Le message du Saint-Père pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié du 15 janvier 2017 a été rendu public aujourd’hui.
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Ils représentent à eux seuls la moitié des réfugiés du monde — soit “le nombre total des habitants du Danemark, de la Finlande, de la Norvège et de la Suède”, soulignent les spécialistes des statistiques — pourtant “ils sont invisibles et sans voix”, finissent facilement “aux plus bas niveaux de la dégradation humaine, où l’illégalité et la violence brûlent en une flambée l’avenir de trop d’innocents”, dénonce le pape François dans son message pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié, le 15 janvier prochain, rendu public le 13 octobre sous le titre “Migrants mineurs, vulnérables et sans voix”. En toile de fond, les avertissements de Jésus contre ceux qui constituent “un scandale, une occasion de chute pour un seul de ces petits”.
À “tous les gens sans scrupules”
Il est “préférable qu’on leur accroche au cou une de ces meules que tournent les ânes et qu’ils soient engloutis en pleine mer”, disent les Évangiles (Mt 18, 6 ; Mc 9, 42 ; Lc 17, 2).
Un avertissement sévère que le pape François retourne à tous “les gens sans scrupules” qui forcent tant d’enfants à se prostituer ou les propulsent dans “les circuits de la pornographie” ; les “asservissent dans le travail” ou les “enrôlent comme soldats ; les impliquent dans “des trafics de drogue et autres formes de délinquance”. Mais un avertissement aussi à tous ceux qui sont responsables de leur fuite “à cause de conflits ou de persécutions”, leur faisant courir le risque de “se retrouver seuls et abandonnés”.
La moitié des réfugiés du monde ont moins de 18 ans
Devant la presse, à la sortie du message, le cardinal Antonio Veglio, président du conseil pontifical pour les migrants et les personnes en déplacement, a beaucoup insisté sur les raisons qui ont amené le Pape à décider de centrer la prochaine journée mondiale du Migrant et du réfugié sur les enfants : “Plus de la moitié des réfugiés du monde ont moins de 18 ans, 50 millions d’entre eux ont fini dans les flux migratoires”, ce qui veut dire qu’un enfant sur 200 dans le monde est un réfugié “vulnérable et sans voix”, s’est alarmé le Pape, dépourvu d’un “environnement familial sain et protégé”, du “droit et devoir de recevoir une éducation adéquate”, et celui “de jouer et de se livrer à des activités récréatives”, qui sont “des exigences uniques et inaliénables” pour un enfant.
Les migrations, aujourd’hui, prennent de plus en plus la tournure “d’un phénomène dramatique mondial”, et les enfants sont les premiers à en payer les frais, poursuit le message. Les causes dénoncées par le Pape : “Violence, misère, conditions climatiques”, et la mondialisation dans “ses aspects les plus négatifs” comme la “course effrénée vers des gains rapides et faciles”.
Beaucoup de ces enfants “voyagent seuls ou séparés de leurs parents pendant le trajet ou dans les centres d’accueil”, a étayé le cardinal Veglio, et la situation ne tend pas à s’améliorer comme en Syrie où “près de 80% des enfants réfugiés nés durant le conflit n’ont pas été enregistrés”, faisant d’eux des êtres “invisibles”, des apatrides, qui n’ont du coup accès à aucun droit fondamental comme l’instruction et la santé.
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Un fléau surmontable à condition de…
Pour affronter cette situation, le Saint-Père propose deux lignes de conduite “incontournables” et une troisième qu’il exprime sous forme d’un appel pressant à la communauté internationale afin qu’elle se concentre, de toute urgence, sur la recherche de “solutions durables”.
Premièrement, “adopter toutes les mesures possibles pour garantir aux migrants mineurs protection et défense”, en intervenant “avec plus de rigueur et d’efficacité” à l’encontre de ceux qui tirent profit des “multiples formes d’esclavage dont sont victimes les mineurs”. Pour cela, les migrants eux-mêmes sont appelés à collaborer “plus étroitement avec les communautés qui les accueillent”, et les organismes et institutions, ecclésiales et civiles, à collaborer entre elles “de manière encore plus efficace et incisive” en multipliant leurs “échanges d’informations” et intensifiant la mise en place de réseaux en mesure “d’assurer des interventions rapides et étendues”.
Deuxièmement, le Pape insiste sur l’importance de “travailler sur l’intégration des enfants et des adolescents migrants” qui, souligne-t-il, “dépendent en tout et pour tout de la communauté des adultes”. Comment ? En favorisant “leur insertion sociale” ou créant “des programmes de rapatriement sûr et assortis d’assistance”, mais certainement pas en cherchant uniquement à “empêcher leur entrée”, une attitude jugée inconcevable par le Saint-Père qui reste convaincu que cela ne fait qu’encourager “le recours à des réseaux illégaux”.
En troisième lieu, “affronter la question des enfants migrants à la racine”, en cherchant à “enrayer les conflits et les violences qui contraignent les personnes à prendre la fuite”. Pour cela, le souverain pontife appelle la communauté internationale à prévoir “des programmes adéquats pour les régions affectées par de multiples graves injustices et instabilités”, pour garantir à tous “l’accès à un développement authentique”, pour le bien des enfants qui sont “l’espérance de l’humanité” entière.