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Benoit XVI, le gardien de la foi

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Jean de la Monnerie - publié le 11/03/17
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Le Pape émérite laisse en héritage une réflexion exceptionnelle sur la foi chrétienne.


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Le 28 février 2013, Benoît XVI âgé de 85 ans, quittait le trône de saint Pierre, après avoir déclaré le 11 février précédent que son âge ne lui permettait pas de mener à bien sa charge. Il avait conclu son pontificat par une année de la foi. Un évènement profondément révélateur.

Car, en désignant la foi comme le couronnement de son pontificat et des longues décennies d’engagement qu’il avait passées au service de l’Église, il est plus que probable que le Saint Père ait voulu nous en rappeler l’importance majeure comme vrai sceau de la vie chrétienne.

Mais, en seconde analyse, au-delà de sa signification ponctuelle pour l’Eglise entrée dans son IIIe millénaire, ce fait prend aussi un autre sens ; car cette année de la foi, décidée par le pape Benoît XVI, n’était, en réalité, pas la première dans l’histoire de l’Eglise contemporaine.

En effet, un regard rétrospectif, portée sur la marche de l’Église depuis la Seconde Guerre mondiale, nous permet de constater qu’une première année de la foi avait été décidée par l’un de ses prédécesseurs, le pape Paul VI, couvrant l’année charnière que fut, à bien des égards, 1968 et qui devait clore la période conciliaire.

1968, année de la foi

Voilà une réalité qui, depuis lors, a été éclipsée par les autres significations idéologiques prises par cette année. Et c’est peu dire, en un sens plus ecclésial, que cette première année de la foi n’a pas non plus clos les développements, les innovations dont le concile a été le motif, le prétexte ou l’occasion.

C’est que 1968 marque le début d’un retournement dans l’histoire de la civilisation occidentale chrétienne, auquel Joseph Ratzinger a été, comme chacun sait, particulièrement sensible, et le début d’une crise durable dans l’Église latine.

D’une année de la foi à l’autre, tout l’engagement intellectuel de Joseph Ratzinger, qui, brisant les raccourcis et les cloisonnements, a toujours cherché à restaurer un sain dialogue entre la foi et la raison, à affirmer, en une compréhension symphonique de la connaissance, jusqu’ici mutilée par le positivisme, la pleine scientificité de la théologie et de la quête de vérité, toute son œuvre en un mot peuvent être lus et prennent une indéniable cohérence à cette lumière.

1968-2013, d’une année de la foi à l’autre

L’année de la foi proclamée par Benoît XVI doit donc être comprise comme le strict symétrique de la paradoxale année de la foi que fut 1968.

Le Saint Père entendait ainsi accomplir ce que son prédécesseur, Paul VI, n’avait pu réussir et clore, en quelque manière, l’épisode douloureux de l’après-concile, pour permettre à l’Église de vivre un nouveau départ, un nouvel élan, sur le fondement d’une saine et sûre compréhension de la foi, dont son intelligence offrait la garantie.

Conscient de l’ancrage historique de son œuvre, Benoît XVI pensait qu’il appartenait à l’époque du concile et de l’après-concile et qu’à ce titre, lui incombait une responsabilité ; que, son devoir de témoin, de docteur, puis de pontife, était de remettre en ordre et de clarifier les idées en circulation au sein de l’Église pour la sortir de l’époque tumultueuse qu’elle traversait depuis 1968. Ce travail accompli, il entendait transmettre le timon d’une Église à la foi sûre à un pasteur solide, apte à embrasser l’époque incertaine s’ouvrant devant elle.

Il n’est pas sûr, cependant, qu’au début de son troisième millénaire, l’Église soit prémunie contre toutes les tempêtes doctrinales, ni que l’hydre du relativisme et de la confusion ait été définitivement terrassée. Au milieu des incertitudes de notre temps, l’Église catholique, et en elle tout chrétien, ne doivent cesser de méditer l’enseignement de Joseph Ratzinger, docteur et pontife, qui, entre deux années critiques, 1968 et 2013, a voulu témoigner de la permanence de la foi, de la nécessité de son dialogue avec la raison, pour répondre à la quête éternelle de vérité de l’homme.

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