Du 2 au 6 mai 2018, les Rencontres cinéma “Il est une foi” proposent une sélection de films autour du thème “Apocalypses”, celles du monde et des vies de chacun, en lien avec la foi.Le symbole d’une éclipse du soleil est-il l’élément le plus proche de ce que représente l’Apocalypse ? L’affiche épurée de la quatrième édition d’ “Il est une foi” frappe le regard par cette image éloquente, dont tout le monde a peur et qui place le mot “Apocalypses” entre ombres et lumières. Si l’apocalypse signifie la révélation, elle est aussi le symbole d’une crise, le jugement dernier, temps de la récolte, l’apogée du combat entre le bien et le mal, la frontière ultime entre le néant et la grâce jusqu’à la grande victoire du Seigneur Jésus-Christ. Qu’elle soit vécue au niveau collectif ou individuel, de nombreux films, et parmi eux de grands chef-d’œuvres, ont évoqué les différents aspects de la notion d’apocalypse, d’où le thème choisi au pluriel.
Après avoir réfléchi sur le Moyen Âge, sur la question de la vocation et celle des origines, l’Église catholique romaine de Genève (ECR) réunit à nouveau des personnalités, réalisateurs, philosophes, historiens d’art, autour d’une sélection pointue d’œuvres du septième art dans les salles des Cinémas du Grütli. Du 2 au 6 mai, ce seront vingt films, neuf débats et treize invités, pour débattre sur l’apocalypse, dont des films de Miyazaki, Tarkovski, Haneke, Kubrick ou encore Lars von Trier.
Et si la fin du monde était proche ?
Les symboles présents dans le livre de l’Apocalypse de saint Jean sont nombreux et ont nourri tout un imaginaire autour de cet événement à venir, de la Bête au cheval blanc, en passant par les cavaliers et la grande prostituée de Babylone. Nul ne sait l’heure à laquelle est annoncée le retour du Christ, pourtant, il faut s’y préparer. La fin du monde est-elle proche ? Comme le souligne le délégué général Geoffroy de Clavière, “ce dernier livre de la Bible est également le livre des “Révélations“, celui qui annonce un monde nouveau, lavé des péchés des hommes pour une renaissance transcendée”. Et de s’interroger “cette prophétie de la fin des temps est-elle une simple allégorie ou la prédiction réelle d’une destruction annoncée à laquelle l’humanité ne pourra échapper ?”
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Ces Rencontres cinéma n’ont pas l’ambition de se transformer en oiseau de mauvais augure, mais bien plus d’interroger à travers des oeuvres du septième art la manière d’évoquer l’apocalypse, de la vivre et de la comprendre.
Les plus grands cinéastes à l’honneur
Au programme, Les Harmonies Werckmeister du Hongrois Béla Tarr, un conte sur la quête de la lumière au sein de l’obscurité et du chaos, porté par la musique poignante de Mihaly Vig. Requiem pour un massacre d’Elem Kilmov, entre lyrisme et documentaire, s’inspire des sceaux de l’Apocalypse dans une Biélorussie en pleine seconde guerre mondiale. Tous deux proches de l’univers de Tarkovski, celui-ci demeure inégalable, tant par son attachement à l’espérance qu’à son génie cinématographique. Le film sélectionné du cinéaste russe est Le Sacrifice, qui sera suivi d’un débat en rapport avec le livre de l’Apocalypse mené par le jésuite Jean-Bernard Livio. Côté cinéma américain, le célèbre Apocalypse Now, de Francis Ford Coppola, puis Take shelter de Jeff Nichols, où il traite de l’épreuve amoureuse au moment où le héros doit affronter avec sa femme une immense tempête, viendra Soleil Vert de Richard Fleischer, qui nous plonge dans un avenir dystopique aux couleurs de la science-fiction jusqu’à une fin quasi christique. Enfin, Docteur Folamour de Stanley Kubrick, chef-d’œuvre d’humour noir sur fond d’apocalypse aux États-Unis, qui n’a rien perdu de son actualité. Un débat intitulé : “Un compte à rebours toujours recommencé ?” sera animé par le philosophe Serge Margel.
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Pour ce qui est du cinéma européen, notons Le Temps du Loup de Michael Haneke, Les Derniers Jours du Monde, des frères Larrieu, qui assureront eux-même le débat à l’issue de la projection, Le Septième Sceau d’Ingmar Bergman, mis en lumière par le débat “Un Bergman prophétique et symbolique ?”, conduit par le philosophe Philippe Sers, et enfin, le déroutant Melancholia de Lars von Trier, à l’occasion duquel l’historien d’art Dominique Radrizzani évoquera le thème “Spleen, bile noire et mélancolie”.
Autant de réalisateurs de génie qui ont perçu le mal qui ronge, provoque, annihile, réveille ou tue, alors que l’homme cherche la lumière et a été créé pour elle. Ces cinq jours seront assurément une belle plongée dans l’art, comme une confrontation aux ténèbres pour mieux percevoir les éclats de l’âme humaine jusqu’à gagner en espérance.
Les Rencontres Cinéma d’Il est une foi, du 2 au 6 mai 2018 à Genève, dans les salles des Cinémas du Grütli.