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Radio Al-Salam, un émetteur de paix dans la violence irakienne

UN JOURNALISTE DE LA RADIO AL-SALAM ENREGISTRE UNE INTERVIEW À QARAQOSH (IRAK).

Fabian, journaliste chaldéen de Radio Al-Salam, interviewe un prêtre chaldéen dans une rue de Qaraqosh (Irak).

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Sylvain Dorient - publié le 09/05/17
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Une poignée de journalistes, de toutes ethnies et religions, fait vivre une radio consacrée à la paix entre les communautés de la mosaïque irakienne.Dans ce studio de radio installé en banlieue d’Erbil, le conseil de rédaction hebdomadaire de Radio Al-Salam ressemble à une blague belge : un Kurde, une Yézidie, une Française et deux chaldéens sont dans un bateau… Il y a ceux qui parlent mal l’anglais, et ceux, dont Maguelone la Française, qui ne parlent pas bien l’arabe, alors la discussion rame un peu. Mais, assure Maguelone : “Chacun y met du sien, personne ne s’énerve, et on finit toujours par se comprendre !” Il faut dire que leur barque évolue sous le pavillon de la colombe, le symbole de Radio Al-Salam — “radio de la paix”, en français. Son leitmotiv : aider les communautés à communiquer entre elles malgré les barrières de langues, de religions et de coutumes. Ils font un travail de radio d’informations grand public, avec des actualités, mais aussi la météo, le sport, la musique et l’inévitable horoscope.

Reportages de paix

Pendant ces réunions polyglottes, les journalistes décident des déplacements à effectuer, des antennes à tenir, etc. Le reportage sur le terrain demande du temps et de l’investissement, mais c’est aussi là que se nouent les rencontres les plus fortes. Ronza, la Yézidie de l’équipe, a ainsi recueilli le témoignage de l’une de ses compatriotes, ancienne esclave de l’État islamique. Elles ont pu parler entre femmes, dans leur langue maternelle. Puis, l’histoire terrible de cette jeune survivante a été traduite en arabe, diffusée… “Nous avons fait connaître ce petit bout de femme qui a survécu à Daesh, elle qui appartient à l’une des communautés les plus malmenées du pays, elle a pu entrer dans le salon des Kurdes, des chrétiens et des arabes qui nous écoutent !”

Faire pont entre les communautés

Le nord de l’Irak est une mosaïque de communautés, qui vivent traditionnellement en vase clos. Ils ont leurs écoles, leurs clergés, voire leurs ordres de protection et milices séparés. Ce morcellement de la société est pour le moment mis entre parenthèses, au nord de l’Irak, car toutes les communautés s’entendent pour combattre l’ennemi commun, l’État islamique. Mais il pourrait bientôt être vaincu militairement, et beaucoup craignent que les frictions entre communautés ne reprennent. En ce moment même, les Peshmergas kurdes fortifient leurs positions, en suivant les frontières qui les arrangent. Certains Kurdes profitent ainsi aussi de la confusion pour récupérer les terrains qui leur ont été volés du temps de Saddam Hussein, quitte à faire payer une injustice du passé aux habitants actuels. Radio Al-Salam, dans ce contexte explosif, émet un message pacificateur, rappelant à tous ses auditeurs qu’ils ont lutté au coude à coude contre le “Califat”.

Nouvelles antennes

Maintenant que les réfugiés reviennent s’installer dans la plaine de Ninive, la radio aimerait accompagner le mouvement et émettre jusqu’à Mossoul et Qaraqosh. Pour le moment, les émissions peuvent être entendues sur un rayon de 80 kilomètres autour d’Erbil sur la fréquence 94.3. La radio se dote aussi d’une visibilité grâce à internet : outre le site, ses émissions seront prochainement disponibles sur une application smartphone. Enfin, la radio pourrait compléter sa rédaction multiculturelle en recrutant un arabe sunnite irakien ou syrien.

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