Un colloque international a réuni à Chambéry le week-end dernier des spécialistes du Saint-Suaire de Turin. Trente ans après sa datation au carbone 14, des scientifiques remettent en cause les conclusions de plusieurs laboratoires qui le font remonter au Moyen-Âge.Le Suaire de Turin continue d’intriguer et de passionner les scientifiques du monde entier. Pour certains, il s’agit bien du tissu dans lequel Joseph d’Arimathie a enveloppé le corps du Christ, tandis que pour d’autres, il est simplement une invention du Moyen-Âge. En 1988, une analyse au carbone 14 menée par plusieurs équipes de scientifiques semblait régler la question. Selon les résultats de trois laboratoires différents, le tissu daterait de la période comprise entre 1260 et 1390.
Or, selon Vatican Insider, ces datations sont aujourd’hui remises en question. Le sujet a été à nouveau discuté par le comité scientifique du CIS (Centre international de sindonologie), une institution spécialisée dans l’étude du linceul de Turin, lors de sa réunion annuelle les 5 et 6 mai à Chambéry. Non seulement de nouvelles investigations sur le linceul pourraient remettre en cause l’hypothèse d’un tissu inventé au Moyen-Âge, mais les conditions du test de 1988 sont aussi de plus en plus critiquées.
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D’infinies précautions
Paolo Di Lazzaro, directeur adjoint du CIS, explique que ce mode de calcul de datation présente pour le tissu « plus d’incertitudes que lorsqu’il s’agit échantillons solides (os, artefacts, etc.), en raison de la plus grande perméabilité de l’échantillon textile aux agents extérieurs (bactéries, moisissure, saleté) ». Beta Analytic, l’une des sociétés les plus renommées pour la datation au carbone 14, invite d’ailleurs à la prudence. Elle explique en effet que « les échantillons de textiles nécessitent plus de précautions que les autres matériaux ». Jusqu’au XVe siècle le linceul de Turin a été transporté dans des conditions inconnues. Et c’est sans compter qu’il a aussi échappé à un incendie en 1532.
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De plus, Paolo Di Lazzaro ajoute que la fiabilité des données est elle-même mise en cause. De fait, les trois laboratoires chargés de dater l’étoffe en 1988 (le Radiocarbon Accelerator Unit de l’Université d’Oxford, l’Université d’Arizona et l’Institut Fédéral de Technologie de Zurich) ont toujours refusé de partager leurs données, qui aurait pourtant permis à d’autres scientifiques de vérifier l’exactitude du calcul. Enfin, des tests antérieurs ont montré que selon les échantillons prélevés, les résultats produits étaient différents, ce qui pourrait indiquer la présence d’une contamination.
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Pour Paolo Di Lazzaro, tous ces faits témoignent d’un manque de transparence et d’une éthique professionnelle défaillante. Une opinion sévère qui pourrait ouvrir la voie à de nouvelles études ? Il est trop tôt pour l’affirmer.