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Huit femmes en coloc avec Marthe et Marie

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Arthur Herlin - publié le 22/07/16
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Comme Marie, elles se laissent remplir de l’Amour de Dieu; comme Marthe elles se mettent au service de l’autre

Stéphanie Saboly est la directrice de l’association La Maison de Marthe et Marie.

Aleteia : Pouvez-vous présenter votre association ?
Stéphanie Saboly :
 Marthe et Marie a pour but d’accueillir des femmes enceintes dans des logements solidaires. Il en existe  pour l’instant trois en France : à Paris, Nantes et Lyon. Dans chacun d’entre eux vivent quatre femmes enceintes ou mamans et quatre volontaires, des jeunes femmes de 25 à 35 ans. Ces dernières s’engagent pour une année ou deux à vivre et accompagner les mamans en parallèle de leur vie professionnelle. Outre partager le quotidien de ces mamans, elles participent une fois par semaine à un dîner de colocation et font en sorte qu’il y ait toujours au moins deux colocataires présentes, mamans ou volontaires. Pour chaque appartement une responsable salariée est par ailleurs chargée d’accompagner les mamans de leur entrée jusque à leur sortie vers un logement autonome. Cette œuvre a été fondée en 2010 par une sage-femme, Aline Dard, extrêmement sensible à la détresse morale et matérielle de certaines femmes enceintes qui n’avaient pas de lieu où se rendre après l’accouchement. Elle était par ailleurs touchée par la question du “bien-être” du bébé à naître et des liens mère-bébé in-utéro.

Quels profils se tournent vers vous ?
Les futures mamans s’adressent à nous car elles vivent une situation extrêmement  précaire: elles sont souvent dans un grand isolement parfois causé par une situation conflictuelles avec leur entourage. Nous avons la possibilité de les accueillir dès le début de leur grossesse. Ce qui permet de compléter le service proposé par les centres maternels mis en place dans chaque département et qui, eux, n’accueillent les mamans qu’à partir du septième mois de grossesse.

En quoi vous différenciez-vous de ces centres maternels ?
Nous nous distinguons de ce type d’établissement dans la mesure où nous proposons aux mamans une véritable vie de colocation avec des volontaires qui partagent leur quotidien. L’idée c’est que ces femmes restent connectées avec le monde extérieur, avec la vie « normale », qu’elles ne vivent pas en vase clos seulement avec des mères en difficulté à ressasser leurs problèmes mais qu’elles aient une vie sociale riche, une envie de retrouver du travail, d’être actives dans la journée. Les volontaires sont très moteurs et sont forces de propositions pour toutes sortes d’activités et sorties. De plus les mamans jouissent d’une vraie autonomie : elles vivent dans une colocation et organisent leur vie comme elles le souhaitent sans surveillance continue.

Envisagez-vous d’ouvrir d’autres appartements ?
Oui nous cherchons en particulier à nous développer à Paris où nous recevons chaque semaine de nombreuses demandes. Malheureusement nous ne disposons que de quatre places et chacune des femmes que nous accueillons reste en moyenne 12 à 14 mois. Le problème c’est que le marché de l’immobilier est tel que nous éprouvons des difficultés à trouver des appartements capables d’accueillir huit personnes avec un loyer raisonnable.

Quelle place occupe la spiritualité au sein de la colocation?
Le projet spirituel est essentiellement pour les volontaires. Nous leur demandons de prier pour la colocation régulièrement. Elles sont à l’image de Marthe et Marie : comme Marie elles laissent remplir par l’amour de Dieu et comme Marthe, elles se mettent au service de leurs colocataires dans une démarche bienveillante et attentionnée. Chaque matin les volontaires se retrouvent pour prier ensemble les laudes. Nous avons confié l’association à Notre Dame de Guadalupe, patronne des femmes enceinte. Nous récitons tout particulièrement une prière inspirée de la prière pour la vie extraite de l’encyclique « Evangelium Vitae » de Jean-Paul II  :

Ô Marie,
Aurore du monde nouveau, Mère des vivants, nous te confions la cause de la vie.
Nous te confions toutes les mamans qui ont contacté la Maison de Marthe et Marie, ainsi que leurs enfants.
Nous te confions toutes les femmes qui vivent dans les colocations.
Que la tendresse et la bienveillance emplissent leurs coeurs.
Nous te confions toutes les personnes qui œuvrent au service de la Maison de Marthe et Marie.
Que l’Esprit Saint nous guide et nous garde dans l’unité,
Que nous cherchions toujours plus à consoler le Cœur de Jésus,
À la louange et à la Gloire de Dieu Créateur qui aime la vie.
St Jean-Paul II, Priez pour nous.
Sainte Marthe et sainte Marie de Béthanie, Priez pour nous.
Notre-Dame de Guadalupe, Priez pour nous.
St Joseph, Protégez-nous.

 Enfin, chaque colocation bénéficie de la présence d’un aumônier qui se rend au moins une fois par mois dans la colocation afin d’accompagner spirituellement les volontaires.

Cette vie spirituelle a-t-elle des répercussions sur les mamans ?
Oui, nous ne l’avions pas prévu au départ, mais il existe une véritable dimension d’évangélisation. Certaines mamans, d’abord intriguées, ont choisi de demander le baptême pour leur enfant. La présence de la spiritualité permet de susciter de nombreuses conversations. Nous avons choisi dans ce sens d’organiser une fois par semestre une « soirée du pardon » : un temps pendant lequel les colocataires peuvent demander pardon si elles ont offensé quelqu’un. Un bon remède pour résoudre les situations difficiles naturellement présentes dans les cohabitations nombreuses. Mais malgré tout la joie domine !  Il existe toujours une raison de fêter un évènement : une naissance, une arrivée ou un nouveau départ !

Propos recueillis par Arthur Herlin

Volontaires, la Maison de Marthe et Marie recherche de bonnes volontés pour rejoindre la colocation à Nantes, rendez-vous sur le site.

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