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Enseignement catholique : “Il faut se risquer à une proposition missionnaire”

JEA-PIERRE RICARD

Monseigneur Ricard, le 1er juillet 2016.

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Thomas Cauchebrais - publié le 10/10/17
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Trois questions à Mgr Jean-Pierre Ricard, cardinal-archevêque de Bordeaux, président du Conseil pour l’enseignement catholique.Aleteia : Dans une société déchristianisée, quel rôle doivent endosser les universités catholiques ?
Mgr Jean-Pierre Ricard : Il me semble qu’elles ont un double rôle : s’inscrire tout d’abord dans ce domaine de la recherche et de l’enseignement universitaire, avec les compétences demandées pour ce type d’enseignement ou ce type de recherche. La grande tradition chrétienne a toujours été d’articuler foi et raison. Des générations de grands professeurs, d’intellectuels, de chercheurs, y compris de scientifiques, ont fait la grandeur de l’enseignement catholique supérieur. Dans une société française, il est important qu’il puisse y avoir des chercheurs qui vivent véritablement une recherche sur le plan rationnel et poursuivent en même temps une intelligence de la foi. C’est un apport à la fois à l’Église et à la société. Le second rôle est d’être des lieux qui accueillent des jeunes dans une volonté éducative. L’éducation est plus large que la dimension d’enseignement qui s’adresse uniquement à l’esprit. L’éducation s’adresse à l’ensemble de la personne : à son esprit, son corps et son cœur. Il est donc important que les jeunes puissent trouver des lieux et des personnes qui donnent confiance.


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L’augmentation croissante du nombre d’étudiants s’inscrivant dans les universités catholiques démontre le succès d’adhésion pour ce double enseignement : celui de la raison et de l’intelligence de la foi… Mais que doivent encore mettre en place les universités catholiques pour répondre à ce double enjeu et faire de ces jeunes des chrétiens accomplis ?
Comment se pratique l’évangélisation des jeunes ? Selon moi, c’est LA question qu’il faut se poser et la réponse revêt un double visage. Le plus familier est celui de la pastorale. Des rencontres autour de la foi, d’une intelligence de la foi, d’une découverte de la vie chrétienne sont proposées. C’est le rôle des aumôneries. Dans ce domaine, nous devons d’ailleurs retrouver une initiative de la première annonce. Les jeunes qui fréquentent nos universités ne sont pas tous des chrétiens convaincus et/ou formés. Il existe de nombreux étudiants qui ne sont pas baptisés ou qui n’ont pas reçu de parcours catéchétique. Il faut se risquer à une proposition missionnaire. “Si tu veux, viens et vois”. Je perçois d’ailleurs que, de nos jours, nous reprenons l’initiative alors que nous avons été nettement plus silencieux par le passé.

Je pense aussi que rencontrer des enseignants, des croyants ayant une grande rigueur intellectuelle qui ne mettent pas de barrière entre la foi et la raison, est très important dans l’évangélisation de l’étudiant. Bien évidemment, tout ce que je viens de dire là est applicable tout autant à l’enseignement primaire et secondaire.


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Justement, l’enseignement catholique en France, à tout niveau, est souvent critiqué par des parents d’élèves qui considèrent que les établissements mettent en sourdine leur identité chrétienne en raison de la présence d’élèves et de parents éloignés de l’Église. Est-ce une critique légitime ?
Ce n’est pas partout pareil, mais il est vrai qu’un certain nombre de nos établissements ont été marqués par une sécularisation interne. C’est-à-dire que l’on s’est éloigné, de fait, de l’Église, d’une référence chrétienne, de la foi, d’une proposition de foi ou des sources de la foi. Ce qui me frappe depuis trois ou quatre ans, c’est que je sens qu’aujourd’hui l’horizon change. Je ressens beaucoup plus cette préoccupation de l’évangélisation. Cela suppose que dans les établissements, il existe des petites communautés de gens convaincus et qui ont envie de soutenir une proposition d’évangélisation.

Je crois que nous devons donc reprendre l’initiative d’une proposition de la foi mais j’ai envie de dire aux enseignants qu’eux aussi ils peuvent participer à l’évangélisation. Même s’ils sont peu engagés sur le plan ecclésial ou même sur le plan de la foi, le regard qu’il porte et l’attitude qu’ils ont envers les jeunes peuvent y contribuer : ce regard d’espérance, qui donne confiance, qui permet au jeune de se sentir écouté, accueilli, accompagné et qui aide à développer en lui son potentiel. Je crois qu’il y a aussi une sensibilisation à faire sur ce plan auprès du corps enseignant.

Propos recueillis par Thomas Cauchebrais.

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