Opposer la force de la prière à celle des armes était tout le sens de cette grande journée interreligieuse pour la paix.
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“Ne nous lassons pas de répéter que jamais le nom de Dieu ne peut justifier la violence. Seule la paix est sainte, pas la guerre !”, a martelé le pape François, à Assise, dans un discours très attendu pour clore la Journée mondiale de prière interreligieuse pour la paix. En présence de représentants des Églises chrétiennes et des traditions religieuses du monde, sur la place Saint-François, le Pape a aussi dénoncé “le paganisme de l’indifférence” qui rend “insensibles” au mal et attaque “le coeur même de la religiosité” .
30 ans après Jean Paul II
Trente ans après Jean Paul II, le pape François est allé à Assise pour réaffirmer, avec près de 500 responsables de neuf religions et 26 expressions religieuses et philosophiques, les valeurs de paix qui les unissent et l’importance de se considérer tous membres d’une seule et même famille humaine.
“Que le Seigneur nous donne la paix du coeur, qu’il ôte en nous toute (…) avidité, cupidité, et désir de lutte. Paix ! Paix ! Que notre coeur soit un coeur d’homme ou de femme de paix, au-delà des divisions des religions, (…) parce que nous sommes tous des enfants de Dieu”, avait exhorté le Pape, à l’homélie de la messe, célébrée à Sainte-Marthe avant de partir.
Rappeler l’importance du dialogue entre les religions pour arriver à la paix. C’est le message de la Rencontre interreligieuse mondiale à Assise, organisée par la communauté Sant’Egidio, qui s’est ouverte le 18 septembre dernier et s’est achevée deux jours plus tard avec la visite du Pape. Au total, 12 000 personnes ont participé à ces trois journées de rencontre, animées par 29 débats sur divers thèmes d’actualité : le terrorisme au nom de Dieu, le dialogue islamo-chrétien, la crise des réfugiés, la guerre en Irak, l’œcuménisme…
Seule la paix est sainte
Dans un discours prudent, rapporte l’agence I-Media, le pape François a largement cité les allocutions de ses prédécesseurs à Assise, pour dénoncer le terrorisme au nom de Dieu, sans jamais citer précisément le terrorisme islamique. Il a tout d’abord repris le discours de Jean Paul II, du 24 janvier 2002 – “Celui qui utilise la religion pour fomenter la violence en contredit l’inspiration la plus authentique et la plus profonde” – puis celui de Benoît en 2011 – “Aucune forme de violence ne représente « la vraie nature de la religion. Au contraire elle la déguise et contribue à sa destruction” – avant d’ajouter sa propre réflexion – “ne nous lassons pas de répéter que jamais le nom de Dieu ne peut justifier la violence. Seule la paix est sainte, seule la paix est sainte, pas la guerre !” – qui déclencha un tonnerre d’applaudissements.
“Nos traditions religieuses sont différentes”, a poursuivi le Souverain Pontife, mais la différence “n’est pas pour nous motif de conflit, de polémique ou de froide distance”. “Nous n’avons pas prié aujourd’hui les uns contre les autres, comme cela est arrivé hélas parfois dans l’histoire, a-t-il alors souligné. Sans syncrétisme et sans relativisme, nous avons prié les uns à côté des autres, les uns pour les autres”. Le pape François a conclu son discours en exhortant les croyants à être des “artisans de paix”, les chefs religieux à être “des médiateurs créatifs de paix”, avant de se tourner vers les “leaders des nations” et de les appeler à “ne pas se lasser de chercher et promouvoir des chemins de paix, en regardant au-delà d’intérêts partisans ou du moment”.
Méditation chrétienne
À Assise, les représentants des différentes religions et expressions spirituelles sont allés se recueillir et prier en des lieux différents. Les chrétiens se sont rassemblés dans la basilique inférieure de Saint-François pour une prière œcuménique. “Nous sommes appelés à être des “arbres de vie” qui absorbent la pollution de l’indifférence et restituent au monde l’oxygène de l’amour”, a exhorté le Pape. Sa méditation était centrée sur la “soif d’amour” de Jésus-Christ, en écho avec le thème de la Rencontre interreligieuse pour la paix : “Soif de paix : religions et culture en dialogue”. Dans le “j’ai soif” de Jésus, a-t-il insisté, résonne “la voix de ceux qui souffrent, le cri caché des petits innocents exclus de la lumière de ce monde, la supplication qui vient du fond du cœur des pauvres et de ceux qui ont le plus besoin de paix “. Et le Souverain Pontife de citer notamment les victimes “de ces guerres qui polluent les peuples de haine et la terre d’armes”, et celles qui “vivent sous la menace des bombardements ou sont contraints de laisser leurs maisons et d’émigrer vers l’inconnu, dépouillés de tout”.
Après la méditation du chef de l’Église catholique, une prière d’intercession a été lue, durant laquelle tous les pays en guerre ont été nommés. Pour chacun de ces pays (Syrie, Irak, Colombie, Birmanie, Venezuela, République démocratique du Congo Burundi, etc.), une bougie a été allumée.
Appel à la paix
Comme il y a trente ans, tous les leaders religieux ont signé un appel à la paix, dans lequel ils demandent aux responsables des Nations de “désamorcer les mobiles des guerres : l’avidité du pouvoir et de l’argent, la cupidité de qui fait du commerce d’armes, les intérêts des parties, les vengeances à cause du passé”, afin que “s’ouvre un temps nouveau, où le monde globalisé puisse devenir une famille de peuples”. Dans un monde aujourd’hui frappé par le terrorisme, blessé par les guerres, ils réaffirment que “la violence et le terrorisme s’opposent au véritable esprit religieux”, laissant à tous les croyants du monde cette conviction que seule “l’amitié et la collaboration” entre eux “aidera à la construction d’un monde en paix”.