Les reliques de l’apôtre fêté le 25 avril, venu évangéliser l’Égypte en 43 après Jésus Christ, auraient voyagé à Venise, à la barbe des musulmans… et des coptes.
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Selon la tradition copte, saint Marc l’évangéliste a fondé en 43 une communauté chrétienne vivace en Égypte, où il serait mort martyr. Mais les Vénitiens affirment qu’ils lui doivent, eux aussi, leur foi chrétienne. Quelle que soit la réalité des prétentions vénitiennes, ce sont les coptes qui conservèrent en Égypte les reliques du saint, jusqu’à une expédition rocambolesque, menée en 827.
Le lion de saint Marc arrive en contrebande
Outre la dévotion populaire pour le saint, la possession des reliques de saint Marc représentait pour la ville de Venise un prestige considérable : Rome avait Pierre, elle aussi aurait “son apôtre”. Et ce prestige s’accompagnait de revenus financiers, générés par les pèlerins. Les mosaïques couvertes d’or de la basilique Saint-Marc de Venise racontent comment les reliques auraient rejoint Venise, avant que saint Marc, symbolisé par le lion auréolé, ailé, et posant la patte sur un livre, ne devienne l’emblème de la ville.
Un saint dans la soupe aux choux
En novembre 827, le Doge de Venise, Justiniano Partecipazio, demanda à Andrea il Torcellese de subtiliser les reliques. Celui-ci mit donc le cap sur l’Égypte, à bord d’un navire armé pour l’occasion, le “San-Nicola”, contrevenant aux ordres de l’Empire byzantin qui interdisait tout commerce avec les musulmans. Il prenait aussi le risque d’être pris par les musulmans qui administraient l’Égypte. Parvenus à la chapelle du port de Bucoles, près d’Alexandrie, il parvient à dérober les reliques. Il les glisse ensuite dans un récipient contenant du chou et du porc, et elles échappent ainsi au contrôle des douaniers musulmans, qui ne peuvent pas se souiller au contact d’un animal “impur”. Le retour de l’équipage d’Andrea il Torcellese est triomphal, et toujours selon la tradition, il fait don de sa récompense, 100 livres d’argent, pour financer la construction de l’oratoire de l’église San Marco à Torcello.
Un litige millénaire entre coptes et italiens
Mais, si toute l’opération a été menée aux dépens des Byzantins et des musulmans, les principaux perdants, dans cette affaire, sont les coptes, qui n’ont pas été consultés ! Ce vol de reliques a durablement empoisonné les relations entre chrétiens coptes et chrétiens italiens. Les papes coptes, au cours des siècles, ont entrepris des démarches auprès du Vatican pour que le fondateur de leur Église leur soit restitué. En fin de compte, c’est en 1968, sous les pontificats de Cyrille VI (1959-1971) et du pape Paul VI (1963-1978) qu’une partie des reliques fut restituée aux coptes. Le président Nasser, qui entretenait de bonnes relations avec Cyrille VI, fit du retour de ces reliques un événement national, fêté dans la presse, symbole de l’unité des citoyens. Pourtant, les reliques remises n’étaient pas les restes du saint, mais des reliques de contact, que le Vatican avait en sa possession. Les ossements de Marc, en supposant que la tradition dise vrai, demeurent donc dans la basilique Saint-Marc de Venise. Les Vénitiens ne sont pas prêts à laisser le saint protecteur de la ville quitter le repos de la Sérénissime !