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Rencontre. L’homme qui veut moderniser la com’ de l’Église

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Arthur Herlin - publié le 28/06/16

Austen Ivereigh, fondateur de CathoVoice, entend bien faire des catho ordinaires des communicants hors pair.

Aleteia : Pourquoi était-il important de créer le mouvement CathoVoice
Austen Ivereigh : Quand ce projet est né à Londres en 2010, jamais le fossé entre notre société occidentale sécularisée et l’Église catholique n’avait paru si énorme. Face à l’hostilité de nos critiques et des médias qui se faisaient la caisse de résonance de nombreux préjugés, il devenait de plus en plus difficile de communiquer la réalité et le message de l’Église. À l’occasion de la visite du Pape Benoit XVI en Angleterre, nous avons mis au point une méthode qui nous permette de prendre conscience des préjugés inconscients – ce que nous appelons les cadres– et d’en sortir – ce que nous qualifions de changement de cadrage, ou reframing–. Ce fut un succès, et nous avons réussi à expliquer les positions de l’Église y compris sur des sujets très polémiques ou délicats, d’une manière qui permette aux gens de voir le visage de compassion et de miséricorde de l’Église, sans compromettre en rien notre mission de témoins de la vérité. Six ans plus tard : nous sommes présents dans 22 pays, dont la France, et la méthode s’est révélée très féconde. Celle-ci a fait l’objet d’un livre baptisé Comment répondre aux questions brûlantes sur l’Église sans refroidir l’ambiance, qui sort cette semaine en France traduit et adapté par les éditions de l’Emmanuel.

Avec le recul, nous n’avions pas pour objectif de créer un projet de communication international : notre voulions former une équipe de catholiques “ordinaires” qui puissent expliquer le message de l’Église durant la visite pontificale. Mais je pense aussi que les temps étaient mûrs pour ce projet, et je pense que la Providence n’a pas été étrangère à sa diffusion. Le pape François est un exemple vivant de ce que nous essayons de faire.

Est-il possible que votre mouvement prenne en France, compte tenu de sa situation où la communication est prérogative de l’Église?
J’ai rencontré dernièrement les évêques français à Paris, et l’un d’entre eux a eu cette phrase : “Nous devrions soutenir ce projet, car c’est l’ecclésiologie et la théologie du concile Vatican II”. Et c’est bien le cas. Les laïcs ont une vocation, un apostolat et une mission d’évangélisation. Expliquer les positions de l’Église dans les médias convient parfaitement aux laïcs qui sont dans le monde, et qui le font déjà d’ailleurs, au bureau, au bar, dans des dîners d’amis. Bien sur, les évêques ont une présence médiatique, et interviennent dans les débats publics, soit en personne, soit par l’intermédiaire de leur porte-parole. Mais ce que nous faisons n’empiète pas là dessus. Si la question concerne un point de doctrine clair de l’Eglise – par exemple, sur le suicide assisté – vous pouvez nous appeler. Si vous voulez savoir ce que pense l’évêque de la dernière déclaration du Président, il suffit de le contacter, naturellement. Cette réciprocité fonctionne bien dans la plupart des pays où le projet existe. Nous ne sommes pas les porte-paroles officiels des évêques, mais nous avons leur bénédiction. Ils sont heureux que nous fassions avec sérieux et professionnalisme ce que tous les laïcs baptisés sont appelés à faire.

Que reprochez-vous à la communication des fidèles catholiques en général ? 
Nous avons retenu une leçon importante. Les questions difficiles que les catholiques se sentent le moins capable de traiter  – que nous appelons “brûlantes” – sont précisément celles sur lesquelles nous devons communiquer de manière efficace. Elles sont le point de rupture entre l’Église et les valeurs de la société contemporaine. Là où naissent les étincelles, nait aussi l’intérêt des gens.Ces scandales – au sens biblique de trébucher sur un obstacle – sont aussi ceux où l’Église suscite le plus grand intérêt. Ces moments où tous les regards se tournent vers nous : “tu es catholique, comment défends-tu cela ?”, nous devons apprendre à les saisir comme des occasions de communication. Notre message : entrainez-vous, formez-vous, et profitez de toutes ces confrontations qui sont autant d’occasions en or. Nos livres, notre formation et nos ateliers aident à cela.

En quelques mots, que répondre par exemple à ceux qui pensent que l’Église catholique est à l’origine de tous les maux de la planète ?
Je commencerais par leur demander d’expliquer ce qu’ils entendent par “les plus grands maux de la planète”, et pourquoi ils pensent que ce sont des maux. Ensuite, leur demander pour chaque mal la façon dont ils pensent que l’Église y a contribué. Toute accusation comporte un positionnement basé sur des valeurs que notre détracteur considère comme atteintes, et il est important d’identifier ces valeurs. Par exemple, lorsque quelqu’un affirme que l’opposition de l’Église aux préservatifs favorise le SIDA et le surpeuplement, ils défendent finalement la valeur de la vie, libérée de toute pauvreté. Quelques arguments simples suffisent à démontrer que ce sont des valeurs que l’Église défend plus que tout ! Une fois que l’on identifie celles qui sont en jeu, une véritable discussion sur le fond devient alors possible.

Pourriez-vous donner une astuce à nos lecteurs, le b.a-ba pour établir un dialogue respectueux et fructueux plutôt qu’une polémique stérile en toute circonstance ? 
Plus qu’une astuce, ce qui permet une rencontre dans le respect est un état d’esprit qui ne commence pas par “Comment puis-je défendre et protéger ma foi et mes arguments de la contagion ?” mais par “Quelles valeurs sont en jeu ici ?” Catholic Voices ne fournit pas des munitions pour la bataille, mais des outils pour combler le fossé entre la perception et la réalité. Un dialogue fécond est un dialogue qui permet aux deux parties d’incliner vers une vérité plus grande. Pour reprendre les belles métaphores du pape François, il s’agit de créer une culture de la rencontre, plutôt qu’une culture du déchet dans laquelle l’opinion de l’autre personne est bonne à jeter. Si notre projet permet cela, je suis heureux.

Propos recueillis par Arthur Herlin

Tags:
Vatican
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