Le défi de l’animation en pastorale. (1/3)
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Dominique Grassin d’Alphonse est animatrice en pastorale dans une maison d’enfants des Apprentis d’Auteuil, à Creil dans l’Oise. Elle nous explique son rôle auprès des enfants et des adultes.
Parole et respect
Donner la parole et écouter l’autre avec bienveillance, c’est l’une de mes tâches principales. Autant pour les enfants qui nous sont confiés dans le cadre de l’aide sociale à l’enfance que pour les adultes qui les encadrent. Au moment des attentats par exemple, il y a eu beaucoup de tensions entre les jeunes, beaucoup d’inquiétudes, de peurs, de clichés, de non-dits.
Il a fallu trouver des espaces de parole pour les faire parler. Certains avaient besoin de dire à leurs acolytes musulmans : pourquoi au nom de Dieu allez-vous tuer les gens ? Et l’autre de répondre : Et vous, pourquoi êtes-vous contre les musulmans ? Laisser circuler la parole, c’est l’un des rôles majeurs de l’animatrice en pastorale. Toujours dans le respect de l’autre, de sa pensée ou de sa religion.
Un autre regard
Les éducateurs passent beaucoup de temps à redonner confiance aux jeunes, à leur montrer qu’ils sont capables de belles choses. Moi aussi, mais en portant un autre regard, et avec une dimension religieuse, quand ils le souhaitent bien sûr.
Nous abordons des sujets dont les enfants ne parlent pas en classe, comme par exemple, des séances sur l’affectivité : comment connaître son corps, qu’est-ce que la loi naturelle, qui sommes-nous en tant qu’être humain… Je m’appuie sur les forces de l’être humain pour leur montrer qu’ils sont beaux, qu’ils peuvent toujours plus. Chez des jeunes bafoués, blessés, l’animation en pastorale c’est également leur montrer qu’ils peuvent et qu’ils sont capables. Et comme nous sommes à Apprentis d’Auteuil, l’animation en pastorale c’est aussi pouvoir annoncer le Christ par notre façon d’être et de voir. Sans jamais imposer notre foi.
Faire du lien
Être animatrice en pastorale, c’est aussi être proche, présente, notamment quand il y a un coup dur mais pas seulement. Animatrice en pastorale, c’est tout et rien ! On essaye de faire du lien. Récemment, nous avons eu des échanges sur le paradis, le ciel, la foi, en se respectant mutuellement.
Faire du lien entre les jeunes, mais aussi entre les adultes de l’équipe éducative car il arrive souvent que des tensions s’installent. Et c’est normal. Le monde d’aujourd’hui est violent et les éducateurs se sentent responsables des enfants qui leurs sont confiés. C’est parfois lourd à porter. Ils ont eux aussi besoin d’espaces de parole et d’échange spirituel.
Parfois, ils ne voient que ce qui va mal chez un jeune et ils se découragent. N’étant présente que deux jours par semaine, j’ai plus de recul, je peux leur dire : « Souviens-toi, quand ce jeune est arrivé, il était sous sa couette, il ne voulait pas sortir de sa chambre, ni nous parler. Juste : « Ta gueule, rien à foutre »… Aujourd’hui, grâce à votre travail d’éducateurs, vous avez réussi à créer du lien. Même si ça va mal, il y a une évolution incroyable… ».