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Francophonie : les écoles catholiques du Proche-Orient menacées

École libanaise © L'Œuvre d'Orient

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Sylvain Dorient - publié le 26/03/17
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En 2015, presque 200 000 élèves libanais recevaient leurs cours en français, dans des écoles catholiques issues d’une tradition séculaire. Mais pourront-elles poursuivre leur oeuvre d’évangélisation et de propagation de la langue française ?Le mercredi 22 mars, en pleine semaine de la Francophonie, le directeur général de l’Œuvre d’Orient, Mgr Pascal Gollnisch n’a pas hésité à interpeller avec vigueur le gouvernement français : “Est-ce que la francophonie vous intéresse vraiment !?”, s’est-il exclamé pour souligner son attachement au maintien des écoles catholiques dans les pays orientaux, de l’Égypte à la Syrie, alors que leur viabilité économique semble compromise.

Trésor culturel en péril

En Égypte et au Liban, et dans une moindre mesure en Turquie, Syrie et en Terre sainte, des écoles catholiques continuent d’enseigner en langue française : “On n’enseigne pas seulement le français, mais on enseigne en langue française”, précise Mgr Gollnisch. Les enfants qui sortent de ces écoles sont le plus souvent trilingues, maîtrisant l’arabe, l’anglais et le français. Cette virtuosité les ouvre au monde et beaucoup de chrétiens orientaux, en particulier au Liban, conçoivent un attachement charnel au français :”Ils voient dans le français la langue des droits de l’homme, qui transmet des valeurs et une culture”, assure Mgr Gollnisch. Il arrive même que les écoles francophones libanaises reçoivent des enfants maronites ou melkites dont la langue maternelle est le français, et qui doivent apprendre l’arabe sur les bancs de classe.

Des écoles d’élite

Dans tous les pays orientaux, les écoles catholiques francophones comptent en moyenne 40% d’élèves musulmans. Le mélange d’élèves issus de communautés différentes est un atout pour ces pays, où la paix est souvent fragile. En Égypte, le taux de musulmans dans ces écoles s’élève à 60%, et en Turquie à 97% ! Elles sont reconnues pour la qualité de leurs formations et de hauts dignitaires égyptiens, commel’actuel ministre des Affaires étrangères Sameh Choukry, y ont usé naguère leurs fonds de culottes.

Équilibre fragile

Dans tous les pays, et à des degrés divers, ces écoles rencontrent des difficultés à renouveler leurs corps enseignants et à trouver les budgets nécessaires à leur bon fonctionnement. Mgr Gollnisch s’insurge : “Ces écoles sont un élément décisif de l’influence française au Moyen-Orient, et malgré les services qu’elles rendent, elles sont à peu près ignorées des promoteurs étatiques de la francophonie.” Il faudrait mettre en place des jumelages entre écoles françaises et orientales pour permettre des allers-retours de professeurs, estime t-il. Si le paramètre budgétaire est prioritaire, alors il faudra se résoudre au déclin de la francophonie. Sur le terrain, déjà, Œuvre d’Orient constate que plusieurs des écoles qu’elle accompagne abandonnent le français, faute de professeurs et de budgets pour en former. En Haute Égypte, elles passent à l’Arabe. Et au Liban à l’Anglais.

Carnet de chèques pour les anglophones

Plusieurs directeurs d’écoles, au Liban, s’adressent aux visiteurs de l’Œuvre d’Orient en ces termes : “Je pourrais résoudre mes problèmes de trésorerie demain… Il me suffirait de passer à l’Anglais !” Les États-Unis, en effet, financent généreusement les écoles anglophones libanaises. Il faut admirer l’attachement des chrétiens libanais à la France pour qu’ils continuent à préférer ainsi la langue de Molère. Mais pour combien de temps encore ?



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