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La bonne attitude à avoir face à un enfant triste

JEUNE FILLE TRISTE
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Zyta Rudzka - publié le 17/07/17
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Pour les enfants, il n’y a pas de petit drame. Comment répondre à leur souffrance, sans les blesser davantage ? Je me trouvais récemment chez des amis lorsque leur fils de huit ans est rentré de son match de football complètement abattu. Son équipe avait perdu ! Il avait eu deux occasions de marquer et les avait manquées. La première fois, le ballon avait rebondi sur le poteau et la seconde, il avait shooté trop haut. Sa mère essayait en vain de le consoler : la prochaine fois, ce sera mieux… Le père s’y est mis aussi : oui mais, tu es bon en anglais, on ne peut pas être bon en tout.

Mais le footballeur en herbe ne décolérait pas, il parcourait la maison de long en large, tapait dans les chaises, se heurtait aux murs… Jusqu’au moment où soudain son visage s’assombrit, il se tourna contre le mur et fondit en larmes. Les parents ne cessaient de répéter que ce n’était qu’un match, que cela ne valait pas la peine de se mettre dans cet état, qu’il allait se rendre malade.

Certes, ils faisaient de leur mieux et avaient conscience du sentiment de désespoir de leur enfant mais aucun des deux n’a tout simplement pensé à le prendre dans les bras pour le consoler. Sa petite sœur, elle, lorsqu’elle l’a vu dans cet état, est allée vers lui et l’a enlacé très fort. Du haut de ses quatre ans, elle a laissé parlé son cœur. Le petit garçon s’est immédiatement senti soulagé.

La compassion, ce n’est pas seulement s’apercevoir que quelqu’un est blessé

Le petit garçon était bouleversé, il exprimait son désarroi et son émotion, mais ses parents ont réagi sur le mode rationnel. En voulant le consoler, ils ont usé d’arguments rationnels. Ils lui ont parlé comme à un adulte et n’ont pas pris en compte la dimension dramatique que cela avait revêtu pour l’enfant qui vit les choses pleinement et sur le moment. Ils lui ont parlé de la position de celui qui sait… Que dans la vie, il y a des tragédies plus grandes…

– “Tu te lamentes pour un match perdu alors que des enfants meurent de faim en Afrique…”

L’intention était peut-être bonne mais si le but était de consoler, il n’a pas été atteint…

On peut éprouver à la fois de l’empathie et rester indifférent à la souffrance de l’autre

Dans certaines circonstances, les tentatives de consoler quelqu’un sont pétries de bonnes intentions mais elles éloignent plus qu’elles ne rapprochent et soulignent d’autant plus la distance entre deux personnes. Ce type de réaction provoque le plus souvent un sentiment de profonde solitude chez l’enfant et d’impuissance face à son chagrin. Qui a dit que les petits malheurs des enfants sont moins importants que les grandes injustices du monde des adultes ?

L’enfant n’a pas encore acquis les mécanismes psychiques qui lui permettent de faire face à la défaite, à l’échec…

Un petit drame est aussi un drame

Il faut respecter ce que ressent l’autre, ne jamais se mettre en position de supériorité de celui qui sait et qui se moque : “Arrête de faire l’enfant ! La bêtise va te perdre ! Si seulement tu pouvais avoir de si petits problèmes dans ta vie ! Regarde ta petite sœur, elle assure…” Sous-entendu tu es pire qu’une petite fille.

On ne sait pas à quel moment, en voulant consoler et faire cesser la plainte, nous nous mettons à maltraiter émotionnellement l’enfant. Nos paroles étaient censées encourager l’enfant à se reprendre alors qu’en fait elles figent et blessent bien plus que la défaite du match. Ainsi se créent les bases d’un sentiment d’infériorité profondément inscrit.

Ce n’est pas à nous de juger du degré de souffrance

Ne jugeons pas, n’inversons pas les proportions, soyons juste présents. Soyons des témoins bienveillants, attentifs, à l’écoute, sans préjugé. Chacun fait face à ses défaites comme il peut et comme il veut. C’est notre droit. Ne dites pas à votre enfant de ne pas se morfondre. Les garçons ont le droit de pleurer. C’est lorsqu’ils ne le font pas que, le plus souvent, ils font pleurer les autres.

Il suffit d’un geste simple, tendre, pour que l’enfant se sente aimé et accepté même lorsqu’il se sent mal. Une fois adulte, cet ancien enfant n’aura pas peur de montrer ses faiblesses ou sa vulnérabilité, car il n’ aura pas peur d’être rejeté.

L’empathie, c’est se retrouver ensemble dans le monde des émotions

L’important, ce n’est pas seulement ce que nous faisons mais ce que nous négligeons de faire. Pour aider un enfant à grandir, il ne suffit pas de lui expliquer les règles qui régissent le monde qui l’entoure, il faut s’intéresser à ses émotions et lui en parler. Il ne faut pas uniquement faire appel à sa raison et au discours, l’enfant a besoin de chaleur humaine pour appréhender le monde et s’y lancer.

Dans l’empathie, le plus important est ce qui se cache entre les mots

Pour bien agir avec un enfant triste, il faut savoir cesser de parler, arrêter ce qu’on est en train de faire (la vaisselle ou regarder la télé…) et simplement se pencher vers son enfant meurtri pour le consoler. “Viens sur mes genoux, je vais t’embrasser et te dire des mots doux pour te faire oublier tous tes malheurs.”

Même les grands enfants et les adultes ont besoin d’affection et de tendresse pour pouvoir se sentir en sécurité après une épreuve.

L’empathie est essentielle mais pas uniquement envers la personne maltraitée

Je me souviens un jour où j’étais assise dans le bus à côté d’une mère et de sa petite fille de quatre ans. Sa maman lui lisait une histoire qui parlait de la colère. C’était un livre pour enfants, très bien écrit et l’auteur utilisait des mots dont je n’avais entendu parler qu’en première année de faculté de psychologie. Émotions. Sentiments. Refoulement. Que ressens-tu lorsque tu es en colère ?

La maman lisait et la petite fille lui donnait sans cesse des petits coups de coude.

– Regarde le petit chien ! Tu as vu comme il a chaud, il tire la langue !

La mère ne voyait pas car elle continuait inlassablement sa lecture.

– Maman, qu’est ce que cette dame tient dans ses mains ?

La mère ne quittait pas des yeux le livre et continuait imperturbablement sa lecture.

Je comprenais la bonne volonté de la mère, concentrée sur son devoir de “bonne mère”, mais en même temps sans lien avec son enfant et avec ce qui le touchait émotionnellement.

Si nous ne percevons pas les émotions et les sentiments de notre enfant, si nous n’y prenons pas garde, nous pouvons toujours lui donner une éducation intellectuelle parfaite, et lui parler de la colère de manière rationnelle, cela ne l’empêchera pas des années plus tard d’exploser de colère devant vous.

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