C’est le cas du Te Deum, une hymne ancestrale qui tire son nom des premières paroles latines qui le composent : “À Toi, Dieu”. Écrite par un auteur inconnu, on l’attribue généralement à Nicétas de Rémésiana, un évêque du IVe siècle célèbre pour ses compositions, mais d’autres auteurs sont évoqués comme saint Ambroise — elle est d’ailleurs également connue sous le nom d’Hymnus Ambrosianus (hymne ambrosien) — ou encore saint Cyprien de Carthage. Par ailleurs, une légende voudrait qu’elle ait été composée lors du baptême de saint Augustin.
Te Deum de Jean-Baptiste Lully (1684)
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Texte français du Te Deum
À toi Dieu, notre louange !
Nous t’acclamons, tu es Seigneur !
À toi Père éternel,
L’hymne de l’univers.
Devant toi se prosternent les archanges,
les anges et les esprits des cieux ;
ils te rendent grâce ;
ils adorent et ils chantent :
Saint, Saint, Saint, le Seigneur,
Dieu de l’univers ;
le ciel et la terre sont remplis de ta gloire.
C’est toi que les Apôtres glorifient,
toi que proclament les prophètes,
toi dont témoignent les martyrs ;
c’est toi que par le monde entier
l’Église annonce et reconnaît.
Dieu, nous t’adorons :
Père infiniment saint,
Fils éternel et bien-aimé,
Esprit de puissance et de paix.
Christ, le Fils du Dieu vivant,
le Seigneur de la gloire,
tu n’as pas craint de prendre chair
dans le corps d’une vierge
pour libérer l’humanité captive.
Par ta victoire sur la mort,
tu as ouvert à tout croyant
les portes du Royaume ;
tu règnes à la droite du Père ;
tu viendras pour le jugement.
Montre-toi le défenseur et l’ami
des hommes sauvés par ton sang :
prends-les avec tous les saints
dans ta joie et dans ta lumière.
Quoi qu’il en soit, cette hymne datant très probablement de la fin du IVe ou du début du Ve siècle appartient depuis au patrimoine liturgique chrétien. Très vite elle fut intégrée à la liturgie des Heures et chantée dans les monastères avec les psaumes. Aujourd’hui encore, le Te Deum est chanté à la fin de l’office des lectures (Matines ou Vigiles) chaque dimanche en dehors de l’Avent et du Carême ainsi qu’aux jours des Fêtes et des Solennités. De plus, le Pape a pour habitude, tous les ans, de clôturer les vêpres du 31 décembre par un Te Deum d’action de grâces pour l’année écoulée.
Te Deum de Marc-Antoine Charpentier (1688)
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Le Te Deum est une très belle hymne qui permet de louer le Seigneur avec jubilation. Il arrive d’ailleurs qu’il soit utilisé hors du contexte liturgique pour célébrer des événements heureux. Dans de nombreux pays de tradition catholique, il est commun pour les autorités civiles d’assister à un Te Deum pour célébrer un événement important comme un couronnement, la prise de pouvoir d’un président, la signature d’un traité de paix ou pour marquer des dates historiques.
Par ailleurs, le Te Deum a donné lieu à de nombreuses mises en musique par les plus grands compositeurs tels que Lully, Charpentier, Haendel, Haydn, Mozart, Berlioz, Verdi, Bruckner ou encore Byrd pour ne citer qu’eux.
Te Deum de Wolgang Amadeus Mozart (1769)
Sans être nécessairement chanté, le texte peut être médité comme une prière. Cette doxologie solennelle rappelle le style des préfaces (elle inclut d’ailleurs le Sanctus) : les anges, les apôtres, les prophètes et les martyrs rendent gloire, avec l’Église de la terre, aux trois personnes divines ; les versets suivants résument l’œuvre de Salut du Christ. Enfin, l’hymne s’achève par une série d’appels empruntés aux psaumes.
Te Deum en grégorien
Texte en latin
Te Deum laudamus:
te Dominum confitemur.
Te aeternum patrem,
omnis terra veneratur.Tibi omnes angeli,
tibi caeli et universae potestates:
tibi cherubim et seraphim,
incessabili voce proclamant :
« Sanctus, Sanctus, Sanctus
Dominus Deus Sabaoth.
Pleni sunt caeli et terra
maiestatis gloriae tuae. »Te gloriosus Apostolorum chorus,
te prophetarum laudabilis numerus,
te martyrum candidatus laudat exercitus.
Te per orbem terrarum
sancta confitetur Ecclesia,
Patrem immensae maiestatis;
venerandum tuum verum et unicum Filium;
Sanctum quoque Paraclitum Spiritum.
Tu rex gloriae, Christe.
Tu Patris sempiternus es Filius.
Tu, ad liberandum suscepturus hominem,
non horruisti Virginis uterum.
Tu, devicto mortis aculeo,
aperuisti credentibus regna caelorum.
Tu ad dexteram Dei sedes,
in gloria Patris.
Iudex crederis esse venturus.
Te ergo quaesumus, tuis famulis subveni,
quos pretioso sanguine redemisti.
Aeterna fac
cum sanctis tuis in gloria numerari.
Salvum fac populum tuum, Domine,
et benedic hereditati tuae.
Et rege eos,
et extolle illos usque in aeternum.
Per singulos dies benedicimus te;
et laudamus nomen tuum in saeculum,
et in saeculum saeculi.
Dignare, Domine, die isto
sine peccato nos custodire.
Miserere nostri, Domine,
miserere nostri.
Fiat misericordia tua, Domine, super nos,
quemadmodum speravimus in te.
In te, Domine, speravi:
non confundar in aeternum.