Kate Middleton attend son troisième enfant ! Une bonne nouvelle assombrie par le fait que la Duchesse de Cambridge souffre encore d’hyperemesis gravidarum, une pathologie de grossesse dont les principaux effets sont des nausées violentes et des vomissements fréquents…
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La pathologie hyperémèse gravidique – du grec hyper qui signifie en excès, emesis, vomissement et gravida, grossesse-, a été rendue célèbre lors des deux grossesses de la duchesse de Cambridge d’où son nom de « maladie de Kate Middleton ». Après George en 2013 et Charlotte en 2015, le Palais de Kensington vient d’annoncer dans un communiqué officiel daté du 4 septembre 2017, que la jeune femme est enceinte de son troisième enfant. Malheureusement, l’épouse du Prince William souffre encore d’hyperemesis gravidarum, et ne pourra donc pas assurer tous ses engagements.
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— The Prince and Princess of Wales (@KensingtonRoyal) September 4, 2017
Cette nouvelle est l’occasion de parler de cette maladie encore tabou en France, car l’hyperemesis gravidarum reste souvent mal identifiée et donc mal soignée. Le point sur ces vomissements incoercibles qui accablent certaines femmes enceintes.
Définition de l’hyperémèse gravidique
L’hyperemesis gravidarum est une pathologie dont la cause est encore méconnue, touchant moins de 2% des femmes enceintes. Les effets varient d’une femme à l’autre, ainsi que leur intensité : nausées violentes du matin au soir, vomissements très fréquents (5 à 20 par jour) causant une incapacité souvent totale à se nourrir et à s’abreuver. Viennent s’ajouter des douleurs abdominales, des maux de tête, une immense fatigue (asthénie), des troubles du sommeil… Le tout affecte énormément le moral de la plus aguerrie des futures mamans. Soudain, plus question d’assurer la moindre tâche ménagère : se doucher est un exploit, s’occuper des éventuels aînés, un calvaire. Le cauchemar est ininterrompu, le temps s’étire à l’infini. Lucie, maman de deux petits de 5 et 3 ans, se désole : « je suis privée de mes enfants et eux de moi. Même lire une histoire est un tour de force ! » Pour Claire, dont l’aîné n’a pas encore 2 ans, il a fallu en urgence appeler au secours : « avec un bébé, je ne sais pas comment je ferais sans ma famille, qui s’est relayée pour m’aider pendant trois mois… »
En souffrant d’hyperemesis gravidarum, les risques physiques pour la mère sont liés à la perte de poids et à la déshydratation résultant des vomissements. Heureusement, le bébé est, dans la plupart des cas, épargné, « pompant » ce dont il a besoin pour se former.
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Des médecins peu concernés par l’hyperemesis gravidarum
Si l’hyperémèse est souvent bénigne et s’achève généralement au début du second trimestre, une hospitalisation est parfois envisagée lorsque la maladie s’éternise, laissant la future maman trop affaiblie. La plupart des témoignages de celles l’ayant vécu convergent : c’est un mauvais moment. L’incompréhension médicale est de mise, les préjugés sont légion. Une maman se souvient : « lorsque j’ai été admise à l’hôpital, j’avais perdu 6 kilos : j’en pesais 44. J’étais déshydratée et à la limite de l’inconscience. L’infirmière m’a dit : « Vu votre état, on dirait que le sort du bébé vous est égal ! » Mon mari et moi espérions cette grossesse depuis cinq ans…» Pour Florence, ce fut un calvaire : « J’étais dans une chambre obscure, avec droit à une heure de visite quotidienne de mon mari. Le médecin a insinué que je n’osais pas demander un avortement, mais le souhaitais. » S’ensuit un examen psychologique dont la conclusion ne varie guère : le mal n’est pas dans la tête mais bien dans le corps de la maman.
A ce stade, la patiente est perfusée pour être nourrie, réhydratée, et placée sous traitement antiémétique : souvent un médicament puissant. « L’odansetron (Zofran®) a été utilisé avec succès en oncologie contre les vomissements. On peut en user lorsque les antiémétiques de première intention n’ont pas fait effet et que les symptômes sont sévères » explique le docteur Nicole Bürki, médecin-chef de la maternité de Liestal, en Suisse.
La médecine atteint ici ses limites, car rares sont les médicaments puissants et inoffensifs pour bébé. Le plus triste : certaines mamans, atteintes d’hyperemesis gravidarum, désespérées de se sentir dépérir, finissent par se résigner à avorter. Faute d’études sur le sujet les chiffres manquent en France mais, au Royaume-Uni, ce sont 10 % des femmes souffrant d’hyperémèse qui en arrivent à cette extrémité. On ne peut s’empêcher de penser que ces bébés auraient dû voir le jour, que la science aurait dû, depuis le temps que le problème existe, trouver un remède.
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Les mesures non médicamenteuses pour lutter contre l’hyperemesis gravidarum : manger de petites portions en fractionnant les repas, consommer du gingembre, boire en petites quantités tout au long de la journée, ne pas se lever à jeun… s’avèrent souvent insuffisantes, voire totalement inefficaces. Du côté des médicaments, en France, on est assez mal lotis : peu de choix et pas de recul suffisant pour certains quant à l’innocuité ou l’efficacité réelle du médicament.
Le CRAT, Centre de Référence des Agents Tératogènes, recense cependant un anti-histaminique H1, le Donormyl®, dont la molécule est la doxylamine, inoffensif pour le bébé et efficace contre les vomissements incoercibles. Le docteur Emmanuel Masot, médecin généraliste à Paris XXème, remarque : « C’est au Canada, comme dans bien d’autres pays, l’antiémétique pour femme enceinte de référence depuis plus de 25 ans, mais il ne bénéficie pas en France de l’Autorisation de Mise sur le Marché dans cette indication. Ici nous l’utilisons comme un somnifère léger uniquement. Cette absence d’AMM est sans doute, entre autres, à l’origine d’une méconnaissance de ce médicament par les médecins généralistes, alors qu’il est le plus efficace et le mieux évalué pour soulager les patientes atteintes d’hyperémèse. »
Toutefois le précieux remède, très efficace pour de nombreuses femmes et dont le principal effet indésirable est une légère somnolence, est trouvable en pharmacie pour une somme modique et sans ordonnance. Attention, le propos n’est pas ici de prôner l’auto-médication, l’avis d’un professionnel de santé est toujours à prendre !
Le docteur Marlena Fejzo, professeure assistante en obstétrique et gynécologie à l’Université de Californie à Los Angeles, a lourdement souffert de l’hyperemesis gravidarum, qui aux Etats-Unis envoie 285 000 femmes par an à l’hôpital. Elle constate : « c’est le deuxième motif d’hospitalisation pendant la grossesse, mais elle n’est pas considérée comme un problème grave. » Gageons que si les hommes portaient les bébés à notre place, un remède universel existerait depuis longtemps !