Mgr Fellay, supérieur général de la Fraternité Saint-Pie-X, déplore un état de "grande et douloureuse confusion" dans l’Église.
Trois mois à peine après « son entretien privé et informel » avec le pape François au Vatican, le 1er avril dernier, présenté comme « un pas supplémentaire positif sur le chemin de la réconciliation » entre Rome et la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FSSPX), Mgr Bernard Fellay, supérieur général et successeur de Mgr Marcel Lefebvre à la tête de la Fraternité, semble revenir à un ton plus caustique. « La Fraternité ne recherche pas avant tout la reconnaissance canonique (…) à laquelle elle a droit en tant qu’œuvre catholique », déclare-t-il dans un communiqué publié à l’issue d’une série de discussions avec les supérieurs de la FSSPX, du 25 au 28 juin dernier, à Anzère, dans les Alpes suisses.
La proposition
Une proposition de prélature personnelle a été faite l’année dernière à la Fraternité par la Congrégation pour la doctrine de la foi. Celle-ci était accompagnée d’une proposition de déclaration doctrinale, sur laquelle tous les supérieurs majeurs et quelques théologiens de la Fraternité, ainsi que les évêques étaient invités à se pencher pour donner leur avis. Un des évêques de la Fraternité, Mgr Alfonso de Galarreta avait commenté cette possibilité en disant qu’elle « aurait un effet bon, bénéfique » qui scellerait « une ouverture apostolique assez extraordinaire ».
Or, au deuxième point du communiqué paru ce jeudi 30 juin, il est clairement précisé que « dans l’état présent, de grave nécessité qui lui donne le droit et le devoir de distribuer les secours spirituels aux âmes qui recourent à elle, la Fraternité ne recherche pas avant tout une reconnaissance canonique », à laquelle elle estime avoir droit en tant qu’œuvre catholique. Son seul désir, écrit Mgr Fellay : « Porter fidèlement la lumière de la Tradition bimillénaire qui montre la seule route à suivre en cette époque de ténèbres où le culte de l’homme se substitue au culte de Dieu, dans la société comme dans l’Église ».
« Grande et douloureuse confusion »
Le communiqué, décliné en quatre points, déplore au premier point un état de « grande et douloureuse confusion » dans l’Église, dues selon les lefebvristes à « des erreurs qui ont pénétré en son sein, malheureusement encouragées par un grand nombre de pasteurs, jusqu’au Pape lui-même », un lien hypertexte renvoyant au pape François. Pour Mgr Fellay, la formation des prêtres est « la condition essentielle du renouveau de l’Église et de la restauration de la société ».
Au troisième point, il déclare : La « restauration de toutes choses dans le Christ, voulue par saint Pie X à la suite de saint Paul, ne pourra se réaliser sans le soutien d’un Pape qui favorise concrètement le retour à la Sainte Tradition ». En attendant, la Fraternité annonce qu’elle entend « redoubler d’efforts pour établir et diffuser, avec les moyens que lui donne la divine Providence, le règne social de Notre-Seigneur Jésus-Christ ».
D’ici le centenaire de Fatima
Enfin, au quatrième et dernier point, Mgr Fellay fait savoir que « la Fraternité Saint-Pie-X prie et fait pénitence pour que le Pape ait la force de proclamer intégralement la foi et la morale ». Ainsi, espère-t-il, « il hâtera le triomphe du Cœur Immaculé de Marie que nous appelons de nos vœux, à l’approche du centenaire des apparitions de Fatima« .
Réaction de Rome
Interpellé par l’agence I. Media, le prélat chargé au Vatican des relations avec les traditionnalistes a déclaré ne voir en ces propos « absolument pas une porte fermée » aux discussions en cours, mais plutôt une attitude « attentiste » de la part de Mgr Fellay.