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Les chrétiens reconnaissent-ils leur baptême respectifs ?

BAPTISM WOMAN

Un baptême d'adulte, lors de la Vigile pascale, le 4 avril 2015, à Saint-Ambroise, à Paris.

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Isabelle Cousturié ✝ - publié le 30/01/18 - mis à jour le 13/01/23
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Qu’ils s’agissent de catholiques, d’orthodoxes, d’anglicans ou de protestants, il y a un seul baptême chrétien mais plusieurs interprétations dont la reconnaissance mutuelle est fondamentale dans le cas de conversions ou de mariages mixtes.

Selon les paroles de l’apôtre Paul aux communautés des disciples de Jésus-Christ :

"Il y a un seul Corps et un seul Esprit, de même que votre vocation vous a appelés à une seule espérance ; un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême ; un seul Dieu et Père de tous, qui règne sur tous, agit par tous, et demeure en tous" (Ep 4, 4-6).

Il n’y a donc qu’un seul baptême chrétien, mais celui-ci est interprété différemment par les Églises.

Baptême premier sacrement

Le baptême est le premier des sacrements chrétiens qui tire son origine des paroles du Christ. Le Christ qui a confié cette vie nouvelle à son Église, en même temps que l’Évangile, lorsqu’il a dit à ses apôtres "Allez de toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit" (Jn 3, 5).

Sans son administration préalable, il n'est pas possible de procéder aux six autres sacrements suivants : première communion et confirmation, Eucharistie, pénitence et réconciliation, sacrement des malades, sacerdoce et mariage. Et donc, indépendamment des divisions qui ont traversé les siècles, il est pour la grande majorité des Églises du Christ un mystère fondamental qui introduit le fidèle dans la communauté et lui permet d’avoir la vie dans l’amour et la grâce du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Les variantes

Cela dit, la valeur et la reconnaissance pratique du baptême varie selon les Églises : chez les catholiques et les orthodoxes, il permet au chrétien d'être sauvé, purifié du péché et de devenir enfant de Dieu. Chez les protestants – réformés, luthériens et baptistes - le baptême est seulement un signe (seul le sang de Jésus-Christ peut nous purifier de nos péchés). De plus, chez les luthero-réformés, qui pratiquent un baptême dit de confessants, c’est la grâce divine offerte à tous qui est mise en avant. D’où le baptême donné aux enfants, et leur qualification "pédobaptistes".  Chez les évangéliques, dans les Églises dites de "professants", c’est plutôt l’engagement personnel du croyant qui prime. Donc on ne baptise pas les jeunes enfants qui ne peuvent pas professer leur foi.

BAPTÊME, BÉBÉ

Valeur et validité

Pratiquement toutes les Églises chrétiennes reconnaissent la valeur et la validité du baptême des autres Églises grâce à de nombreuses et fructueuses discussions oecuméniques. La reconnaissance mutuelle est établie notamment entre l’Église catholique, l’Église anglicane et les Églises luthéro-réformées. Par contre la situation est plus complexe avec les Baptistes qui ne reconnaissent pas le baptême des petits enfants. Cette question constitue le cœur d'une discussion doctrinale importante entre les différents courants protestants issus de la Réforme de Luther au XVIe siècle, même si aujourd’hui, il faut le reconnaître, la tendance va vers une certaine tolérance au sein de ces différents courants.

Au niveau du rituel, dans toutes les traditions, le baptême se fait avec de l’eau, symbole de pureté et de vie, mais selon trois rituels différents : par immersion (le baptisé est plongé dans l’eau), par aspersion (quelques gouttes d’eau versées sur la tête du baptisé) ou par effusion (on verse de l’eau sur le baptisé). Si chez les catholiques, on préfère celui de l’immersion — pratique en hausse avec l’augmentation des baptêmes d’adultes — mais pratique plus facilement celui de l’effusion pour les bébés, les Églises orthodoxe préfèrent le baptême par immersion, totale ou partielle, puis on lui verse de l'eau sur la tête. Idem pour les Églises protestantes traditionnelles. En revanche, une seule forme est pratiquée par les Églises évangéliques (baptistes, pentecôtistes) : le baptême par immersion.

Surmonter les divisions de l’Église

La question de la reconnaissance mutuelle du baptême est l'un des défis les plus importants auxquels est confronté le mouvement œcuménique. Depuis plus de trente ans, les discussions sur le sujet se sont multipliées, aboutissant à des accords nationaux de taille dont celui en 2000 par sept églises de Pologne et celui "de Magdeburg" approuvé par onze Églises d'Allemagne en 2007, suivi la même année d’un autre aux Etats-Unis entre l'Église catholique romaine et quatre Églises de la Réforme : l'Église réformée chrétienne, l'Église presbytérienne des États-Unis, l'Église réformée d'Amérique et l'Église unie du Christ.

Ces accords ont donné vie au fameux document "Un seul baptême, vers une reconnaissance mutuelle" approuvé en 2010 par la commission Foi et Constitution du conseil œcuménique des Églises après plus de dix années de réflexion, renversant la dynamique de division qui tenait les communautés chrétiennes éloignées les unes des autres.

Conversion et mariage mixte  

Cette reconnaissance a une signification pratique importante. Tout particulièrement dans les cas de conversions entre les différentes Églises, et les cas de mariages mixtes. La validité du baptême, tel qu’il est conféré dans les différentes Églises orientales, ne fait aucun doute. Il suffit donc d’en prendre acte. Une personne de confession protestante, quelle qu’elle soit (luthéro-réformée, évangélique etc) peut devenir catholique. On ne parle alors pas de conversion comme un fidèle d’une autre religion mais d’entrée dans l’Église catholique.

La personne n’a donc pas à être rebaptisée, pour peu que le baptême qu’elle a reçu dans l’église protestante d’origine ait été un baptême trinitaire (ce qui n’est pas le cas des Mormons). Dans le cas d’un mariage mixte, les certificats de baptême des Églises respectives ne peuvent être remis en question ou considérés comme insuffisants pour la forme canonique du mariage. Et on ne peut en aucun cas parler d’un baptême œcuménique, mais seulement de "célébration œcuménique" du baptême, signifié par la présence d’un prêtre et d’un pasteur qui se partagent la liturgie.

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