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Un rarissime collier de l’ordre du Saint-Esprit mis aux enchères

Collier de l'ordre du saint esprit

© Pierre-Olivier Deschamps / Vu

Caroline Becker - publié le 26/01/18

Mardi 30 janvier, le Crédit municipal de Paris mettra en vente un collier ayant appartenu à l'un des chevaliers de l'Ordre du Saint-Esprit. Un évènement historique en raison de la rareté de ce type de vente.

Détruits, disparus, ou même dispersés dans les cours étrangères, les colliers de l’ordre du Saint-Esprit, symboles de l’Ancien régime, sont rares de nos jours. Le Crédit municipal de Paris a été choisi pour effectuer cette vente exceptionnelle. Réalisé sous la Restauration par Armand Ouizille et Guillaume Lemoine, tous deux bijoutiers du roi, il aurait sans doute été porté par le roi Charles X lors de son sacre en 1825. Il est estimé entre 25 000 à 30 000 euros.

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© Pierre-Olivier Deschamps / Vu

L’un des plus illustres ordres de chevalerie

L’ordre du Saint-Esprit, l’un des plus illustres ordre de chevalerie de l’Ancien régime, a été fondé par le roi Henri III en 1578. En raison de conflits à la fois religieux et sociaux qui secouaient le pays à cette époque, le roi souhaitait, à travers la création d’une nouvelle institution, s’attacher l’élite de ses sujets. Il existait, bien sûr, encore l’ordre de Saint-Michel — fondée par le roi Louis XI en 1469 et copie, presque exacte, de l’ordre de la Toison d’Or des bourguignons — mais la quantité trop importante des membres avait fini par rendre cet ordre moins prestigieux.

Placé sous l’égide du Saint-Esprit

Quel nom choisir pour ce nouvel ordre ? Attaché au Saint-Esprit à qui il vouait une vénération particulière, le roi décida de placer son ordre sous cet égide. Ce nom rappelait, entre autre, son élection au trône de Pologne en 1573 et son accession à la coursonne de France en 1574, tous les deux un jour de Pentecôte.

L’ordre, dont le chef était naturellement le roi, “chef et souverain grand maître”, était composé d’une centaine de membres catholiques ayant prouvé leur noblesse. Parmi eux, on comptait : neuf ecclésiastiques “les commandeurs”, quatre évêques, le grand aumônier de France, 87 chevaliers-commandeurs (qui avaient déjà reçu l’ordre de Saint-Michel), quatre grands officiers-commandeurs, un chancelier, un prévôt des cérémonies, un grand trésorier et un secrétaire greffier.

Les marques distinctives

Les “élus” avaient l’honneur d’être revêtus de marques distinctives prestigieuses. C’est ainsi que lors de grandes cérémonies, ils étaient dans l’obligation de porter un somptueux manteau noir en velours brodé de flammes et un collier d’or émaillé. Au quotidien, ils devaient porter une croix d’or à huit pointes suspendue à un beau ruban de couleur bleu céleste, mais également une broderie en argent reprenant la forme de la croix et cousue sur l’habit.

Manteau de l’ordre du Saint-Esprit
© Wikimedia commons
Manteau de l'ordre du Saint-Esprit conservé au Louvre.

C’est le grand maître, soit le roi lui-même, qui remettait directement au chevalier l’habit et le grand collier d’or émaillé, marquant ainsi son entrée dans l’ordre. Le grand collier d’or était uniquement “prêté” et devait être remis au grand trésorier suite au décès du chevalier.

Aboli en France en 1791 au cours de la Révolution française, l’ordre réapparaitra en 1814 sous la Restauration. Louis XVIII, pas réellement attaché à cette pratique, ne décora que des souverains étrangers au début de son règne. Avec la naissance d’Henri d’Artois, duc de Bordeaux — petit-fils du roi Charles X et prétendant à la couronne en tant que dernier représentant de la branche aînée et française de la maison de Bourbon — et l’élan d’espoir que cela suscita pour les monarchistes, Louis XVIII nomma régulièrement des chevaliers parmi les élites de France. C’est la cérémonie du sacre de Charles X — frère de Louis XVIII — à Reims, en 1825, qui redonnera à l’ordre toute sa splendeur. En effet, dès le lendemain, le nouveau roi organisera la première fête de l’ordre depuis la Révolution ! Un évènement exceptionnel qui marquera la renaissance de cet ordre prestigieux.

De l’ordre du Saint-Esprit à la Légion d’honneur

Dans la tourmente révolutionnaire, les colliers avaient, pour la plupart, disparus. D’autres avaient atterri chez les souverains étrangers. Le roi décida donc d’en fabriquer 80 ! Jusqu’à la chute de Charles X en 1830, l’ordre se porta à merveille, entre promotions et cérémonies.

Ce fut La Légion d’honneur qui balaya définitivement l’ordre du Saint-Esprit. Instituée en 1802 par le premier consul, Napoléon Bonaparte, elle s’inscrivait dans un vaste programme de réorganisation de l’État. Bonaparte était conscient de la nécessité de rétablir un système de récompenses, inspiré des anciens ordres honorifiques mais respectueux de l’égalité entre les citoyens. La Légion d’honneur récompensait ainsi tous ceux qui pouvaient se prévaloir de grandes actions forgées par leurs propres mérites. Ce symbole était fort à l’issue de la Révolution française : elle reconnaissait le mérite personnel avant le privilège de la naissance.

Les colliers des chevaliers furent, par la suite, dispersés, fondus, perdus ou gardés précieusement comme reliques au sein des familles. Certains réapparaissent sur le marché de l’art de manière exceptionnelle, comme en témoigne la vente qui aura le lieu le 30 janvier 2018.

Découvrez quelques souverains et hauts dignitaires portant le grand collier de l’ordre du Saint-Esprit :

Tags:
Arts
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