En ce 17 mai, journée mondiale de lutte contre l’homophobie, l’Église aussi a une parole à dire. Parole exigeante, bien souvent incomprise ou méprisée, et pourtant libératrice. Une responsabilité qui passe par la reconnaissance humble du comportement parfois mal ajusté ou indélicat des catholiques face à l’homosexualité.Sur la question de l’homosexualité, le regard pontifical est particulièrement attendu. Fidèle à son style et à sa méthode, le pape François n’a pas manqué de traiter ce point de façon très directe. En juin 2016, au retour d’un voyage en Arménie, le Saint Père — qui affectionne particulièrement ces vols en avion pour s’exprimer sur des sujets sensibles — a longuement abordé cette question.
« L’Église doit présenter ses excuses de n’avoir pas su, souvent, se comporter. Quand je dis l’Église, je parle des chrétiens. Car l’Église est sainte. Et les pêcheurs c’est nous. Nous, les chrétiens, devons présenter des excuses de ne pas avoir accompagné tant de choix, tant de familles. […] la culture a changé, Dieu merci. Non seulement des excuses, mais aussi demander pardon. »
Des propos qui sonnent comme une clarification de la position de l’Église sur l’accueil et l’intégration des personnes homosexuelles, et qui fait écho à cette autre déclaration du pape François, remontant à juillet 2013 : « Si une personne est gay, et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ? ». L’Église veut donc renouer le dialogue avec ceux qui ont pu se sentir exclus. Une première approche, qui se fonde sur les textes du catéchisme de l’Église catholique, et particulièrement sur une phrase, tirée du paragraphe 2558 : « Ils doivent être accueillis avec respect, compassion et délicatesse ». C’est un pas, une étape, qui se fonde sur le Magistère.
Un vide qui génère de la souffrance
Concrètement, différentes associations chrétiennes ont vu le jour pour pallier cette insuffisante présence de l’Église sur le terrain, auprès des homosexuels. Les plus connues étant sans doute Devenir un en Christ, ou la plus récente, Courage, venue des États-Unis et arrivée en France en 2014 sous le pilotage de la communauté de l’Emmanuel.
Courage bénéficie de la reconnaissance du Vatican : c’est la seule qui s’appuie spécifiquement sur les textes du Magistère de l’Église. Son représentant en France, le père Guitton, rappelle que la démarche de cette association s’inscrit profondément dans le message du Pape François, et ne dissimule pas les lacunes de l’Église concernant l’accueil des personnes homosexuelles. Ce vide génère de la souffrance dit-il, et l’Église a un devoir de s’améliorer dans ce domaine. Chaque personne doit être acceptée et accueillie, et ce, « sans juger, ni condamner », martèle le père Guitton.
Concrètement cette association est implantée à Paris, Toulon, Lyon et un projet est en cours à Nantes. Courage propose un groupe de soutien spirituel, avec une réunion toutes les deux semaines, assistée par un prêtre à chaque fois. Elle organise également des retraites à Paray le Monial, chaque année depuis trois ans en août. Cette année elle se déroulera du 1er au 6 août. Les hommes sont nettement majoritaires.
Pour les personnes accompagnées, appelées à la sainteté par la chasteté, Courage rappelle l’universalité de la Bonne nouvelle. Un message qui tranche singulièrement avec l’air du temps, mais propose des réponses nouvelles, pleines d’espérance, aux questions que pose l’homosexualité.
Lire aussi :
Avec l’association Courage, l’Église repense l’accueil des personnes homosexuelles