En quatre jours, la relique exposée à Moscou a déjà été vénérée par plus de 50 000 visiteurs malgré une attente kilométrique devant les portes de la cathédrale du Christ-Sauveur. L’arrivée à Moscou d’une relique de saint Nicolas de Bari (ou de Myre) a déclenché une véritable frénésie religieuse. Depuis le 22 mai dernier, une côte du saint, exposée dans la cathédrale du Christ-Sauveur a déjà drainé plus de 50 000 personnes, ces dernières n’hésitant pas à braver entre deux et cinq kilomètres de queue sur les quais de la Moskva dans l’attente de pouvoir toucher et baiser le reliquaire qui renferme la côte gauche – “la plus proche du cœur” relèvent les russes – du saint le plus vénéré dans la culture russe orthodoxe.
On n’avait pas vu pareil engouement populaire depuis l’exposition d’un fragment de la ceinture de la vierge, en 2011, dans la cathédrale du Christ Sauveur de Moscou. En un mois, la relique avait traversé 14 villes de la Fédération de Russie, attirant près de deux millions de visiteurs, et pas seulement des chrétiens mais également des musulmans.
Honneurs civils
A son arrivée dans la capitale russe, la relique a été accueillie à l’aéroport avec tous les honneurs militaires. Le président Vladimir Poutine a exprimé publiquement, au nom de toute la Russie, sa profonde reconnaissance “au Pape ainsi qu’au Saint Siège pour cette décision prise à la demande du Patriarche”, et souligné le rôle “très important” de l’Église dans “le rapprochement des peuples”. L’un des premiers visiteurs à être venu rendre hommage à la relique, le président russe a souligné la grande portée de l’événement pour “les croyants de Russie”, et pour “le développement des relations entre les représentants des différentes confessions”. regardez le petit diaporama:
Evénement exceptionnel
La relique de saint Nicolas est arrivée de Bari (Italie), conservée depuis plus de 900 ans – sans jamais en sortir – dans la basilique construite à son intention entre 1087 et 1197. Devenant très vite un haut lieu de pèlerinage, tant pour les catholiques que pour les orthodoxes d’Europe de l’Est. Son transfert de Bari à Moscou, et son exposition, est le fruit d’un accord conclu entre le patriarche orthodoxe de Moscou et de toutes les Russies Kirill et le pape François, lors de leur rencontre historique à la Havane (Cuba), en février 2016. “Dès cette année, les sanctuaires de l’Église orthodoxe russe seront ouverts aux pèlerins catholiques (…) et les reliques de nos Églises respectives voyageront entre l’occident et la Russie”, avait annoncé le métropolite de Volokolamsk Hilarion, président du département chargé des affaires extérieures au sein Patriarcat de Moscou, en présentant l’une des premières conséquences concrètes de cette rencontre entre Cyrille et François.
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Le 21 mai, à 18h00, c’est donc à toute volée que les cloches des églises de Moscou se sont mises à sonner en signe de jubilé, avant une gigantesque procession pour accompagner le reliquaire jusque dans la cathédrale du Christ-Sauveur, où le patriarche Cyrille a célébré une liturgie solennelle, en présence de milliers de fidèles. La relique restera exposée dans la capitale russe jusqu’au 12 juillet prochain, puis sera transférée à Saint-Pétersbourg, pour une quinzaine de jours, avant de repartir vers son lieu d’origine, Bari, le 28 juillet.
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Frénésie populaire
Selon les experts, 65% du corps de saint Nicolas se trouveraient à Bari, 20% à Venise, et le reste disséminé à travers le monde. En Russie, où le saint était déjà vénéré au début du XIème siècle, se trouveraient plus d’une vingtaine de reliques conservées dans autant d’églises. Mais leur origine et leur authenticité sont jugées très douteuses. D’où cette frénésie populaire pour aller toucher la “vraie” côte de leur saint patron. “Du point de vue de la vénération populaire, Nicolas reste le premier saint en Russie et son icône trône dans les foyers au côté du Sauveur et de la Vierge Marie, bien qu’il ne soit jamais venu dans notre pays et n’a jamais connu notre culture. Il fût à nos côtés durant l’histoire difficile et sanglante qu’a traversée notre peuple”, a déclaré le patriarche Cyrille en s’inclinant au-dessus du reliquaire, rapporte Le Figaro, “sa figure est associée à de nombreux miracles et à des actions divines qui se sont réalisées dans la vie privée et publique de ceux qui l’ont prié”.
“Saint Nicolas nous a aidés quand on a volé la voiture de ma mère”, témoigne avec candeur le jeune Vladislav, un jeune homme de Krasnodar, venu rendre grâce à saint Nicolas pour avoir permis de retrouver leur voiture. Comme ce jeune garçon de 17 ans, tant d’autres personnes comme Svetlana, dans la file d’attente depuis minuit, ou Igor, venu du fin fond de la Russie, qui s’attend à un autre événement exceptionnel, après celui qu’il dit avoir vécu, en 2011, en venant vénérer un fragment de la ceinture de la Vierge provenant de Grèce : la naissance “miraculeuse” d’un petit-fils.