Peu connue en France, cette mystique italienne qui a vécu au XXe siècle recueillait secrètement les appels de l’Eglise en détresse et en informait les papes.
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Visions, stigmates, manifestations étranges, prophéties… Les mystiques ont toujours intrigué. Même parmi les plus croyants, leur existence et leur rôle dans le monde sont regardés d’un œil critique tant leurs expériences touche au mystère même du salut de l’homme. À l’image du Christ, certains s’illustrent en vrais petits soldats près à souffrir les douleurs les plus violentes pour obtenir la conversion de leurs pires adversaires.
Ce fut le cas de la mystique italienne Maria Teresa Carloni, qui subit trois heures de souffrances atroces pour offrir une dernière chance de repentir à Staline. Son amour viscéral pour l’Église persécutée, ses vertus héroïques et sa confiance illimitée en la Providence, suscitèrent l’admiration des papes, et firent d’elle une icône pour des milliers de chrétiens et de nombreux non-croyants.
Malgré une enfance tourmentée
Maria Teresa est née le 9 octobre 1919 à Urbania, une localité des Marches, dans le nord est de l’Italie où, à la mort de ses parents — à l’âge de trois ans — elle est élevée par sa grand-mère maternelle, dans un climat de piété austère et rigoureuse. Dès son enfance son attachement au Christ fut très fort mais ne pouvait s’épanouir tant les discours qu’elle entendait la tourmentaient.
La peur de la confession, à cause d’un confesseur maladroit, le jour de sa première communion, et le sentiment de ne jamais être assez digne pour recevoir la sainte Eucharistie l’éloignaient de son “Grand Amour” à qui elle promettait néanmoins sans cesse “un jour, nous deux, nous nous retrouverons”. À la mort de sa grand-mère, en 1951, Maria Teresa trouvera enfin le courage de retourner au confessionnal, et de recevoir le Pain de vie éternel, qu’elle accueillera, des larmes de joie plein les yeux.
Stigmates et noces spirituelles
Pour “son” Jésus, Maria Teresa Carloni est maintenant prête à bruler les étapes. Elle fait aussitôt vœu de chasteté (1951), événement qu’elle marqua d’une pierre en écrivant dans son journal intime : « Jésus, aujourd’hui je t’aime de la même violence que le jour où je t’ai haï ». Puis les démonstrations de son amour s’enchainent : prières, pénitence, charité… Jusqu’à s’offrir pour la sanctification des prêtres et rédiger un “statut pour les âmes victimes” qui font don de leur vie humaine à Dieu.
En janvier 1952, elle a sa première conversation intime avec Jésus, et tous les vendredis pendant trois heures, revit sa passion avec d’atroces souffrances. Le 11 avril de la même année — le Vendredi saint — elle reçoit ses stigmates, aux pieds, aux poignées, et aux côtes, et le 20 décembre ont lieu ses « noces spirituelles » avec Jésus, en présence du curé d’Urbania, dans la région Marches, en Italie centrale, qui trouvera sur l’autel un anneau nuptial posé mystérieusement pour elle. Ce jour-là, Maria Teresa, déclare : « Jésus accepte d’être son époux, mais il veut que son épouse soit comme Lui : persécutée, bafouée, dans son corps et son esprit ».
“Apôtre” et “victime” de l’Église persécutée
La jeune femme se met à écrire, enchainant articles et livres les uns après les autres. En Février 1954, elle consacre à Pie XII — rencontré pendant la guerre alors que tous deux sont venus apporté réconfort et soutien aux blessés après un bombardement sur Rome — un ouvrage sur la sainte Vierge — intitulé Omnipotente per grazia et Mediatrice universale (Toute-Puissante par grâce et Médiatrice universelle). L’occasion pour elle de confier au Pape sa volonté d’être “une apôtre” et “une victime” de l’Église persécutée en Europe de l’Est, en Afrique, jusqu’en extrême Orient.
Pie XII et Maria Teresa ne se quitteront plus, collaborant étroitement à la survie de millions de chrétiens face à la persécution. Entre 1955 et 1958, le Pape la recevra en audience treize fois et une dernière fois dix jours avant sa mort. En 1957, il lui fit cadeau de sa crosse d’argent, offerte par Benoît XV pour son ordination épiscopale, et Maria Teresa l’offrit à son tour au cardinal Wiszinski, Primat de Pologne, une des figures marquantes de l’Église du Silence, définition que Pie XII donna à tous ces évêques, prêtres et fidèles, des pays d’Europe de l’Est qui “ne pouvaient faire entendre leurs gémissements, perdus derrière les murs de prison ou dans des camps de travaux forcés”, sous le communisme.
De la Yougoslavie, à la Pologne, de l’Allemagne de l’Est à la Bulgarie, où les sans-Dieu s’acharnaient contre l’Église catholique, Maria Teresa était “une mère et une sœur” pour tous ces martyrs. Entre prières continues et pénitences, et malgré une santé précaire, celle-ci ne cessait de courir à leur secours, n’hésitant pas à entreprendre de longs voyages périlleux, pour rencontrer évêques, prêtres et fidèles dans leur clandestinité. Grâce à elle, Pie XII — puis ses successeurs — recevait des nouvelles de première main qui lui permettaient d’agir en amont.
De Pie XII à Jean Paul II
Mais comme d’autres mystiques — Padre Pio par exemple — Maria Teresa avait également le don de la bilocation qui lui permettait de rejoindre les prêtres de diocèses perdus au fin fond de la Russie et en Asie, jusqu’à l’Extrême-Orient, dominés par le communisme athée et le meurtre. Avec eux elle préparait des stratégies et en référait aux papes pour qu’ils pourvoir à leurs besoins de façon sûre et ciblée. Jean XXIII, dès 1958, approuva en effet lui aussi tout ce que faisait Maria Teresa pour l’Église persécutée, et la reçut quatre fois, lui exprimant à chaque fois son soutien et l’encourageant dans sa lutte.
En 1962, il lui accorda le privilège d’avoir une chapelle privée chez elle et d’y faire célébrer la messe. Paul VI, le 24 février 1964, suivra ses traces, lui demandant solennellement de continuer l’œuvre entreprise avec Pie XII pour aider l’Eglise persécutée. En 1965, il accepta qu’elle ait des hosties dans sa chapelle privée. Jean Paul II, qu’elle connut à l’époque où il était archevêque de Cracovie, suivra la même ligne, examinant personnellement toute la documentation qu’elle avait remise à Pie XII. Soit un total de 38 cahiers racontant de chrétiens tués et torturés, remis secrètement aux pontifes au fil des années.
Vers la béatification et canonisation
Maria Teresa Carloni est morte en odeur de sainteté le 17 janvier 1983. Les procédures en vue de sa possible béatification et canonisation, ont été ouvertes officiellement le 1er octobre 2016. Pour le postulateur de sa cause, Volodymyr Pashkovsky, sa béatification et canonisation « contribuerait à entretenir l’esprit de la mission particulière que la servante de Dieu exerçait au service de l’Église persécutée, et servirait de modèle à toutes les âmes généreuses de l’Église universelle dans leur engagement quotidien pour le bien de l’Église et le salut des âmes”.
Source principale: le site italien santiebeati.