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Les religieuses seraient-elles exploitées ?

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Athénaïs Clicquot - publié le 06/03/18
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Dans son dernier numéro de mars, “Femmes, Église, monde”, le mensuel féminin de l’Osservatore Romano (le quotidien du Vatican), alerte sur le statut des religieuses mises au service d’évêques et de cardinaux. Dans un long article publié dans son mensuel féminin, “Femmes, Église, monde”, l’Osservatore Romano, pointe du doigt le travail quasiment “gratuit” des religieuses qui peut donner lieu à de véritables abus de pouvoir. “Les religieuses sont perçues comme des volontaires dont on peut disposer”, déclare sœur Cécile (nom d’emprunt).

Service ou servitude ?

Le fonctionnement d’une partie de l’Église est donc directement mis en cause. En effet, de nombreuses religieuses seraient ainsi utilisées presque “gratuitement” pour effectuer des tâches domestiques au service de cardinaux, d’évêques, dans les cuisines d’institutions religieuses ou pour des tâches éducatives, comme le catéchisme ou l’enseignement. Horaires non réglementés, rétributions minimes, voire inexistantes, les religieuses seraient souvent exploitées de manière abusive.


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Outre les tâches quotidiennes, une autre sœur témoigne de l’indifférence de certains à leur égard. Des religieuses ne sont même pas conviées à s’asseoir à la table des personnes qu’elles servent. « Un ecclésiastique peut-il envisager de se faire servir un repas par sa religieuse, avant de la laisser manger seule dans la cuisine, une fois qu’il a été servi ? Est-il normal qu’un consacré soit ainsi servi par une autre consacrée ? », s’interroge-t-elle. Si de nombreuses religieuses ressentent cette injustice, beaucoup d’entre-elles ont peur de parler. Se crée alors une “rébellion intérieure”, voire une “frustration” qui peuvent les conduire à la prise de médicaments. Une situation alarmante qui peut avoir de graves conséquences psychologiques.

Une responsabilité commune

Pour certaines sœurs, venues d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine, les histoires personnelles peuvent s’entremêler à ces situations. Dans certains cas, les sœurs ont pu bénéficier de l’aide des congrégations auxquelles elles appartiennent, ce qui joue psychologiquement sur elles. Les religieuses se sentent alors redevables et n’osent parler. L’Obsservatore Romano ajoute cependant que ces injustices ne sont pas toujours issues d’une autorité masculine. Parfois, ce sont les mères supérieures qui peuvent abuser de leur pouvoir.


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Si ces pratiques persistent à l’étranger, en France, elles sont extrêmement rares, selon sœur Véronique Margron, dominicaine de la Présentation et présidente de la Conférence des religieuses et religieux en France (Corref). Elle se réjouie cependant de voir que l’Église prend très au sérieux cette question et dénonce ces pratiques internes. Le pape François lui-même y fait écho dans la préface qu’il a rédigé à l’occasion de la sortie du livre de Maria Teresa Compte intitulé Dix choses que le pape François propose aux femmes. Il affirme : « Je suis inquiet de voir comment, y compris dans l’Église, le rôle de service auquel tout chrétien est appelé, dérive parfois, dans le cas des femmes, vers des rôles qui relèvent plutôt de la servitude ».

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