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Ces expressions qui ont une origine biblique : « Le bouc émissaire »

The Scapegoat
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Axelle Partaix - publié le 16/02/18
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Découvrez ces expressions que nous utilisons depuis notre plus jeune âge. Certaines ont tellement imprégné notre culture qu’on ne soupçonne pas qu’elles puissent avoir une origine biblique.

Le bouc émissaire

Voilà un rôle que personne ne souhaite avoir à endosser un jour ! Inévitablement associée à l’idée d’injustice, cette expression est utilisée pour désigner une personne (ou un groupe de personnes) sur laquelle on fait retomber les fautes des autres, une sorte de souffre-douleur, de victime expiatoire qui “paie pour tous les autres”. Il y a eu dans l’Histoire des boucs émissaires plus ou moins célèbres, coupables idéaux, comme l’exprime Georges Clemenceau pour décrire l’affaire Dreyfus : “Tel est le rôle historique de l’affaire Dreyfus. Sur ce bouc émissaire du judaïsme, tous les crimes anciens se trouvent représentativement accumulés.”

L’expression du “bouc émissaire” trouve son origine dans une pratique ancestrale de sacrifice animal, le rite d’expiation, décrit dans le Lévitique. Troisième des cinq livres composant le Pentateuque, ce livre tire son nom du terme “lévite”, prêtre hébreu issu de la tribu de Lévi, l’une des douze tribus d’Israël, et développe les règles morales et les rituels religieux prescrits par Dieu à Moïse.

C’est ainsi que l’on peut y lire que chaque année, le grand prêtre d’Israël tirait au sort deux boucs, l’un pour le Seigneur, l’autre pour Azazel, ange déchu, démon des lieux arides (Lévitique 16, 8). Le premier bouc était sacrifié en offrande à Dieu tandis que le second était envoyé vivant dans le désert (et donc vers une mort certaine) après que le grand prêtre ait posé ses mains sur sa tête, le chargeant ainsi symboliquement de tous les péchés des enfants d’Israël. Le rôle du bouc était donc de servir d’émissaire (du latin emittere : envoyer) et d’expier les fautes de la communauté. Le choix de l’animal n’était pas anodin, le bouc étant souvent associé à l’idée d’impureté, de luxure, de péché et d’activité démoniaque.

 “Il posera ses deux mains sur la tête du bouc vivant et il prononcera sur celui-ci tous les péchés des fils d’Israël, toutes leurs transgressions et toutes leurs fautes ; il en chargera la tête du bouc, et il le remettra à un homme préposé qui l’emmènera au désert.

 Ainsi le bouc emportera sur lui tous leurs péchés dans un lieu solitaire. Quand le bouc aura été emmené au désert” (Lévitique 16, 21-22)

Ce rite de l’expiation est devenu une fête juive très importante, le Yom Kippour, jour du Grand Pardon.

Le bouc émissaire, victime réconciliatrice

Le terme de bouc émissaire est progressivement rentré dans le langage courant et s’est popularisé vers la fin du XVIIe siècle. En sociologie, ce rituel a donné son nom à la théorie du bouc émissaire, concept central de l’œuvre de l’anthropologue français René Girard (1923-2015) et qui vise à expliquer le fonctionnement et le développement des sociétés humaines. La désignation d’un coupable a toujours soulagé les peuples, permettant aux sociétés de rétablir l’ordre et de se justifier en s’exonérant de leurs propres fautes. Le bouc émissaire joue alors le rôle de victime réconciliatrice. C’est ainsi que le grand prêtre Caïphe justifie la mort “nécessaire” de Jésus :

“Vous ne voyez pas quel est votre intérêt : il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple, et que l’ensemble de la nation ne périsse pas” (Jean 11, 50)

 

 

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