Le jeu, parce qu’il passe outre le rapport d’autorité, place parents et enfant sur un pied d’égalité. C’est l’une des clés pour construire une relation solide, durable, joyeuse avec ses enfants. Or quelques minutes au quotidien suffisent…Imaginons une relation parents enfants, totalement hypothétique, basée uniquement sur l’autorité. Elle occulterait complètement des sentiments tels que la confiance en soi, la joie ou la valorisation des qualités personnelles de l’enfant. Et, une fois l’enfant affranchi de l’autorité parentale, quel lien subsisterait entre les parents et l’enfant ? Sans doute pas grand-chose : dans le meilleur des cas, un sens du devoir envers ses géniteurs, et au pire, indifférence ou haine, du fait de n’avoir pas existé à leurs yeux. Personne ne le souhaite. Alors, que faut-il ajouter à la relation parents enfant pour qu’elle soit empreinte d’amour, d’affection, de lien et de confiance durables ? Le jeu répond, en partie, à cette question.
Jouer pour construire une relation parents enfants solide et durable
Le psychologue américain Lawrence Cohen, spécialisé dans la thérapie par le jeu, est convaincu qu’une « connexion » forte entre parents et enfant est fondamentale pour le bon développement de ce dernier. Pour arriver à ce résultat, il propose de baser la relation parents enfant, non pas uniquement sur l’autorité, mais beaucoup sur le jeu, et introduit la notion de « parentalité ludique ». Dans son livre « Qui veut jouer avec moi ? Jouer pour mieux communiquer avec ses enfants », présenté par Isabelle Filliozat (psychothérapeute et auteur de nombreux ouvrage sur la parentalité), Lawrence Cohen affirme : « Le jeu reste l’un des meilleurs moyens d’entrer en contact avec un enfant, de le sortir de son isolement ou de l’amener à modifier son comportement, jusqu’à ce que le lien et la confiance soient restaurés. »
Se mettre à sa hauteur, entrer dans son monde, sont les clés pour gagner la confiance de son enfant et lui exprimer son amour. Lawrence Cohen ajoute : « Le jeu et l’humour permettent de rétablir un lien affectif fort entre parents et enfants. Dans la mesure où le jeu fournit une occasion de s’extérioriser et de passer de bons moments en famille, il libère aussi de la tension liée à l’éducation. Assurer son rôle de parent sur le mode ludique permet d’entrer dans le monde de l’enfant, sans le brusquer, en développant sa confiance en lui et en nous. »
Jouer nourrit un besoin fondamental chez l’enfant : le besoin d’attachement
Qu’est-ce que le besoin d’attachement ? Le psychanalyste John Bowlby le définit comme un instinct conduisant l’homme à avoir besoin, tout au long de sa vie, d’être écouté, entendu, compris et soutenu, par une ou plusieurs personnes considérées comme proches. Il a été prouvé que le besoin d’attachement chez l’enfant est vital.
« On peut illustrer le besoin d’attachement par un réservoir vidé par la faim, la fatigue, l’isolement ou une blessure. Comment le remplir ? En aimant l’enfant, en lui donnant du contact physique, de la tendresse, en le consolant ou en le nourrissant. En le calmant quand il est énervé, et en jouant et discutant avec lui quand il est de bonne humeur », explique Lawrence Cohen. Selon le psychologue, la plupart des problèmes de comportement des enfants est lié à un problème d’attachement : le réservoir n’est pas assez rempli ou pas assez souvent rempli. C’est en jouant avec l’enfant que l’adulte parviendra à remplir ou à colmater le réservoir.
Jouer permet d’inculquer des qualités nécessaires à toute vie en société
Respecter les règles, ne pas tricher, savoir perdre, gérer ses émotions, attendre son tour, faire équipe… Autant de comportements qui peuvent s’apprendre par le jeu, et qu’il serait bon de reproduire dans la « vraie vie ».
Et pour les parents qui n’aiment pas jouer ?
Par jeu, on n’entend pas nécessairement des interminables parties de Risk ou de Monopoly, ni des heures et des heures passées en tailleur à jouer aux Barbie ou aux Lego. Isabelle Filliozat parle de « toutes interactions ludiques et sympathiques entre parents et enfant ». Cela peut être un jeu très court, un mime, faire une drôle de voix pendant le dîner, ou simplement être aux côtés de son enfant pendant qu’il ou elle construit une tour. Mais la psychothérapeute insiste : « Cela en vaut la peine, car le jeu est une merveilleuse occasion de tisser des liens. »