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Nicolas Boileau, tendre en prose et cruel en vers

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Angélique Provost - publié le 18/02/17
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Portrait en alexandrins du “législateur du Parnasse” !

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Puisque nous commençâmes ces alexandrins
Et ces folles rencontres de lettreux badins
Par le grand dix septième des siècles de lettres,
Continuons ici ce qui pourrait paraître
Comme une interminable odyssée des esthètes
Qui ont fait de la France un pays de poète.
Ce siècle, disait-on, celui des tragédiens
Vis d’autres plumes longues, d’autres écrivains
Noircir d’encre loquace, et pour la royauté,
Ses pages, nous verrons, bien assez disputées.
Avant de présenter les étroites querelles
Qui ont marqué sa vie d’un sceau intemporel
Peignons donc le portrait de ce cher Nicolas
Boileau, qui du français fit bon apostolat.
On ne sait aujourd’hui, de l’illustre génie
Que deux vers mal cités – oubliant l’euphonie – :
« Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement
Et les mots pour le dire arrivent aisément ».
Oui c’est bien de Boileau que venait le dicton
Qui n’en était pas un, avant qu’en pieux mouton
Tout un chacun s’efforce de le déformer,
Lui donnant l’air boiteux, chancelant, abîmé.
Pourtant quelle ironie que le seul vers connu
D’un auteur dont la vie tout entière a tenu
Dans la droite finesse et la belle défense
Des règles rigoureuses des rimes de France,
Soit ainsi estropié comme une ritournelle
Dès lors qu’il est cité au commun des mortels…
Boileau disions nous donc fut académicien,
Moraliste et poète, enfin théoricien
Puisqu’il mit sur papier, le mettant hors du temps,
L’art réglé de la rime, art complexe, exigent :
Ce fut « l’art poétique »,  ouvrage inégalé,
Fastidieux, fait de vers et de lois ampoulées.

Satire de talent, il écrivit aussi
Quelques vers peu aimés (quoique bien réussis)
Par ses contemporains dont le poète rit :
Jean Chapelin, Cotin, Georges de Scudéry.
(Ah Dieu que notre siècle manque de satire
Qui sache offrir en vers et sarcasme et bon rire…)
Enfin il se lassa de ce genre de vers
Et se mit à l’épître, et aux papiers divers.
S’il en fallait lire une, une seule du moins
C’est celle au jardinier qui l’emporte de loin.
Nous en proposerons, après ces pauvres rimes
Un extrait, délicieux, amusant et sublime.
Mais enfin parlons donc de la dite querelle
Qu’il mena longuement et fit universelle :
Les Anciens aux Modernes se sont opposés,
Les uns louaient l’antique au charme inépuisé,
Les autres, avec Perrault, avaient l’ambition
De dire que succès n’est qu’innovation.
Ainsi Boileau ne jure que par Aristote
Et par sa Poétique, et l’idée n’est pas sotte :
L’antiquité nous offre un champ d’histoire immense
À rimer sur cinq actes et autant de cadences.
Mais pourquoi faudrait-il que cette vérité
Force à juger mauvaise la modernité ?
L’un et l’autre ont un charme assez inépuisable
Pour ne pas exiger que l’autre soit coupable.

Voici, nous semble-t-il, quelque portrait limpide
Quoique, j’en suis navrée, peut-être un peu rapide,
De celui qui offrit aux muses des poètes
Une bible nouvelle et jamais obsolète.
Enfin prenez le temps pour vous en faire arbitre
De lire cet extrait de sa plus belle épître.

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