Vingt-cinq ans après la sortie du Catéchisme de l’Église catholique par Jean Paul II, François souhaite une mise à jour plus adaptée et cohérente. Il y a vingt-cinq ans Jean Paul II signait la constitution apostolique Fidei Depositum, accompagnant la sortie du Catéchisme de l’Église catholique, pour promouvoir la connaissance et l’application des directives issues du concile Vatican II, trente ans auparavant. Par ce geste, il offrait à l’Église universelle et aux Églises particulières un texte de référence sûr et adapté à la vie actuelle des chrétiens sur toute la doctrine catholique tant sur la foi que sur la morale. Mais à l’intérieur du catéchisme, la position de l’Église face à la peine de mort, révisée en 1997, est jugée encore “ambiguë”. Le pape François, pour lever définitivement cette ambiguïté, a profité d’un important discours devant les participants à un colloque organisé par le Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation.
La parole de Dieu, une réalité dynamique
“Aussi grave soit le crime commis, la peine de mort est inadmissible parce qu’elle porte atteinte à l’inviolabilité et à la dignité de la personne”, a déclaré le Pape, et le Catéchisme de l’Église catholique devrait désormais donner à cette question “un espace plus adapté et cohérent”. Et d’ajouter : la Parole de Dieu “ne peut être conservée dans la naphtaline comme s’il s’agissait d’une vieille couverture à protéger contre les parasites”, a-t-il jugé, “non, c’est une réalité dynamique, toujours vive, qui progresse et grandit parce qu’elle tend vers un accomplissement que les hommes ne peuvent arrêter”, et une réalité qui “ne signifie absolument pas un changement de doctrine”. Cette problématique de la peine de mort ne saurait donc se réduire, selon lui, à “un simple rappel d’un enseignement historique sans faire émerger non seulement les progrès de la doctrine dans l’œuvre des derniers papes mais aussi la prise de conscience du peuple chrétien”.
De Jean Paul II au pape François
Dans le Catéchisme de l’Église, il est dit que la peine de mort pourrait être appliquée si et seulement si elle est l’unique moyen praticable pour protéger efficacement de l’injuste agresseur la vie d’autres êtres humains (légitime défense), mais si des moyens non sanglants suffisent à défendre et à protéger la sécurité des personnes contre l’agresseur, l’autorité s’en tiendra à ces moyens, parce que ceux-ci correspondent mieux aux conditions concrètes du bien commun et sont plus conformes à la dignité de la personne humaine (§ 2 267).
La partie ajoutée, dans la version de 1997 :
“Aujourd’hui, en effet, étant données les possibilités dont l’État dispose pour réprimer efficacement le crime en rendant incapable de nuire celui qui l’a commis, sans lui enlever définitivement la possibilité de se repentir, les cas d’absolue nécessité de supprimer le coupable sont désormais assez rares, sinon même pratiquement inexistants”.
Cette dernière phrase, tirée du document Evangelium Vitae, n. 56, a été jugée “une avancée par rapport à la version de 1992”, mais néanmoins toujours “insuffisante”.
Le fait que le pape François désire proscrire absolument la peine de mort dans le Catéchisme est “une très grande joie”, a commenté Mgr Jean-Claude Hollerich, archevêque de Luxembourg et président de la commission des conférences Justice et paix d’Europe, dans des propos rapportés par La Croix, à la suite de ce discours. Lui-même, précise le quotidien français, avait écrit le 31 mars au Vatican dans le but d’encourager le Pape à modifier l’article 2267 du Catéchisme “le plus vite possible”.
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