Le décret de béatification des moines de Tibhirine et de l’ancien l’évêque d’Oran Pierre Claverie pourrait être signé d’ici la fin du mois de janvier.“Rendre hommage aux 19 martyrs chrétiens, c’est rendre hommage à la mémoire de tous ceux qui ont donné leur vie en Algérie dans les années 1990”, a confié au mensuel Mondo e missione le père Thomas Georgeon, le moine trappiste et le postulateur de la cause des moines de Tibhirine et de douze autres religieux morts morts en Algérie. “Chacun d’entre eux a été un témoignage authentique de l’amour du Christ, du dialogue, de l’ouverture aux autres, de l’amitié et de la fidélité au peuple algérien” a-t-il souligné. Le prieur du monastère de Tibhirine, Christian de Chergé, n’écrivait-il pas : “La foi de l’autre est un don de Dieu, certainement un mystère. Donc cela demande du respect” ?
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Dans ce long entretien, le père Thomas Georgeon affirme que la cause de ces 19 martyrs, ouverte en 2006, a avancé relativement rapidement auprès du Vatican notamment grâce à la volonté du préfet de la Congrégation pour la cause des saints mais aussi de celle du pape François. Ils “ont considéré que cette cause avait aujourd’hui une véritable importance ecclésiale”, a-t-il indiqué, estimant pour sa part voir “beaucoup d’attentes pour cette béatification, surtout dans l’Église, mais aussi à l’extérieur, ainsi que dans les médias”. Le décret de béatification pourrait être publié d’ici à la fin du mois de janvier.
Une logique de pardon et de miséricorde
Les 19 religieux et religieuses concernés par ce décret ont été tués entre 1993 et 1996. Les sept moines cisterciens de Tibéhirine avaient été enlevés dans leur monastère de l’Atlas en mars 1996 et le Groupe islamique armé (GIA) avait annoncé leur mort deux mois plus tard dans un communiqué, une semaine avant que leurs têtes soient retrouvées. Mgr Pierre Claverie, évêque d’Oran et fervent défenseur du rapprochement entre chrétiens et musulmans, a été assassiné à son tour, le 1er août 1996 par un groupe armé.
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Le pape François avait rencontré le 1er septembre au Vatican Mgr Paul Desfarges, archevêque d’Alger, et le père Thomas Georgeon. Selon ce dernier, le pontife s’était très montré “très attentif” à cette cause et avait affirmé son souhait d’être “délicat” dans cette démarche de béatification pour ne pas “blesser” le peuple algérien. “L’Église est dans une logique de pardon et de miséricorde et souhaite l’offrir à l’ensemble de l’Algérie”, a expliqué le père Thomas Georgeon, rappelant que “la souffrance et les cicatrices” de cette période sont “encore nombreuses”.