Comment le pape François a ancré sa prière dans le rosaire, à l’école de saint Jean Paul II.Le 7 octobre, l’Église fête Notre Dame du Rosaire. À l’origine, cette fête était célébrée sous le vocable de Notre Dame de la Victoire, en action de grâces pour le succès des armées chrétiennes contre les Turcs à la bataille de Lépante en 1571. La liturgie témoigne de la confiance des fidèles dans la protection de la Mère de Dieu. Depuis cette victoire décisive pour l’avenir du monde chrétien, les catholiques ont coutume de réciter le rosaire durant le mois d’octobre.
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Des papes marials
« Si nous voulons être chrétiens, nous devons être marials », enseignait le bienheureux Paul VI, dans une formule rappelée cette année par le pape François à Fatima. Il est frappant de constater combien les derniers papes sont marials. Nul n’ignore la grande dévotion à la Vierge Marie du saint pape Jean Paul II. Benoît XVI concluait rarement un enseignement sans faire appel à l’intercession de Notre Dame.
Mais sait-on combien le pape François est lui aussi un grand marial, très sensible à la proximité du peuple de Dieu pour sa mère ? « Accrochons-nous fermement à cette foi simple de la Sainte Mère de Dieu » conseille-t-il : « Demandons-lui de savoir revenir toujours vers Jésus et de lui exprimer notre gratitude pour les nombreux bienfaits de sa miséricorde. » Moins connue encore est sa pratique du rosaire, cette prière du pauvre qui existe depuis le XIIe siècle. Elle consiste à méditer cent cinquante « Je vous salue Marie » autour de quinze « mystères » de la vie du Christ, auxquels Jean Paul II a rajouté les cinq « mystères lumineux ». Le rosaire compte donc désormais deux cents Ave Maria.
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La rencontre avec Jean Paul II
Le pape François est un homme d’action, mais c’est d’abord un homme de prière, qui se lève chaque jour à 4 heures du matin pour prier et faire oraison. Cette attirance pour le rosaire lui vient d’une rencontre à Rome avec Jean Paul II qu’il a racontée en 2005 au mensuel 30 Giorni. Voici le récit de cette rencontre :
« Un après-midi, je suis allé prier le Saint-Rosaire que le Saint-Père guidait. Il était devant nous, à genoux. C’était un très grand groupe. Je suis entré en prière avec le dos du Saint-Père tourné vers moi. Je n’étais pas seul, je priais au milieu du peuple de Dieu auquel moi et tous ceux qui étaient présents appartenions, guidée par notre pasteur.
Au milieu de la prière, déconcentré, je me suis mis à regarder le pape. Et le temps s’était envolé. J’ai commencé à imaginer le jeune prêtre, le séminariste, le poète, le travailleur, l’enfant de Wadowice, dans la même posture exactement que celle qu’il avait à présent, enchaînant les Ave Maria.
Son témoignage m’a frappé. J’ai senti que cet homme, choisi pour guider l’Église, était la somme d’un chemin parcouru avec sa mère dans le ciel, un chemin entrepris dans son enfance. Et j’ai soudain réalisé le poids des mots prononcés par Notre-Dame de Guadalupe à San Juan Diego : “Ne crains rien. Ne suis-je pas ta mère ?” J’ai saisi la présence de Marie dans la vie du pape. »
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Le rosaire tous les jours
À l’époque Jorge Bergoglio avait 42 ans, il était le provincial des jésuites d’Argentine. Nous étions en 1979, un an après l’élection de Karol Wojtyla au siège de Pierre. Cette rencontre ne fut pas la dernière. Il y eut entre les deux hommes des séances de travail qui impressionnèrent le futur pape François. Ce qui le touchait, raconta-t-il, c’était la « cohérence » du pape polonais qui « vivait toutes les vertus de façon héroïque ».
En attendant, la prière de 1979 aux côtés de Jean Paul II resta décisive dans la vie du père Jorge : « Son témoignage ne s’est pas perdu au fin fond d’une mémoire. Depuis ce jour-là, je prie chaque jour les quinze mystères du rosaire. »