Esquisse de réponse avec le père Paul Vigouroux, postulateur de la cause de béatification du père Jacques Hamel.
Aleteia : Comment avez-vous obtenu la charge du procès de béatification du père Hamel ?
Père Paul Vigouroux : J’ai tout simplement reçu cette désignation de l’archevêque de Rouen, Monseigneur Lebrun. J’ai accepté de devenir postulateur de la cause, et dois donc constituer un dossier rassemblant les preuves et le récit des différents témoignages liés à ce procès.
Comment se déroule le procès ? Quel en est le déroulement-type ?
La procédure de béatification, dont la durée est indéfinie puisque propre à chaque cas, rassemble l’audition de tous les témoins en vue de la constitution d’un dossier de béatification, qui sera ensuite envoyé à Rome et étudié là-bas.
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Connaissiez-vous le père Hamel personnellement ?
Pas du tout. Je l’avais croisé à plusieurs reprises à Rouen, mais je ne le connaissais pas particulièrement bien. Et tant mieux pour le procès : ça me permet de rester neutre et de remplir ma tâche de manière objective.
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Dès son homélie du 14 septembre 2016, au cours d’une messe en hommage au père Hamel, le pape François parle de lui comme d’un “martyr”. Le 11 juillet 2017 est également parue une lettre encyclique sous la forme d’un motu proprio, intitulé Maiorem hac dilectionem (“Il n’est pas de plus grand amour”), dans laquelle le Saint-Père ouvre une nouvelle voie vers la béatification à ceux qui ont fait l’ “offrande libre et volontaire” de leur vie par une “héroïque acceptation, à cause de l’amour, d’une mort certaine et à brève échéance”. Dans quelle mesure peut-on parler de “martyre” pour le père Hamel ?
Les propos du pape François ne sont pas une redéfinition du martyre. Ils ont pour but d’y ajouter une nouvelle possibilité, de donner de nouveaux critères de béatification.
Tout d’abord, le martyr ne peut pas rechercher le martyre. Il accepte sa mort cause de sa foi, mais ne la recherche pas. Le martyre, qui consiste en un témoignage suprême de sa foi puisqu’on donne sa vie pour elle, est donc une source de béatification certaine.
Pour le moment, le père Hamel est “présumé martyr”, et la procédure de béatification vise justement à justifier ce terme ou non en ce qui concerne sa vie et la façon dont il est décédé.
Le procès est donc ouvert au vu de la réputation de martyr du père Hamel, afin de vérifier s’il est bel et bien mort en homme de foi au moment de l’attaque des terroristes, mais il s’agit aussi d’analyser la manière dont il a témoigné des vertus chrétiennes au cours de sa vie, tant en ce qui concerne les vertus théologales [foi, espérance et charité] que les vertus cardinales [prudence, tempérance, force, et justice].
Propos recueillis par Maëlys Létondot.
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