Le musée Jacquemart-André consacre une exposition intimiste au maître hollandais. Né en 1606 et mort en 1669, n’ayant jamais quitté sa Hollande natale, Rembrandt est incontestablement l’un des grands maîtres de la peinture européenne du XVIIe siècle. Ayant étudié en profondeur l’art italien, et plus particulièrement les toiles du Caravage, il maîtrisa très tôt les jeux de la lumière et de l’obscurité. La plupart de ses tableaux sont ainsi nimbés d’une ombre indécise. Ce qui fera dire à Marcel Proust que ses toiles semblaient « toutes peintes dans un même jour qui serait, semble-t-il, celui du soleil couchant quand les rayons frappant directement les objets les dorent ».
Une porte ouverte sur l’histoire du peintre
Les trois tableaux acquis par Edouard André servent de colonne vertébrale à l’exposition. Et il ne s’agit pas de toiles mineures : Le Repas des pèlerins d’Emmaüs (1629), le Portrait de la princesse Amalia van Solms (1632) et le Portrait du docteur Arnold Tholinx (1656). L’exposition n’insiste pas outre mesure sur les autoportraits dont il usa abondamment (une centaine au total) pour faire connaître son savoir-faire, le thème ayant déjà été largement étudié. Tout au long de l’exposition se mêlent tableaux de jeunesse, à l’heure des débuts prometteurs et de la célébrité, à ceux de la fin de sa vie, années de pauvreté et de relégation sociale, après le décès de sa première épouse Saskia. Ce que résumera en une phrase l’écrivain Jean Genet : « Il peint. Il est célèbre. Il s’enrichit. Il est fier de sa réussite. Saskia est couverte d’or et de velours… Elle meurt. » Ce déclassement de l’artiste est sensible sous le pinceau, les oeuvres de la maturité étant incontestablement plus ascétiques, plus sobres que celles de la jeunesse.
Quelques toiles majeures
S’il ne fallait retenir que deux toiles de cette troublante confrontation des différentes périodes du maître, nous retiendrons le Portrait d’Hendrickje Stoffels qui dévoile l’incroyable candeur de la maîtresse de l’artiste, de vingt ans sa cadette; et le Vieil homme en costume oriental (1632) qui suffit à saisir la virtuosité du peintre, qui n’a alors que 26 ans. Ces deux tableaux méritent à eux seuls de longues minutes de contemplation. D’où l’importance de saisir les heures de visite les plus clairsemées. Quant aux dessins présentés, s’ils ne sont pas les plus virtuoses, ils disent beaucoup de la sureté de trait du peintre. Pour ceux qui souhaitent poursuivre la découverte au calme, la Bibliothèque nationale de France en offre en libre accès de nombreuses reproductions gravées.
Terminons en précisant que le titre de l’exposition lui a probablement été donné par défaut. Car la vingtaine de tableaux et la trentaine d’estampes et de dessins réunis par le musée Jacquemart-André ne forment aucun ensemble cohérent. Ce qui n’est d’ailleurs pas pour déplaire au visiteur, qui dans ces cinq ou six pièces – intimistes quant à elles – parvient à saisir quelques éclats du mystère d’un maître du XVIIe siècle. Voilà qui n’est pas rien.
Informations :
Au Musée Jacquemart-André, jusqu’au 23 janvier 2017.
Informations sur le site officiel du musée.